Service Canada - Interdiction de parler en français pour des employés

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Des employés d'un bureau fédéral de Service Canada en Nouvelle-Écosse se seraient vu interdire jusqu'à tout récemment de parler en français avec les clients qui leur demandaient de l'aide dans cette langue.
Des journalistes de Radio-Canada ont recueilli le témoignage de Dean Snelling, un anglophone qui a résidé en Suisse durant une quinzaine d'années. De retour au Canada depuis cinq ans, il dirige une maison de personnes âgées en Nouvelle-Écosse.
Il a récemment reçu des documents de la Suisse, en français, au sujet de ses prestations de retraite. C'est ce qu'il l'a amené à se rendre dans un bureau de Service Canada à Kentville, à une heure et demie d'Halifax.
Le Canada et la Suisse ont en effet une entente sur les prestations de retraite. Et il voulait obtenir de l'aide pour compléter la demande.
Il ne s'attendait pas nécessairement à recevoir du service en français, au bureau de Kentville, mais quelle ne fut pas sa surprise une fois rendue sur place : « Alors je prends ma place et quelques moments plus tard, c'est une dame qui arrive. Elle parle avec moi et je remarque qu'elle avait vraiment un accent francophone, alors je me dis : "bon, c'est bien, vous parlez bien le français, vous êtes francophone en fait" ».
Dean Snelling demande alors à l'employé si elle peut l'aider en français, mais celle-ci lui répond : « Ben non, je suis désolée, mais maintenant c'est une règle, c'est un bureau anglais et moi, je ne peux pas parler français avec vous ».
La femme a quand même finalement accepté de l'aider en français. « Alors, elle prend le papier et commence à traduire, mais elle regarde comme pour être sûre que personne ne va la voir. Mais je me dis, ce n'est pas possible ça. Cette dame est de langue maternelle française et elle ne peut pas parler. J'étais un peu vexé, vraiment », explique Dean Snelling.
Ce dernier a porté plainte à Service Canada qui n'a pas voulu y donner suite, parce qu'il refusait d'identifier l'employée qui l'a servi.
Pas de commentaire de Service Canada
Les journalistes de Radio-Canada se sont rendus comme simples citoyens au bureau de Service Canada à Kentville.
À micro caché, on leur a confirmé que jusqu'à tout récemment, les employés ne pouvaient pas utiliser le français pour répondre aux clients : « Il y a quelques mois passés, on ne pouvait pas. On était frappé sur les doigts si on parlait un quelconque français. Parce qu'on n'était pas un bureau bilingue ».
La Fédération acadienne de la Nouvelle-Écosse est outrée par cette situation, mais elle n'est pas si surprise.
« Pourquoi c'est une attitude de minimum, au lieu d'une attitude de qualité de services, de maximum, de dépasser les attentes? Pourquoi on a peur de dépasser les attentes? C'est bizarre, on est capable d'offrir des services en français, on ne veut pas », s'interroge Jean Léger, le directeur général de la Fédération acadienne de la Nouvelle-Écosse.
M. Léger souhaite voir le gouvernement réagir : « Je pense que le Commissariat aux langues officielles a des responsabilités. Service Canada aussi a de grandes responsabilités, que ce genre de choses-là ne se reproduisent pas. De l'intolérance au niveau du français, nous on n'accepte pas cela ».
Le Commissariat aux langues officielles refuse de commenter la situation parce qu'il n'y a pas eu de plainte officielle faite à son bureau. Service Canada n'a pas non plus voulu commenter cette histoire.
Mais dans un courriel laconique, Service Canada a expliqué à Radio-Canada que le bureau fédéral de Kentville est unilingue et donc « à l'occasion, des agents qui possèdent une certaine connaissance de la langue de la minorité peuvent offrir le service, par courtoisie, bien qu'ils ne soient pas tenus légalement de le faire ».
D'après un reportage de Marilyn Marceau


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