Abdulla Shaikh, l’auteur présumé des trois meurtres par arme à feu commis en moins de 24 heures à Montréal et à Laval, avait des tendances extrémistes quand il se trouvait en période de délire.
Selon nos informations, le suspect de 26 ans était atteint de schizophrénie. Il était particulièrement instable en raison de ses problèmes de consommation de cannabis et de son refus de prendre les médicaments nécessaires pour maîtriser sa maladie mentale.
Au cours des derniers mois, il aurait passé d’innombrables heures sur des sites Internet, aurait fréquenté des groupes privés sur les réseaux sociaux et aurait participé à des forums de discussion radicaux.
Il aurait voulu renoncer à sa citoyenneté canadienne quand il a brûlé son passeport à l’aéroport de Montréal en 2018. Rappelons qu'Abdulla Shaikh avait été reconnu non criminellement responsable pour cause de troubles mentaux par le tribunal dans cette affaire.
Une « arme fantôme »
Le matin du 4 août, il se trouvait avec une arme automatique légère qui ressemblait à un modèle Tec-9 ou Uzi, munie d’un chargeur 9 mm à grande capacité, lorsqu’il a été abattu par le Groupe d’intervention du Service de police de la Ville de Montréal.
Il appert que l’arme en question était ce qu’on appelle une arme fantôme (ghost gun en anglais) chez les policiers parce qu’elle aurait été assemblée par le suspect lui-même.
Les enquêteurs croient qu’il aurait acquis les connaissances nécessaires pour trouver les bonnes pièces et pour les assembler dans le but d'en faire une arme meurtrière en fouillant sur Internet et sur des forums de discussion radicaux, voire en allant sur le web caché.
Selon l’ancien policier André Gélinas, la plupart des pièces d’une arme de poing peuvent être achetées en vente libre sans permis de port d’armes.
Le ghost gun, la partie maîtresse est fabriquée de façon artisanale. Mais toutes les autres pièces autour, en métal, celles qui permettent le fonctionnement, soit le canon, la glissière, le chargeur, etc., ce sont toutes des pièces qui ne sont pas réglementées. Donc les gens peuvent s'en procurer sans nécessairement avoir de permis de port d'armes à feu
, explique le sergent à la retraite et spécialiste de l'usage des armes à feu.
« Assembler une arme à feu, c'est très facile. Il y a amplement de tutoriels disponibles sur Internet. Fabriquer les pièces demande une expertise. Mais si vous les avez toutes en votre possession, c'est un jeu d'enfant de les mettre ensemble pour assembler l'arme. »
Une faille dans le projet de loi?
Je suis moi-même propriétaire d’armes de poing et membre d’un club de tir. Si ma femme veut me faire un cadeau et m’acheter un nouveau chargeur, elle peut aller dans le magasin d’un armurier sans problème
, a dit M. Gélinas en exemple. La vente libre de la majorité des pièces d’armes à feu échappe au projet de loi.
Le 19 août prochain, l'entrée en vigueur hâtive de certaines dispositions du projet de loi C-21 du gouvernement libéral fédéral feront en sorte qu’il sera interdit d’importer des armes de poing au Canada.
C’est ce qui échappe aux mailles du projet de loi C-21. Il sera interdit de vendre, d’importer, de transférer et d’acheter une arme de poing, mais les pièces qui composent l’arme peuvent être vendues en toute légalité sans permis de port d’arme
, a ajouté André Gélinas, sergent à la retraite au SPVM et ancien instructeur de tir.
Rappelons qu'Abdulla Shaikh a été abattu par le Groupe d’intervention du SPVM après avoir tiré à au moins deux reprises en direction des policiers qui l’avaient encerclé pour le mettre en état d’arrestation au motel Pierre, à Saint-Laurent.