S'unir dans une action radicalement démocratique

Lettre ouverte à Pauline Marois, François Legault et Claude Morin

PQ - XVIe congrès avril 2011



Lettre ouverte à Pauline Marois, François Legault et Claude Morin - Vous avez chacune et chacun cette année déposé dans l'espace public politique québécois votre conception de ce que devrait être à court et moyen terme le destin politique de ce peuple souverain du Québec que nous sommes.
Madame Marois, la première, en juin 2010, engageant le Parti québécois sur la voix d'un programme de gouvernance de l'État qui table sur la souveraineté à la carte, de manière sectorielle. Le tout s'ouvrant sur un débat à poursuivre jusqu'à la réunion au printemps 2011 du Congrès national du PQ qui aura pour mission de décider ce qui doit ou pas être partie du prochain programme électoral du PQ. Il est heureux, mais fortuit, qu'entretemps des élections précipitées n'aient pas fait capoter cette démarche.
M. Legault récemment, en octobre, malgré lui ou par lui, a engagé un mouvement transpartisan de droite connu pour l'instant comme Force Québec dans toute autre chose, à savoir l'évacuation de la question nationale à laquelle participeraient autant des fédéralistes que des souverainistes. Que les fédéralistes abondent, c'est normal, que des souverainistes le fassent... Comme si cela pouvait être concrètement le fait d'une décision, évacuer la souveraineté du peuple de la démocratie dans laquelle nous vivons !?
Quant à lui, M. Claude Morin a fermé la marche, le 15 octobre, en publiant dans Vigile un texte intitulé Continuer autrement. Il critique avec raison vos deux choix politiques initiaux, non sans proposer «continuer» la lutte en endossant toujours l'éternelle quête d'une reconnaissance qui ne pourrait venir que de l'actuel État du Canada qui n'a jamais lui, rien quêté auprès de nous en matière d'État et qui s'est bien passé de notre avis. Il a toujours ignoré le fait qu'il n'a jamais été, qu'il n'est toujours pas reconnu par le peuple souverain du Québec. Ce n'est pas ce qu'on pourrait qualifier d'autrement continuer la lutte.
Les seules démarche possibles ?
Ces trois démarches seraient les seules qui s'offrent à nous pour peu qu'on soit nationaliste? Vraiment!?
La première quémande de manière sectorielle, la deuxième évacue toute la question, une dernière quémande de manière globale une reconnaissance qui ne vient pas, en tablant sur le fait qu'elle ne vienne pas pour créer les conditions gagnantes... qui ne viennent pas. Toutes nient la primauté de la souveraineté du peuple que nous sommes aussi concrètement que ne la nie l'État actuel du Canada qui s'impose sans jamais avoir obtenu le Oui des Québécois,es, et cela devrait être tenu pour un fait que nous ne pourrions contredire autrement que par la fondation d'un État souverain du Québec, indépendant de tout autre. Vraiment?
Comme nous ne pouvons nous entendre pour le fonder cet État, ne resterait qu'à soit continuer à quémander de manière globale ou sectorielle cependant qu'on est aux prises avec des problèmes qui n'ont de solution que dans la maîtrise de toutes nos ressources, soit nous mettre la tête dans le sable en espérant construire des jours meilleurs dans une telle et situation d'aveuglement. Comment s'étonner que nous soyons découragés de la classe politique?
Le Canada ne passe pas au Québec. Il ne parvient pas à obtenir le Oui des Québécois et des Québécoises.
Et il faudrait faire comme s'il l'avait obtenu ce Oui, sur la base obscure d'un Non à la souveraineté de l'État du Québec, sous prétexte que les partisans de cet État illégitime canadianisateurs s'abstiennent de le demander clairement»? Vraiment !?
C'est là la seule chose que vous avez à proposer aux Québécois et Québécoises? Vraiment!?
L'union de toutes nos forces
Une chose essentielle vous réunit cependant, vous nous dites que vous prenez le parti d'un peuple souverain qui aurait avantage à être «maître chez lui», qui non seulement souhaite et peut le fonder cet État souverain, mais qui trouve viable s'il était fondé. Ce n'est pas rien. Nous avons bien avancé. La stagnation serait obligée? Vraiment!?
En vertu de quoi donc seriez-vous légitimé de procéder à la fondation d'un tel État souverain, sinon la primauté effective de la souveraineté du peuple que déjà nous sommes sur notre territoire national du Québec? Or, si ce peuple répugne à dire Oui, comme vous le supposez, pourquoi nier cette primauté de la souveraineté du peuple en attendant? Pourquoi la nier en faisant comme si elle ne pouvait avoir d'effet, quel que soit l'État qui nous gouverne?
N'a-t-il pas droit, ce peuple souverain, de jouir effectivement et maintenant de sa souveraineté en attendant cet avènement? Comment peut-il en jouir si vous acceptez qu'il vive dans un État qui nie cette primauté démocratique?
Un État contesté, qui n'est pas reconnu par le peuple souverain que nous sommes, ne peut s'imposer indéfiniment par la force d'inertie qui le maintient artificiellement en vie et que vous ne manquez pas de légitimer par vos choix politiques inconséquents. Si les partisans canadianisateurs se contentent d'ignorer la parole de ce peuple qui majoritairement le rejette, d'ignorer la parole de l'Assemblée nationale qui a refusé d'adhérer à tel État unilatéral, comment pourriez-vous, vous et les fédéralistes-rénovateurs et autres autonomistes, plus longtemps participer à ce clair négationnisme démocratique.
Si nous ne pouvons pas nous entendre sur ce que nous voulons, nous pouvons nous entendre sur ce que nous ne voulons pas. Ce qui est aussi l'expression de la volonté de ce peuple.
