Si Graham Bell savait...

Tribune libre

« Je suis devenue grand-mère…C’est un beau garçon qui s’appellera Guillaume », écrivait récemment à mon épouse une de ses amies via un message électronique. Quelques mots qui apparaissent sur un écran et tout est dit!

Mais où sont passées toutes les émotions qu’a sûrement vécues la nouvelle grand-maman et la joie de partager ce magnifique événement avec son amie? Où sont passés les élans de joie qu’auraient pu s’échanger les deux amies?

Une belle nouvelle qui, comme des milliers d’autres quotidiennement, se désincarne sur un écran froid et impersonnel. Et pourtant, il aurait été tellement plus chaleureux pour cette femme de prendre le téléphone pour annoncer la bonne nouvelle à son amie!

Depuis quelques décennies, les technologies des communications ont fait des pas de géant en plus d’envahir les moments libres de millions d’internautes envoûtés par le petit écran portable. En fait, il semble dépassé le temps pas si lointain où le coup de téléphone venait nous brancher à un interlocuteur désireux d’avoir des nouvelles de nous.

Pire encore, la communication entre des personnes assises à une même table semble rompue, chacun ayant les yeux fixés sur son portable au détriment d’échanges entre les internautes solitaires. À preuve les trois membres de cette famille assis devant moi dans le lobby d’un hôtel, les yeux rivés sur leur écran et les doigts sur leur clavier qui, pendant des heures, sont demeurés fixés chacun à son portable sans se dire un mot ou même s’échanger quelque regard.

Avant d’être pointé comme un dinosaure réfractaire aux moyens de « communications » modernes, je tiens à préciser que je suis ouvert à l’évolution des technologies pour autant qu’elles améliorent ma qualité de vie en étant à « mon service » et non pas le contraire, à savoir que nous devenions servilement « au service » de la machine.

En réalité, si Graham Bell savait comment le mode communication orale qu’il a inventé pour contrecarrer la distance tout en favorisant des échanges verbaux s’est transformé en téléphone « intelligent », je suis convaincu qu’il se retournerait dans sa tombe pour ne pas assister à une telle déshumanisation des contacts personnels!

Featured 19e390a78eaf9d290f5b6b4a1e389e83

Henri Marineau2091 articles

  • 1 471 126

Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com




Author extra bg

L’affaire Bouazzi


Author extra bg

Le charisme de Donald Trump


Author extra bg

Deux pubs, deux mondes


Author extra bg

Autopsie d’une campagne



Laissez un commentaire



5 commentaires

  • Yves Rancourt Répondre

    22 avril 2014

    Dans un essai récent, un jeune auteur, Fabien Benoit, explique de façon assez convaincante que notre jeunesse a adhéré et adhère chaque jour un peu plus à un nouveau pays, nommé Facebook( ou l'équivalent), un pays présentant toutes les caractéristiques d'une nation, avec sa population, ses lois, sa police et surtout "une volonté de vivre ensemble". Nombreux sont les jeunes aujourd'hui qui, entrant de l'école, se reprécipitent dans leur chambre pour partager avec leurs concitoyens de Facebook leurs rêves ou ce qu'ils ont vécu à l'école plutôt que d'en parler avec leurs parents, frères et sœurs. Un tel exposé peut paraître exagéré voire fantaisiste mais il invite à la réflexion, surtout après la dégelée du 7 avril. Nos jeunes ont-ils adhéré largement à ce pays virtuel qu'est Facebook plutôt que de rêver et travailler à bâtir le pays réel auquel on pense ici? Peut-on espérer les voir un jour revenir à notre rêve collectif d'un pays réel nommé Québec? Les I-Phones et I-Pads sont des technologies extraordinaires mais ils peuvent aussi être des instruments puissants de dislocation sociale et familiale, et bien sûr de propagande.

  • Pierre Cloutier Répondre

    22 avril 2014

    Monsieur Marineau,
    Cela ne donne strictement à rien de résister à la révolution de l'information qui a ses bons et ses mauvais côtés, comme l'automobile au début du 20 siècle. Aujourd'hui qui est capable de se passer de sa voiture? Il y a des vagues auxquelles on ne peut pas résister comme un tsunami. Pour le meilleur et pour le pire. Personnellement j'écris à tous les jours grâce à mon ordi et j'envoie mes textes sur Vigile ou par courriel et les gens me lisent. Avant, il fallait envoyer une lettre aux lecteurs dans les médias traditionnels contrôlés par des empires protégeant leurs propres intérêts. Aujourd'hui, grâce à Facebook, Twitter, Yahoo, et le courriel, les gens peuvent s'exprimer et peuvent être mieux renseignés grâce à cet outil extraordinaire de recherche qu'est Google. Et je ne parle pas de tous ces documents et vidéos que l'on peut voir gratuitement sur You Tube. Et cela ne fait que commencer. Quand bien même vous me donneriez 100 exemples négatifs, je pourrais vous en donner 100 positifs. Au lieu de résister, ce qui ne donne strictement à rien, mieux vaut utiliser ces outils de façon intelligente et utile à l'humanité. Mais il y a des idiots partout, de tout temps et de toutes les époques. Cela n'a rien à voir avec les TICS. J'aime autant être bien branché sur Internet en vieillissant en étant créatif et interactif que de me bercer devant la télévision insipide comme les petits vieux des CHSLD. Je ne veux pas mourir idiot. Quand je travaille sur ma terre, j'apporte toujours mon cellulaire au cas où je me blesserais. Et parler aux enfants avec Skype est vraiment intéressant. Etc.etc...

  • Henri Marineau Répondre

    21 avril 2014

    @Pierre Cloutier
    Quand vous devenez esclaves des bidules électroniques qui s'érigent comme un mur entre les personnes, je ne crois pas que l'on puisse parler d'"évolution positive"...Et des preuves d'un tel phénomène, je pourrais vous en citer à la pochetée!
    C'est ce phénomène pernicieux que je condamne et non pas une "résistance au changement" simpliste...

  • Archives de Vigile Répondre

    21 avril 2014

    Einstein :" Quand la technologie aura remplacé la communication humaine nous aurons donné naissance à une génération d'idiots".
    Une génération seulement? On va donc s'en sortir?
    Quand le téléphone cellulaire est né, il est devenu un pendant-d'oreille...Les personnes intelligentes demeurent intelligentes et...les sottes ?
    Ça leur donne l'illusion qu'elles sont intelligentes!

  • Pierre Cloutier Répondre

    21 avril 2014

    Vous vous trompez complètement. Vous avez l'attitude de Pépère au début du 20e siècle, avec son cheval, face à l'envahissement de l'automobile. Hey Pèpère, cela ne te donne strictement rien de pester contre l'automobile et de regretter l'arrivée de l'automobile. Car, l'automobile elle va te passer sur le corps (au figuré). Qui va remettre les progrès de l'automobile aujourd'hui et cela malgré la pollution.
    Les TICs n'empêchent nullement la communication ad personnae. Elle continuera d'exister, n'ayez crainte. Quand les enfants viennent souper avec leurs conjoints, on se parle pas par IPods!
    Votre attitude est une résistance au changement. De toute façon, vous n'y pouvez rien. Adaptez-vous ou mourrez, voilà votre choix.
    Pierre Cloutier