Rebâtir la mémoire collective

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De l'urgence de refaire corps avec notre histoire





Une nation à la mémoire mutilée ne sera pas capable de fonder ses aspirations collectives. C'est triste à dire mais c'est ainsi. Un peuple sans mémoire est de moins en moins un peuple. Ces affirmations devraient aller de soi mais elles vont de moins en moins de soi. Nos sociétés vivent dans un présent perpétuel un peu aliénant, qui les amène à envisager les enjeux qu’elles rencontrent sans profondeur historique. Ils deviennent conséquemment inintelligibles. On les transforme ainsi en problèmes techniques que devraient résoudre des technocrates sans culture ou des juristes à l’esprit trop souvent asséché. La cité se vide de sens, d’ailleurs, lorsqu’on l’arrache à son expérience historique. Plus la mémoire se disside et plus la démocratie se condamne à un terrible appauvrissement existentiel.


Mais comment se souvenir? De quelle manière un peuple peut-il entretenir sa conscience historique? Évidemment, l’enseignement de l’histoire joue un grand rôle – ou devrait jouer un grand rôle, à tout le moins. Mais il ne saurait suffire, d'autant qu'on l'a déformé depuis quelques années en le soumettant à une fâcheuse logique pénitentielle. L’histoire est sollicitée pour nommer les rues, les monuments, les lieux. Nommer son territoire en puisant dans la mémoire, c’est une manière d’enraciner la collectivité et de cohabiter au moins un peu avec ses ancêtres. C’est normalement le rôle d’une politique de commémoration. Elle permet ce qu’on appellera une gestion publique de la mémoire. Quelle grande figure de notre histoire devons-nous commémorer? Quels sont les grands anniversaires cette année? Quels symboles privilégier dans la mise en scène de la mémoire commune? Quelles sont les règles pour encadrer les funérailles d’État?


Jeudi, vendredi et samedi prochain, à Montréal, se tiendront les États-généraux de la commémoration, auquel j’aurai le bonheur de participer, à la fois comme conférencier et comme animateur d’une table-ronde. L’événement rassemblera des experts et des acteurs de la société civile qui contribuent d’une manière ou d’une autre à cette réflexion sur les usages publics de la mémoire. Ils se demanderont aussi dans quelle mesure il est possible ou nécessaire de mettre en place une politique de commémoration qui nous sortirait de l’actuel anarchie commémorative. En un mot, le Québec qui aime dire qu’il se souvient peut-il retrouver la mémoire? On trouvera les détails de l’événement ici.




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