Québec solidaire veut rallier les progressistes déçus du PQ

Le parti entend se donner une plateforme crédible et montrer qu’il constitue une véritable solution de rechange

Pour une sordide question de gros sous, QS est prêt à diviser et à étouffer la nation

Fouetté par l’insatisfaction envers le gouvernement Marois, Québec solidaire voit grand pour le prochain scrutin et compte adopter une plateforme « crédible » dans l’espoir de rallier les électeurs progressistes déçus.
Après avoir envisagé l’an dernier une alliance avec le Parti québécois (PQ), la formation d’Amir Khadir et de Françoise David prend plus que jamais ses distances du parti au pouvoir. Le « dialogue » avec les formations souverainistes figure au menu du congrès de Québec solidaire, qui aura lieu le week-end prochain à Montréal. Mais les militants solidaires ont plus envie de dénoncer ce qu’ils appellent le « virage néolibéral » du PQ que de marcher main dans la main avec le gouvernement Marois.
« Disons que le Parti québécois multiplie les embûches à une possibilité d’entente avec Québec solidaire », dit la députée Françoise David, coporte-parole du parti, en entrevue avec Le Devoir.
« À un moment donné, il va falloir que le Parti québécois prenne ses responsabilités, dit-elle. À force de gouverner dans l’austérité et la rigueur budgétaire, dans l’atteinte à tout prix de l’équilibre d’ici un an, qu’est-ce qu’ils ont encore de social- démocrate ? »
Le cahier des résolutions du congrès de Québec solidaire, que Le Devoir a obtenu, affirme la volonté du parti de prendre un virage vers la crédibilité. Les hautes instances de Québec solidaire comptent dépeindre le parti comme une solution de rechange sérieuse au PQ, capable de former une opposition responsable et même d’aspirer au pouvoir. La jeune formation de gauche, fondée en 2006, aspire en tout cas à quitter le statut de tiers parti. Québec solidaire a fait élire deux députés (Amir Khadir et Françoise David) avec 6,03 % des voix aux élections de septembre 2012.

« Expérience et maturité »
Le parti a déjà été critiqué pour avoir mis en avant des propositions jugées utopistes et « déconnectées », comme « l’élimination complète de la publicité commerciale » dans l’espace public ou l’étatisation des médias. Cette fois, le mot d’ordre donné aux militants était tout simplement d’améliorer le programme du parti, indique Françoise David. « On a pris de l’expérience et de la maturité. On est enfin capables de parler de développement régional de façon plus structurée », dit-elle.
Les propositions qui seront débattues le week-end prochain tournent autour d’une dizaine de thèmes à saveur économique et sociale, comme le développement régional, l’enseignement supérieur, le transport en commun et la lutte contre l’évasion fiscale, notamment.
Québec solidaire croit que ce pari de la simplicité peut lui rapporter gros, compte tenu de l’impopularité du gouvernement Marois ; 65 % des électeurs sont insatisfaits du gouvernement péquiste et 69 % affirment que le Québec s’en va dans la mauvaise direction, selon le plus récent sondage Crop-La Presse.
Une analyse faite par l’exécutif de Québec solidaire dans la circonscription de Jean-Lesage, annexée au cahier du congrès du week-end prochain, dresse un bilan implacable du gouvernement Marois, du point de vue de la gauche : « culte du déficit zéro », coupes à l’aide sociale et dans les garderies, indexation des droits de scolarité, hausse des tarifs d’électricité, maintien de la contribution santé de 200 $, exploitation du pétrole souhaitée dans le golfe du Saint-Laurent, timidité dans la lutte pour l’indépendance du Québec…
Sur le front de la souveraineté, le gouvernement Marois fait valoir qu’il a les mains liées par son statut minoritaire à l’Assemblée nationale. Le sort réservé au projet de loi 14 sur le renforcement de la loi 101 - taillé en pièces par les partis de l’opposition - illustre aussi les difficultés d’agir sans majorité parlementaire.
Pas de pression pour dialoguer
Pour le reste, le Parti québécois assume ses décisions qui peuvent déplaire à des électeurs progressistes, mais qu’il juge responsables, voir essentielles, comme l’indexation des droits de scolarité ou le préjugé favorable envers l’exploitation du pétrole dans le Golfe, par exemple.
« Si les péquistes pensent que la meilleure façon de battre les libéraux est de faire des caquistes d’eux-mêmes, c’est leur problème ! », réplique Françoise David.
Toutes ces décisions font que la pression est « beaucoup moins forte » qu’au cours de la dernière année en vue de mener un dialogue avec le PQ, confirme André Frappier, président de Québec solidaire. L’exécutif de la circonscription de Crémazie, à Montréal, propose ainsi que « Québec solidaire rejette toute entente avec des partis qui appliquent une politique néolibérale. À cet effet, toute entente avec le PQ est exclue ».
Le dialogue avec Option nationale de Jean-Martin Aussant - comme avec tous les partis souverainistes, y compris le PQ - reste sur la table et sera débattu au congrès des 3, 4 et 5 mai, rappelle André Frappier.


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé

-->