Les enquêtes de l'Unité permanente anticorruption (UPAC) sur le financement du Parti libéral du Québec (PLQ) laissent croire aux policiers que le magnat du béton Marc Bibeau «suivait les dons» des grandes entreprises et qu'il aurait amassé lui-même, en une seule journée, les mystérieux 428 000 $ dont le parti ne retrouve pas la trace.
C'est ce qui ressort d'une nouvelle déclaration assermentée rédigée par un enquêteur pour obtenir un mandat de perquisition à l'entreprise Shockbéton, propriété de la famille Bibeau, l'automne dernier. Un juge vient d'en autoriser la publication à la demande de plusieurs médias, dont La Presse. La déclaration ne contient que des allégations qui n'ont pas été testées en cour. Personne n'est accusé pour l'instant dans cette affaire.
Dans une lettre envoyée par son avocat, Marc Bibeau a vigoureusement nié être mêlé à la moindre malversation en matière de financement. « Marc Bibeau sollicitait des dons auprès d'individus dans son réseau d'affaires de la grande région de Montréal. Il n'a jamais sollicité de dons auprès d'entreprises, par l'entremise de prête-noms ou autrement », dit-il.
Il nie aussi la possibilité même qu'une activité unique ait pu rapporter 428 000 $ au PLQ, et objecte que le montant représente probablement « le cumul d'un ensemble de dons personnels au PLQ au cours d'une période de plusieurs mois, lesquels auraient dû être comptabilisés individuellement dans ses livres, selon la loi ».
Mais la police, elle, s'appuie sur plusieurs témoignages qui lui laissent entendre que Marc Bibeau, administrateur de Shockbéton et de Power Corporation, est « le grand argentier du PLQ, un stratège », voir « le responsable du financement du PLQ » et qu'il « suivait les donations des grandes entreprises ».
Plutôt que d'être comptabilisées dans l'une des 125 circonscriptions électorales, « les dons de ces entreprises sont répertoriés dans le comté 127 ou encore financement sectoriel », explique l'UPAC dans ses documents.
Au Québec, la loi interdit à une entreprise de contribuer à une caisse électorale, directement ou pas l'entremise de prête-noms.
La police dit avoir saisi des documents à la permanence du Parti libéral qui mentionnent 20 activités dans ce « comté 127 » virtuel qui auraient cumulé 700 000 $. Une ligne dans les documents indique que « M.B. » en aurait amassé « 428 150 $ » pour une seule activité. La police dit se douter que ces initiales sont pour Marc Bibeau.
Les relevés d'appels téléphoniques saisis par l'UPAC démontrent aussi que Marc Bibeau, qui n'était pas salarié du PLQ, a parlé au téléphone environ 300 fois avec Violette Trépanier, la directrice du financement et du recrutement du parti, en l'espace de 13 mois.
La demande de mandat de perquisition chez Shockbéton précise que la police croit qu'une perquisition permettra « de mettre en lien le sujet visé et ses contacts (civils ou politiques) et servira à démontrer son implication à l'égard des articles : corruption de fonctionnaire, fraude envers le gouvernement, entrepreneur qui souscrit à une caisse électorale, abus de confiance, fraude et complot ».
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