J’ai lu avec beaucoup d’intérêt l’article Les trois niveaux de lutte de Maurice Séguin publié sur le site de Cap sur l’Indépendance.
La lecture de cet article ne m’a pas tant faire voir différemment les débats auxquels je participe, mais m’a plutôt permis de mettre plus précisément le doigt sur des impressions que j’avais et de clarifier ma pensée. Mais, et c’est le but de ma brève intervention, j’y ai trouvé un éclairage différent sur les canadiens anglais.
Je serai bref, c’est un article à lire.
Je résume, pour la discussion, les trois niveaux de luttes.
Le premier niveau est émotionnel. Exemple : nous voulons l’indépendance parce que nous ne vous aimons pas parce que vous avez été mauvais envers nous.
Le second niveau est celui des divergences d’idées, de valeurs ou de politiques. Exemple : nous voulons l’indépendance parce que nous sommes en désaccord avec telle ou telle décision.
Le troisième niveau de lutte est celui de la lutte pour la prépondérance. Exemple : Qui êtes-vous de toute façon pour décider à notre place? Nous pouvons et devrions agir nous-mêmes pour nous-mêmes.
Avec ce regard nouveau sur les échanges auxquels je participe, je constate qu’on retrouve chez les indépendantistes tout le spectre des trois niveaux de lutte. C’est normal. Mais je constate surtout que mes interlocuteurs canadiens anglais sont le plus souvent limités au premier niveau, limités à l’émotion : You will starve to death, you need us, don’t come back begging. You live off equalization payments anyway. The anglos will move to Ontario with their money. We will boycott your products. Don’t expect to be part of NAFTA. etc. etc.
Jean-Jacques Nantel disait dans L’avantage d’être méprisés par le Canada anglais, que “nos débats intellectuels sont plus riches que les leurs.” Il avait raison.
Michel Patrice
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4 commentaires
Archives de Vigile Répondre
13 décembre 2013Un site qui m'a beaucoup plu
A bientot
Michel Patrice Répondre
27 juillet 2011M. Cloutier,
Oui, je comprends bien que c'est théorique, ce qui ne veut pas dire que c'est inutile. Je ne suis pas un organisateur politique et je ne suis pas à la veille de me présenter à une élection.
Cependant, cette compréhension des trois niveaux de lutte m'a amené un nouvel argument.
La discussion classique est :
" - Vous allez crever de faim sans péréquation et, en plus, vous êtes endettés à mort.
- Nous sommes endettés, bien sûr, mais dans la moyenne de l'OCDE. Et si nous décidions de notre budget, on ferait telle ou telle chose (exemple financer le port de Montréal plutôt que celui d'Halifax, l'électricité au lieu du pétrole, etc) Ça vous bouche un coin?" (C'est du deuxième niveau.)
Maintenant, je peux répondre quelque chose comme :
"Nous avons une situation donnée, bonne ou mauvaise, peu importe. Avez-vous un plan? une proposition pour améliorer notre situation? Évidemment, non, car, pour vous, le Québec est une cause perdue entendue d'avance. Et c'est peut-être la première raison pour laquelle nous devrions être indépendants : trouver nous-mêmes la solution à nos problèmes plutôt que laisser les décisions à des gens qui ont une vision simpliste, incomplète et naïve de notre réalité." (C'est du troisième niveau.)
Quant à savoir si discuter avec eux est d'une quelconque utilité, c'est une autre histoire, mais j'ai mon idée là-dessus, j'y reviendrai.
Pour ceux que ça intéresse, je vous suggère de jeter un coup d'oeil aux commentaires de http://michelpatrice.wordpress.com/2011/03/20/what-would-we-do-without-equalization-payment/.
Michel Patrice
Archives de Vigile Répondre
27 juillet 2011Vous comprendrez toutefois tous les deux que tout cela est bien théorique. J'aime bien Séguin, cet historien de l'École de Montréal, mal connu qui inspire les militants de Cap sur l'indépendance, mais il faut plus que cela.
Tant que des militants indépendantistes ne prendront pas le risque de se présenter comme tels lors d'une élection, on n'ira pas loin.
Pierre Cloutier
L'engagé Répondre
27 juillet 2011Merci pour votre résumé et j'ajouterais que les motifs de faire l'Indépendance, lorsqu'ils sont compris à partir du troisième degré, permettent de transformer les citoyens en partisans et les partisans en militants, et ce, pour de bon.
Une grille d'interprétation politique du troisième degré de lutte permet de se servir de toute occasion pour amorcer une réflexion profonde suivit d'une discussion fertile sur l'Indépendance avec quiconque.