Dans deux récentes chroniques parues dans la Presse, Alain Dubuc et Yves Boisvert mènent une charge en faveur d’une hausse des droits universitaires. Leurs arguments :
« on continue au Québec à faire payer à l'étudiant en médecine, qui paie 14% du coût de sa formation, le même tarif que l'étudiant en lettres, qui en paie 42%. Les perspectives de revenu sont de l'ordre du 10 pour 1 pour le reste de leur vie. Mais qu'importe: vive l'équité! » (Yves Boisvert)
« Le système actuel n'est pas juste. Les jeunes de milieux moins favorisés sont sous représentés. Ceux qui sont issus des 20% des familles les plus pauvres ne comptent que pour 4% de la clientèle universitaire. » (Alain Dubuc)
Yves Boisvert oublie un détail majeur : l’impôt sur le revenu. En effet, les universités sont largement financées par l’impôt sur le revenu et chacun sait que les hauts revenus sont les plus gros contributeurs de cet impôt. Par conséquent, si Yves Boisvert pense que les familles moyennes et aisées ne contribuent pas suffisamment au financement des universités, la solution est extrêmement simple : augmenter l’impôt sur le revenu. Puisque les universités profitent majoritairement aux familles moyennes et aisées et puisque ce sont ces familles qui paient l’essentiel de l’impôt sur le revenu, alors l’inéquité dénoncée par M. Boisvert est résolue. Et de la façon la plus simple qui soit. Cet argument invalide également les propositions visant à moduler les droits universitaires en fonctions des cursus. Yves Boisvert note fort justement que le médecin gagnera 10 fois plus que le littéraire. Il en oublie le corollaire : le médecin, au cours des 40 ans d'exercice de sa profession, contribuera beaucoup plus à l’impôt sur le revenu et donc au financement des université que le littéraire. Ou est l’inéquité?
La deuxième solution pour augmenter le financement des universités, celle préconisée par Alain Dubuc et Yves Boisvert, est d’augmenter les droits universitaires. Pour les classes moyennes et aisées, cela ne fait pas de différence. Cela ne restreindra pas leur accès à l’université mais elle devront, comme dans la première solution, augmenter leur contribution au financement des universités (sous la forme de droits majorés plutôt que d’une augmentation de l’impôt sur le revenu). Par contre, pour les familles à revenu modeste, la conséquence n’est plus du tout la même. Dans le cas d’une augmentation de l’impôt sur le revenu, elle seront peu ou pas affectées. Dans le cas d’une augmentation des droits universitaires, elles seront largement affectées, dans des proportions bien plus importantes que les familles moyennes ou aisées. Alain Dubuc note avec justesse que les pauvres comptent pour seulement 4% des effectifs universitaires. Sa solution : faire tomber ce chiffre à 0%.
Quoiqu’en disent Alain Dubuc et Yves Boisvert, il existe un système de financement des services publiques efficace, simple (ça va souvent de pair) et équitable : l’impôt sur le revenu. Chacun finance les services publique en fonction des ses revenus et tout le monde jouit d’une égalité d’accès à ces services. Ça ne s’appelle pas un dogme, mais un principe. L’ultralibéralisme, en revanche, est un dogme.
Yann Jacques
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
9 commentaires
Archives de Vigile Répondre
10 décembre 2010Le problème avec les universités québécoises relève davantage de la gestion que du financement.
Archives de Vigile Répondre
9 décembre 2010Le crédit d'impôt aux droits de scolarité, introduit par le Parti québécois en 1998, coûte 430 millions de dollars en revenus perdus à l'État.
Archives de Vigile Répondre
9 décembre 2010Lorsqu'il s'agit de nous faire payer, nos « taxeux » nous renvoie toujours à la « moyenne canadienne ». Mais lorsqu'il s'agit de nos salaires, on nous répond que le coût de la vie n'est pas le même d'une ville à l'autre au Canada comme défaite pour ne pas augmenter les salaires selon la « moyenne canadienne ».
Pourquoi augmenter et endetter davantage les étudiants dont les futurs salaires seront toujours inférieurs à la « moyenne canadienne »? Faut-il ajouter qu'au Québec le coût de la vie est toujours le plus bas.
Vous remarquerez aussi qu'on nous sert toujours la même vieille histoire récurrente de l'augmentation de la qualité de l'éducation comme prétexte pour augmenter les frais de scolarité. Pourtant, cette qualité de l'éducation est loin d'être mauvaise.
