Un consultant expert en partenariats public-privé (PPP) recherché par l'Unité permanente anticorruption (UPAC) pour avoir orchestré le versement de pots-de-vin entourant la construction du superhôpital anglophone de Montréal vient d'être suspendu de son poste en Angleterre, où il pilotait un projet d'hôpital privé controversé.
L'UPAC avait obtenu la semaine dernière un mandat d'arrêt contre St. Clair Armitage, 56 ans, qui se trouverait actuellement au Royaume-Uni. Armitage avait été recruté à grands frais en 2007 par l'ancien patron du Centre universitaire de santé McGill (CUSM), Arthur Porter.
La construction d'un hôpital en PPP était alors un concept nouveau au Québec. Armitage, ancien commandant de la Royal Navy qui avait piloté plusieurs projets similaires au Royaume-Uni, devait gérer le processus de planification et d'appels d'offres ainsi que les négociations avec l'entreprise privée.
Pots-de-vin
Les enquêteurs de l'UPAC croient qu'il aurait ensuite aidé à orchestrer le versement de 22,5 millions de dollars en pots-de-vin par des dirigeants de SNC-Lavalin qui souhaitaient remporter le contrat.
Armitage a quitté le Québec après l'attribution du contrat à SNC-Lavalin, en 2010. Il est devenu directeur de l'hôpital Addenbrooke, à Cambridge, une ville universitaire à 80 km au nord de Londres.
L'an dernier, il a quitté la direction de l'établissement pour devenir gestionnaire d'un consortium entre l'hôpital et une entreprise de construction privée locale pour l'érection d'un grand complexe évalué à 120 millions de livres sterling sur les terrains de l'hôpital. Armitage était présent au conseil municipal de Cambridge la semaine dernière, lorsque le projet controversé a finalement reçu l'aval des élus.
Le plan est de bâtir un hôpital privé, un hôtel de luxe et un centre de congrès à côté de l'hôpital public. Les partisans du projet vantent les redevances qu'il apportera au système de santé public britannique, mais des opposants craignent que les services publics soient laissés pour compte à Cambridge après la fin des travaux.
Suspendu de ses fonctions
Samedi, la direction de l'hôpital Addenbrooke a confirmé au quotidien Cambridge News qu'Armitage avait été suspendu de ses fonctions de gestionnaire du projet.
Dans une déclaration transmise à La Presse, l'hôpital prend soin de préciser qu'Arrimage est un consultant indépendant engagé par le consortium public-privé et non un employé d'Addenbrooke. «Nous ne pouvons commenter davantage à ce stade en raison des enjeux judiciaires. Nous allons coopérer pleinement avec toute enquête», ajoute l'hôpital.
Armitage ne s'est pas manifesté publiquement depuis que le mandat d'arrêt a été délivré.
Il ne peut quitter le Royaume-Uni, car l'UPAC a lancé une notice rouge par l'entremise de l'Organisation internationale de police criminelle (Interpol).
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