Uber lance un ultimatum à Québec

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Le Québec n'a pas besoin d'UBER

Uber lance un ultimatum au gouvernement du Québec. Il réclame un assouplissement des règles édictées par le ministère des Transports, à défaut de quoi il cessera ses activités au Québec le samedi 14 octobre prochain.



« Malheureusement, basé sur notre compréhension actuelle, les changement annoncés par le ministère des Transports pour le renouvellement au projet-pilote, ne sont […]pas mineurs », a déclaré le directeur général de la multinationale au Québec, Jean-Nicolas Guillemette, mardi.



Ce sont 35 heures de formation demandées par Québec qui forcent l'entreprise à plier bagage, affirme-t-il.



« Ce n'est pas une négociation sur la place publique, ce n'est pas une menace, on ne pourra pas continuer dans ces conditions », a-t-il répété en conférence de presse à Montréal.



Questionnée sur la réputation du Québec à l’étranger si le géant de l’économie de partage mettait ses menaces à exécution, la ministre des Relations internationales, Christine St-Pierre, a invité les journalistes à « redéfinir l’économie de partage ».



« Quand on regarde Facebook, Samsung, il y a des entreprises internationales qui trouvent que le Québec est un bel endroit pour investir [...], faire de la recherche et de l’innovation », a-t-elle déclaré dans un impromptu de presse.



Lundi soir, le président de la Commission-Jeunesse du Parti libéral du Québec, Stéphane Stril, avait exprimé ses préoccupations quant à l’avenir d’Uber — un acteur majeur de la « nouvelle économie collaborative », selon lui — au cabinet du premier ministre. Il pressait alors le gouvernement de mettre de côté les « restrictions sévères » annoncées vendredi dernier et de « trouver une solution équitable pour tous qui saura démontrer l’ouverture du Québec à l’innovation ».



« La question des taxis ne sera pas réglée avec le départ d’Uber, une autre compagnie pourrait en profiter pour s’implanter au Québec », a averti M. Stril après la sortie médiatique du patron d’Uber mardi. « Nous offrons, à nouveau, au ministre des Transports et au gouvernement notre pleine collaboration dans la recherche d’une solution digne, durable, et équitable pour tous. »



Le premier ministre, Philippe Couillard, a invité mardi après-midi Uber à « jaser » des modalités de l’ajout de 15 heures à la formation obligatoire de ses chauffeurs. « On est très ouvert à une modulation importante quant à la façon de faire, [dont] le curriculum offert », a-t-il fait remarquer lors de la période des questions.



Le gouvernement libéral cherche à établir un cadre légal et réglementaire garantissant la « sécurité » des clients d’Uber, mais aussi « équitable » pour tous les joueurs de l’industrie du taxi, a-t-il fait valoir.



Le chef de la Coalition avenir Québec, François Legault, a alors reproché à M. Couillard de créer un environnement économique « incompatible » avec les « entreprises collaboratives ».



« Ce n’est pas au gouvernement du Québec de se mettre à plat ventre devant une multinationale, franchement ! » a rétorqué le chef du gouvernement dans le salon bleu, tout en saluant les applications de Téo Taxi à Montréal et de Taxi Coop à Québec. « Une multinationale doit également s’ajuster au cadre réglementaire, puis légitime d’un État. Ce n’est pas nécessairement toujours à l’État de s’ajuster à la multinationale. »



Le co-porte-parole de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois, a dénoncé le « chantage » d’Uber. « Si Uber veut quitter le Québec, nous leur disons : bon débarras », a-t-il lancé. « Les entreprises qui ne respectent pas les lois et qui ne sont pas capables de se conformer à des balises aussi élémentaires que celles demandées par le gouvernement libéral n’ont pas leur place au Québec. »



Québec reste ouvert à la négociation



Du côté du cabinet du ministre des Transports du Québec, Laurent Lessard, on se dit prêt à jeter du lest « sur la forme » afin de désamorcer la menace. « Les canaux de communication demeurent ouverts », avait d'ailleurs souligné son attaché de presse, Mathieu Gaudreault, quelques heures avant la conférence de presse.



Le cabinet du ministre des Transports avait été alerté lundi après-midi de la menace du géant américain de plier bagage, et ce, par des journalistes. Au même moment, un haut fonctionnaire du MTQ précisait avec les dirigeants de l’entreprise au Québec les mesures annoncées vendredi dernier. « On n’avait pas l’impression qu’il y avait quelque chose d’insurmontable », explique-t-on au Devoir.



Plus d’une personne au sein du ministère soupçonne « San Francisco » — l’état-major d’Uber — d’avoir enjoint à sa filiale de bomber le torse devant le gouvernement québécois. « Est-ce une nouvelle tentative d’Uber de changer le rapport de force ? » se demande-t-on.



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