Se coller à Israël

Droits et Démocratie - KAIROS - Développement et Paix



Au début de novembre, la Coalition interparlementaire de lutte contre l'antisémitisme (CILA) — un groupe de parlementaires et d'experts de plus de 40 pays — s'est réunie au Canada grâce au soutien financier du gouvernement Harper. Pendant trois jours, les participants «ont analysé des données et s'échangeaient des pratiques exemplaires pour en savoir plus sur les moyens les plus efficaces de combattre l'antisémitisme partout dans le monde», selon le communiqué de presse de ce groupe. Au terme de leur réunion, ils ont annoncé la ratification du «protocole d'Ottawa».
Selon le compte rendu du National Post, «Irwin Cotler, président de la Coalition internationale et célèbre militant pour les droits de la personne, a dit lors d'une conférence de presse que le protocole innove. Pour la première fois, il précise de manière détaillée ce qui constitue l'antisémitisme et avance par écrit ce que le groupe considère comme la distinction entre l'antisémitisme et les critiques légitimes à l'endroit d'Israël».
Si j'avais été présent à cette conférence de presse (j'ai d'ailleurs écrit ce même jour sur mon blogue du Globe and Mail), j'aurais posé deux questions à M. Cotler, ancien procureur général et ministre de la Justice du Canada: est-ce que critiquer la construction par Israël de logements à Jérusalem-Est constitue de l'antisémitisme? Et quelle est votre position sur ces constructions à Jérusalem-Est?
J'aurais posé ces questions à M. Cotler — l'actuel député libéral de Mont-Royal —, car tandis que le groupe se réunissait à Ottawa, des échanges tendus se déroulaient au plus haut niveau entre Israël et les États-Unis à propos de ces constructions. J'aurais aussi posé ces questions en me remémorant un incident qui s'est produit lorsque j'étais ambassadeur du Canada en Israël et que M. Cotler était professeur de droit à l'Université McGill.
À cette époque, M. Cotler dirigeait un programme grâce auquel on emmenait périodiquement des juges de la Cour suprême du Canada en Israël dans le but de rencontrer leurs homologues judiciaires. Ce programme bénéficiait de l'appui du gouvernement du Canada.
L'incident auquel je fais référence impliquait Antonio Lamer, qui, à titre de juge en chef de la Cour suprême, était numéro trois au tableau des titres d'importance au Canada.
Lorsque j'ai appris que le juge Lamer devait être escorté par les autorités israéliennes lors d'une visite à Jérusalem-Est, j'ai tenté de joindre la direction politique du ministère des Affaires étrangères à Ottawa. J'avais alors été informé que ce n'était pas la première fois que les Israéliens tentaient une telle manoeuvre, afin de soutenir leurs revendications à propos de la partie est de la Ville sainte. J'ai expliqué la situation à M. Lamer et il a rapidement annulé sa visite.
M. Cotler était furieux, et il m'a sermonné gravement par le truchement de la presse locale. Je pensais à l'époque, et je le pense toujours, que c'était un comportement tout à fait inapproprié pour un citoyen canadien à l'étranger à l'endroit de l'ambassadeur de son pays.
La semaine dernière, j'ai finalement reçu les réponses aux deux questions posées sur mon blogue. Elles me furent données grâce à un entretien accordé par M. Cotler au Canadian Jewish News et portant sur un autre sujet.
À la première question, M. Cotler a heureusement répondu «non». Mais la position qu'il a exprimée sur la construction israélienne va plus en profondeur. Cette construction, a-t-il dit, «est réalisée conformément à la loi». Et il a poursuivi: «Il y a des constructeurs privés à Jérusalem et il y a des causes portées devant la Cour suprême [d'Israël]. J'appuierai les conclusions de cette cour, que je considère comme une des meilleures au monde. Si elle juge que la construction est légale, je soutiendrai cette décision. Si elle constate que la construction n'est pas légale, je soutiendrai alors cette décision.»
En d'autres termes, la position de M. Cotler sur la construction israélienne à Jérusalem-Est n'est pas la position du Canada exprimée au fil des ans par les gouvernements qui se sont succédé, quelle que soit leur allégeance politique. La position de M. Cotler sur cette question est plutôt de soutenir la position d'Israël.
Alors, une troisième question doit maintenant être posée, celle-là au chef de l'opposition, Michael Ignatieff: est-ce que la position de M. Cotler reflète celle du Parti libéral du Canada?


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