Ce peuple ne veut pas de l'État actuel du Canada. Il répudie sa désincarnée Couronne canado-britannique contrôlée par Bay Street via le Parlement d'Ottawa sur lequel ce peuple n'a pas de prise, mais qui pourtant s'impose de force et d'autorité impériale illégitime sur son territoire national du Québec.
L'Assemblée nationale doit faire plus que simplement refuser d'adhérer au Canada illégitime actuel, puisque ce refus est sans effets. La députation du peuple souverain du Québec et l'Assemblée nationale doivent invalider un tel État et appeler le peuple à se prononcer à cet égard, sans délais, sans attentisme, dans autres négociations.
Cessez de vous distinguer sur l'accessoire
Non seulement vous participez à la claire négation de la souveraineté du peuple que nous sommes, mais pire, vous participez à sa division, tout affairés que vous êtes à vous distinguer sur l'accessoire, pour ne pas aller à l'essentiel. L'État actuel illégitime du Canada à la démocratie tronquée au sommet, nie la primauté démocratique de la souveraineté du peuple du Québec et cela devrait être passé sous silence, ou carrément accepté, indéfiniment, sous prétexte que ce peuple hésite ou ne parvient pas à faire confiance à une mouvance souverainiste aussi divisée ?
C'est tout ce que vous avez à nous proposer, la division, évacuer le problème, ou le pelleter par en avant en quémandant sans cesse à un État illégitime une reconnaissance qui ne vient pas ? Alors que c'est cet État même qui devrait plutôt quémander sa reconnaissance, pas le contraire.
Nous pouvons faire l'union de nos forces, ce peuple n'attend que ça, et les canadianisateurs ne redoutent que ça. Il n'en tient pas qu'à vous, mais si vous décidiez de donner la parole au peuple, en lieu et place de la lui voler, ou de l'ignorer ou voiler, nous pourrions avancer, en lieu et place de l'actuelle et si déprimante stagnation dont profitent tant les opportunistes électoralistes qui vous entourent. Ce qui ne manque pas de faire l'affaire de la ploutocratie d'affaires multinationalisée qui table sur l'affrontement des partisans des États du Canada et du Québec pour les affaiblir tous les deux. Et qui trinque? La démocratie, et les peuples souverains du Québec et du Canada. Cela vous agrée semble-t-il.
La primauté effective de la démocratique souveraineté du peuple
Ce que le Collectif citoyen du 5 mai a mis de l'avant le 20 mai dernier. Ce que ce Collectif engage encore aujourd'hui, ce 16 octobre 2010 en publiant dans [jesignequebec.com->www.jesignequebec.com] ce jour anniversaire de l'imposition liberticide de la Loi des mesures de guerre, le titre suivant qui prend parti clairement pour votre endossement d'un Programme commun d'État digne de ce nom en sus des concurrents et électoralistes Programmes de gouvernance de l'État que vous mettez de l'avant: «PHASE 2 - de l'Appel citoyen à l'union de nos forces | 16 octobre 2010»
Merci d'en prendre connaissance et merci de gouverner vos programmes politiques en fonction de la primauté effective de la démocratique souveraineté du peuple qui permet de vous élire, mais qui tronque sa suprématie dans un État à la démocratie tronquée au sommet.
À son sommet, ce n'est pas le peuple souverain qui trône, mais bien une factice Couronne créée de toutes pièces par Pierre Elliott Trudeau qui ne pouvait fonder une République puisque celle-là ne pouvait être fondée que par les peuples souverains du Canada et du Québec. Comme il ne pouvait obtenir le Oui du peuple souverain du Québec, il n'a pas eu d'autres choix pour passer à l'Histoire en rapatriant unilatéralement la Constitution du Canada.
Il est passé à l'Histoire. Vous passerez vous aussi à l'Histoire, soit en permettant à ce peuple de vivre maintenant en démocratie, peu importe l'État qui le gouverne, soit en contribuant au fait qu'il en soit clairement maintenant incapable. Votre incapacité à faire l'union de vos forces aura fait foi de cette incapacité de tout un peuple que vous dites vouloir représenter et gouverner à nobles et bons droits.
Or, dans ce présent et avenir prévisible qui est le nôtre, l'État actuel du Canada qui gouverne ce peuple souverain, nie la primauté démocratique de la souveraineté du peuple, soit en évacuant la question, soit en légitimant indirectement sa loi en quémandant qu'elle soit changée par cet État qui aurait le droit d'en convenir à sa convenance.
Vous, vous nous proposez de faire comme si la légalité de cet État illégitime était légitime. Elle ne le sera que le jour où le peuple souverain du Québec aura dit Oui à sa Constitution ou à la Constitution primordiale de la République démocratique du peuple souverain du Québec. Pas avant.
Il serait temps que l'espace public politique québécois permette à ce peuple de disposer par delà ce qui vous sépare, d'une option qui fasse, sur la primauté de sa souveraineté démocratique, l'union de ses forces capables d'invalider un État négationniste d'un autre âge. Vous êtes aux premières loges pour ce faire. À vous de voir comment vous voulez passer à l'Histoire, comme Trudeau, ou comme vous pourriez être, son exact contraire, avides non pas d'une gloire éphémère, mais avide de donner vraiment et clairement la parole à ce peuple qui n'espère que ça depuis la Conquête, vivre dans un État qui émane nommément de ses voix libres et souveraines.
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Luc Archambault, peintre, sculpteur, céramiste et... citoyen


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