Abasourdi, Carsten Spohr, le président de la Lufthansa, maison mère de Germanwings, ne s'expliquait pas, jeudi 26 mars, le geste d'Andreas Lubitz, le copilote de l'Airbus A320 qui a percuté le massif de l'Estrop, entre Digne-les-Bains et Barcelonnette mardi, causant la mort de 150 personnes. « Il paraît inimaginable qu'une telle tragédie puisse se produire dans notre entreprise. Nous sélectionnons avec le plus grand soin nos équipages », a expliqué le dirigeant.
En fin de matinée, Brice Robin, le procureur de la République à Marseille, a révélé qu'Andreas Lubitz a actionné volontairement les commandes de l'avion pour lui faire perdre de l'altitude, une action qui s'apparente « à une volonté de détruire l'avion », selon lui.
Agé de 28 ans, Andreas Lubitz avait deux résidences officielles : la maison familiale à Montabaur (Rhénanie-Palatinat), sa ville natale où vivent toujours ses parents, et un appartement à Düsseldorf, en Rhénanie-du-Nord-Westphalie. Les enquêteurs allemands ont débuté la perquisition jeudi soir des deux domiciles du copilote pour y trouver des « éléments personnels susceptibles d'éclairer les faits », a annoncé le parquet de Düsseldorf.
Le procureur de Marseille a ajouté n'avoir, à ce stade de l'enquête, « aucun élément qui milite en faveur d'un attentat terroriste ». Le ministre de l'intérieur allemand, Thomas de Maizière, a confirmé les informations du procureur français depuis Berlin : « Concernant le copilote, en l'état actuel des connaissances, après le recoupement des informations dont nous disposons sur lui en tant que personne, il n'y a pas de contexte terroriste. »
Six cent trente heures de vol
Andreas Lubitz était le moins expérimenté des deux pilotes de l'A320 de Germanwings. Il avait commencé sa formation en 2006, dans l'école de la Lufthansa à Brême. Le patron de la Lufthansa a annoncé toutefois que « le copilote a interrompu, il y a longtemps, sa formation, mais qu'il a réalisé ensuite tous les tests nécessaires, il y a six ans ». Il avait alors travaillé pour la compagnie en tant que steward, selon la Lufthansa.
Après une nouvelle formation de onze mois, un délai jugé « pas inhabituel » par Lufhansa, il avait commencé à piloter. Il était devenu premier officier en septembre 2013 chez Germanwings, et comptait 630 heures de vol sur l'A320. Il avait obtenu une certification à la FAA, (Federal Aviation Administration), l'autorité aéronautique américaine.
Selon les dirigeants de la Lufthansa, Andreas Lubitz avait passé avec succès pendant sa formation une série de tests psychologiques obligatoires. Selon le PDG, Andreas Lubitz avait « réussi tous les tests médicaux, tous les examens techniques et de contrôle, il était 100 % apte à piloter un avion. Ses capacités techniques étaient excellentes, sans exception ».
« Nous essayons de mettre l'accent sur la capacité psychologique de nos candidats à prendre les commandes d'un avion », a rappelé le patron de la compagnie aérienne.
« Aucun système au monde ne pourrait empêcher. (...) Quelles que soient les mesures de sécurité que vous pouvez avoir dans une société, quelle que soit la rigueur des procédures, rien ne pourrait empêcher un tel acte isolé. »
Andreas Lubitz avait appris à voler au LSC Westerwald, une association aéronautique locale de Montabaur, qui dispose d'un aérodrome. Il était devenu membre de l'association de vol à voile locale il y a 14 ans, puis avait passé son premier brevet de pilote. Il était sportif et avait plusieurs fois participé à des marathons, notamment celui de la Lufthansa.
Le site Internet du club de vol à voile a déploré sa mort dans un communiqué publié avant les révélations du procureur de la République de Marseille et précise qu'il était « membre depuis de longues années » de l'association. « Andreas est devenu membre du club pour accomplir son rêve de voler. Il a accompli son rêve, un rêve qu'il a payé chèrement, de sa vie. »
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