Je pense que les universités ont des comptes à rendre sur leur gestion. D'ailleurs, on se rappellera du gigantesque fiasco de 200 M$ de l'UQAM dans l'îlot Voyageur. De plus, les universités ont fait grimpé leurs dépenses dans le béton de 26% à 45% en moins de 20 ans. Pas surprenant qu'elles soient déficitaires.
Alors, qu'ils fichent la paix aux étudiants avec leurs augmentations de frais de scolarité.
Archives de Vigile Répondre
9 décembre 2010Je suis d'accord avec vous pour les taxes. Je ne comprends d'ailleurs pas pourquoi on n'a pas encore récupéré les deux points de TPS abandonnées par le Canada. Mais mon propos n'était pas de comparer les avantages de l'impôt sur le revenu et de la taxe sur la consommation mais de dénoncer la campagne actuelle pour l'augmentation des droits universitaires et les arguments fumeux qui vont avec.
Quel que soit le niveau des droits universitaires, ce sont de toute façon les classe moyenne et aisée qui financent l'université. La seul différence entre des droits universitaires faibles et élevés :
dans le premier cas, les classe moyenne et aisée financent l'université mais tout le monde peut fréquenter l'université (riches et pauvres).
dans le second cas, les classe moyenne et aisée financent l'université et seules ces dernières peuvent fréquenter l'université. Exit les plus pauvres.
Pierre Gouin Répondre
9 décembre 2010Monsieur Tellier affirme que pour augmenter les revenus du Québec,rien de mieux que d’augmenter les taxes à la consommation. Cela ressemble à un dogme. Les taxes à la consommation ont leurs avantages mais les impôts sur le revenu ont aussi leurs raisons d'être. Les gens à revenus élevés consomment une plus faible part de leurs revenus, ils épargnent et investissent, et ils dépensent plus à l'étranger, sans payer de TVQ. Il faut un équilibre entre les deux modes de taxation. On pourrait aussi réévaluer le taux de taxation sur les hauts revenus sans être accusé de faire fuir les riches. Le système public québécois a contribué et contribue toujours de façon importante au succès de nos professionnels, de nos entrepreneurs et autres gens à revenus élevés. Au cours des dix dernières années on a abaissé les taux d'imposition sans en avoir les moyens, sur la base d'un autre dogme ultralibéral.
Archives de Vigile Répondre
9 décembre 2010Avant de fouiller dans les poches des étudiants universitaires, il serait bon de questionner ou de résoudre certains dossiers tels : le gaspillage de fonds publics, l’élection de gouvernement au service des grandes entreprises et autres amis plutôt qu’au service du peuple, la fiscalité, l’argent perdu dans les paradis fiscaux, le quasi don de nos richesses naturelles à des compagnies étrangères, absence de redevances sur nos ressources naturelles, le développement d’entreprises québécoises pour que l’argent reste ici et bénéficie aux québécois(ex. les eoliennes, l’auto électrique), etc, etc.
Comment peut-on minimalement être maître chez-nous avec un gouvernement soumis à la domination d’un autre gouvernement, qui n’a pas les mêmes intérêts, la même vision du monde et qui de toute évidence (voir Commission Gomery, la réduction du poid du Québec aux Communes, etc) fait tout pour combattre les désirs d’émancipation des Québécois et leur assimilation progressive dans le grand ensemble Canadian ? Ça aussi, il est primordial de le régler, de même qu’il est temps que le mode électoral soit modifié pour un plus grand respect des électeurs, pour que chaque vote puisse compter, peu importe la région où ils habitent, ce même si je sais que la formule pour y répondre ne semble pas évidente.
Archives de Vigile Répondre
9 décembre 2010Vous avez raison M. Tellier. Il faut augmenter les taxes. En Suède, par exemple, les taxes sont à 25% sur tout, sauf sur par exemple l'épicerie, qui est à 12%. Et ça ne touche pas les plus démunis parce que de toute façon ils n'achète pas beaucoup ou encore ils ne paie pas d'impôt.
Archives de Vigile Répondre
9 décembre 2010Excellent Monsieur Jacques!
Non aux hausses des frais de scolarité et oui à la gratuité scolaire
http://ecoeurement.com/2010/12/08/non-aux-hausses-des-frais-de-scolarite-et-oui-a-la-gratuite-scolaire/
Archives de Vigile Répondre
9 décembre 2010Pour augmenter les revenus du Québec,rien de mieux que d’augmenter les taxes à la consommation.Pas les impôts sur les revenus.