Québécois ou canadien français : une question de frontière

Tribune libre

Il existe actuellement un débat sur les notions de québécois et de canadien français, sur ce qui est véhiculé par ces deux termes et sur lequel des deux termes serait le plus approprié pour désigner les québécois d’origine française. Certains préconisent le retour à l’appellation canadien français pour désigner les québécois d’origine française. D’autres associent le terme québécois à un nationalisme civique alors que le terme canadien français renverrait au nationalisme ethnique.
En ce qui me concerne, la différence entre ces deux termes ne tient qu’en un mot : frontière. Quelle sont les frontières du territoire que l’on reconnaît comme son pays. Si le pays dans lequel on vit est le Québec, alors on est québécois. Si on est francophone et que l’on considère le canada comme son pays, alors on est canadien français. Il est normal pour un peuple de prendre le nom du pays qu’il habite et qu’il reconnaît comme le sien.
Avant la création de la confédération Canadienne en 1867, il y avait les (anciens) canadiens et les anglais. Après la création de la confédération, tous les habitants du nouveau pays prennent logiquement le nom du nouveau pays et deviennent des canadiens (dépossédant du même coup les anciens canadiens de leur nom).
De la même façon, il est logique que les habitants du Québec (quelque soit leur origine) considérant le Québec comme leur pays prennent le nom de québécois. Pourquoi donc s’appelleraient-t-ils canadien français ou canadien? Il n’est à mon sens aucunement question ici de culture, d’origine ou d’appartenance ethnique. Ceux qui s’appelaient canadiens français et qui s’appellent aujourd’hui québécois sont les mêmes. Ils parlent la même langue, ont la même culture et la même histoire.
Bref, c’est le même peuple. Mais puisque ce peuple s’inscrit dans de nouvelles frontières, celles du Québec, son nom a changé pour refléter la réalité de ces nouvelles frontières. Comme l’a dit un québécois dans un célèbre et magnifique discours, «le Québec… est notre seul pays».
Quant au fait qu’une partie des québécois ne partageraient pas la même culture et la même histoire que les québécois de souche française et, partant, ne formeraient pas un ensemble aussi homogène que les canadiens français, tout ceci, à mon avis, est un mythe. L’immigration n’est pas nouvelle au Québec et les canadiens français n’étaient pas plus un peuple ethniquement ou culturellement pur que ne le sont les québécois aujourd’hui. De nombreux immigrants sont venus se greffer à la société canadienne française depuis la conquêtes (irlandais, allemand, européen de l’est, italiens, portugais, grecs, …) et il n’y pas de différence avec ce qui se passe aujourd’hui au Québec sauf pour l’origine de l’immigration.
Les changements de société (multiculturalisme, dissolution du lien nationale, etc…) ne sont pas propre au Québec et ont cours dans toutes les sociétés occidentales. S’appeler québécois ou canadien français n’y aurait rien changé. Il n’y a pas de discontinuité culturelle entre le Québec province des canadiens français et le Québec pays des québécois. Il y a seulement un changement de frontières et le changement de nom d’une nation pour refléter les nouvelles frontières à l’intérieur desquelles s’inscrit dorénavant le destin de cette nation.
Y. Jacques


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4 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    4 décembre 2011

    Bonjour monsieur,
    Comme il arrive souvent, votre argumentation est fondé sur trois fausses prémisses quand vous dites «Il est normal pour un peuple de prendre le nom du pays qu’il habite et qu’il reconnaît comme le sien.», «Si le pays dans lequel on vit est le Québec, alors on est québécois.» et «De la même façon, il est logique que les habitants du Québec (quelque soit leur origine) considérant le Québec comme leur pays prennent le nom de québécois.».
    D’une part, beaucoup de peuples n’ont jamais pris le nom du pays qu’il habite. Il suffit de penser aux Romains qui ont pris le nom de leur capitale ou les Américains qui ont pris leur nom du continent. D’autre part, le Québec n’est pas un pays. Finalement, le mot Québécois est antérieur à la conquête donc il n’est pas issu de mouvement national des années 60. Le mot Québécois était utilisé même avant la conquête de 1759.
    Il est clair que la libération nationale concerne la libération d’un peuple de langue française et ceci concerne bien plus que les gens habitants la province canadienne du Québec. Inévitablement, si le Québec devient un pays, il sera alors juste de parler de nation québécoise et que la langue française sera celle de tous ses citoyens. D’ici là, évitons de discourir sur les sens des mots que l’on doit attribuer à ce mouvement de libération et d’exclure ceux qui en font partie sur cette base.

  • Yann Jacques Répondre

    3 avril 2011

    M. Bousquet,
    Ne vous méprenez pas sur mes paroles. J'ai bien écrit «il est logique que les habitants du Québec (quelque soit leur origine) considérant le Québec comme leur pays prennent le nom de québécois». Connaissez-vous beaucoups d'anglophones ne parlant pas un mot de français considérant le Québec comme leur pays? A ce propos, il est intéréssant de faire le parallèle avec l'article proposé par M. Jean :
    «Qu'est-ce que les Canadiens? Généalogiquement,
    ce sont ceux dont les ancêtres habitoient
    le pays avant 1759 [...]; politiquement, les
    Canadiens sont tous ceux qui font cause commune
    avec les habitans du pays...»
    Je le comprends comme «tous ceux qui font société commune avec les Canadien...» et je pense que cette définition doit encore s'appliquer dans le Québec d'aujourd'hui.
    A mon avis, un individu ou une communauté appartient à la nation dont il ou elle reconnait les symboles nationaux comme les siens. La langue, la culture, les institutions, le drapeaux, etc... Il me semble évident (mais peut être que je me trompe) que les anglophones unilingues du québec partagent peu de ces choses avec les québécois et vivent essentiellement à l'heure du Canada anglais et non du Québec et qu'ils forment une minorité nationale canadienne anglaise au Québec. Mais ici encore ce n'est pas propre au Québec. Il existe de telles minorités nationales dans de nombreux pays (minorité suédoise en Finlande, minorités française et allemande en Italie, etc...). Si je ne me trompe, les premières nations sont également des minorités nationales reconnues.
    Y. Jacques

  • Archives de Vigile Répondre

    3 avril 2011

    M. Jacques, les Canadiens-français n’incluent que les francophones ou d'expression française, avec les Canadiens-français du ROC mais les Québécois actuels incluent tous les habitants du Québec, même ceux qui n'ont jamais dit un mot de français. C’est ça qui chicote un peu. Nous nous retrouvons ainsi être membre de la même nationalité qu’un Anglophone de Westmount. Allô !

  • Archives de Vigile Répondre

    3 avril 2011

    Depuis l'époque de la Nouvelle-France,
    les Québécois ont défini leur identité en
    fonction de facteurs sociaux et historiques ayant
    façonné leur destinée collective. Depuis quatre
    siècles, ce questionnement identitaire a évolué,
    tantôt dans une relative sérénité, tantôt dans la
    turbulence. Les historiens et les sociologues en
    ont d'ailleurs abondamment traité. Cet objet
    d'étude est également un terreau fertile pour les
    linguistes : il est révélateur de constater qu'il y a
    eu quantité d'appellations pour désigner les francophones
    du Québec depuis le début de la colonie
    (Canadiens, Bas-Canadiens, Canadiens français,
    Canayens, Québécois). L'étude de ces dénominations
    ethniques en fonction de paramètres linguistiques
    (date d'apparition, vitalité, connotations,
    etc.) peut livrer de précieux indices sur l'évolution
    de l'identité à travers le temps. Ainsi, le passage
    d'une appellation à une autre s'explique par des
    mutations, fines et subtiles, sur le plan des idées
    et des mentalités.
    Pour en savoir plus consulter le lien suivant:
    http://www.erudit.org/culture/cd1035538/cd1044555/6833ac.pdf
    Bonne lecture et découverte!