«Un champ de ruines»

Tribune libre

«Un champ de ruines.»

Dixit Jacques Parizeau, parlant du Parti québécois.

Un parti qui aurait perdu son âme.

Quelle âme? Celle du recul face au projet clairement indépendantiste des années 1960, noyé dans celui délétère de la Souveraineté-association?

Quelle âme? Celle qu'il a blessée à mort au soir du référendum d'octobre 1995, en abandonnant le combat que nous venions de gagner malgré les premières apparences contraires.

Quelle âme? Celle qu'il tente aujourd'hui d'achever par envie de la puissance de PKP à éventuellement réussir là où il a échoué, précisément parce qu'il s'est conformé aux déviations étapistes de son parti, qu'il qualifie aujourd'hui de discussions byzantines?

Bien sûr, il a 84 ans. Et il est fier. Il n'a donc aucun désir de redorer un blason qu'il croit digne, en son état, de la plus grande obédience.

Cela dit, Jacques Parizeau a été indéniablement un très grand constructeur du Québec moderne, en développant au maximum ses pouvoirs de demi-État. Comment ne pas lui être reconnaissant de nous avoir munis de si nombreux outils, nous toutes et tous qui croyons en la puissance illimitée de la nation québécoise de s'autogouverner.

Ayons la grandeur d'âme de lui prêter notre âme à jamais ardente.

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Andrée Ferretti124 articles

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"Rien de plus farouche en moi que le désir du pays perdu, rien de plus déterminé que ma vocation à le reconquérir. "

Andrée Ferretti née Bertrand (Montréal, 1935 - ) est une femme politique et
une écrivaine québécoise. Née à Montréal dans une famille modeste, elle fut
l'une des premières femmes à adhérer au mouvement souverainiste québécois
en 1958.Vice-présidente du Rassemblement pour l'indépendance nationale, elle
représente la tendance la plus radicale du parti, privilégiant l'agitation sociale
au-dessus de la voie électorale. Démissionnaire du parti suite à une crise
interne, elle fonde le Front de libération populaire (FLP) en mars 1968.Pendant
les années 1970, elle publie plusieurs textes en faveur de l'indépendance dans
Le Devoir et Parti pris tout en poursuivant des études philosophiques. En 1979,
la Société Saint-Jean-Baptiste la désigne patriote de l'année.
Avec Gaston Miron, elle a notamment a écrit un recueil de textes sur
l'indépendance. Elle a aussi publié plusieurs romans chez VLB éditeur et la
maison d'édition Typo.





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12 commentaires

  • Yves Rancourt Répondre

    8 avril 2015

    J'ai également beaucoup admiré cet homme. Monsieur Parizeau a eu un parcours exceptionnel jusqu'en 1995 et fait énormément pour le Québec. Et puis il y a eu cette déclaration malheureuse et surtout cette démission précipitée, au moment où on aurait pu faire la démonstration, par une commission d'enquête ou autrement, que les règles référendaires n'avaient pas été respectées par le camp du Non et que le référendum nous avait été volé, comme l'a si bien démontré Robin Philpot par la suite.
    On ne peut bien sûr refaire le passé mais il faut le dire, monsieur Parizeau a commis là des erreurs d'une énorme gravité pour la cause de l'indépendance nationale. On était alors très près du but et il fallait dès lors posé les gestes nécessaires pour relancer la cause vers l'avant, peut-être même déclarer non valide le référendum, ce qui n'a pas été fait. Or le PQ a semblé dès lors déstabilisé et ne s'est jamais vraiment remis de ces graves omissions. Sûrement conscient de ces erreurs, monsieur Parizeau devrait avoir une p´tite gêne lorsqu'il fait ses sorties publiques pour dénoncer le parti qu'il a si brutalement abandonné à son sort.

  • André La Boissonnière Répondre

    8 avril 2015

    Madame Andrée FERRETTI, mes respects
    À vous lire à la suite de cette autre manque de retenue de cet homme admirable qu’est monsieur Jacques Parizeau, je dirais que votre talent n’a d’égal que le raffinement du propos travaillé de siècles en siècles par des scribes visant la perfection ! Comme un Hymne au printemps de Féix Leclerc.
    À vrai dire, je ne vous savais pas si talentueuse dans l’adversité à aborder la bêtise même celle érigée au sommet et de la part de cet illustre Homme d’État qui a tout de même failli à SA tâche il y a vingt années déjà.
    D’une finesse remarquable vous arrivez en mots simples à le dire sans blesser et même avec une dignité sans borne. Il ne faut surtout pas qu’il se taise cet illustre personnage mais il a besoin qu’on lui rappelle cet échec de 1995 alors qu’il n’avait que 64 ans d’âge. Dans la force de l’âge pour aller plus loin que jamais, il se devait de conduire le peuple québécois à sa délivrance. Il a jeté la serviette alors que nous vainquions l’adversaire fédéraliste qui est sans âme et plus que tricheur.
    Bref, Madame Ferretti, il m’a tellement plu de vous lire en ces si brèves paroles que je ne pouvais pas faire autrement de célébrer votre propre grandeur d’Âme québécoise envers l’un de ses semblables qui a su faire beaucoup mais pas assez pour notre libération nationale.
    Quand Monsieur Parizeau s’est présenté à la chefferie du PQ j’étais là à ses côtés comme on porte le chef de la tribu des Gaulois. Comme il a fait son temps bien je suis de nouveau là pour PKP celui-là même qui va parachever cette oeuvre de libération nationale. L’Âme québécoise le commande nous devons nous conduire en guerriers de cette cause plus grande que soi-même ! Vous êtes là Madame Ferretti encore une fois pour nous le rappeler, MERCI !
    ECCE HOMO !

  • Archives de Vigile Répondre

    7 avril 2015

    Nous savons tous qu'il n'y a personne de parfait, même pas M. Parizeau. Personnellement je conserve beaucoup de respect pour cet homme. Récemment j'ai souvent attaqué le PQ. Pourquoi? On ne peut pas féliciter quelqu'un qui se comporte comme un con. On m'a dit de m'attaquer plutôt aux libéraux. Celui-ci incarne le pire gouvernement que le Québec ait connu et ça, tout le monde le sait. Sauf que, qui prend la défense des citoyens à l'Assemblée Nationale? Qui est suffisamment crédible dans l'opposition pour émettre des idées valables ou faire des critiques virulentes sur les horreurs, sur les couillardises de bas étage commises souvent en catimini? Tel quel, le PQ n'est pas crédible. PKP, va-t-il réussir à redonner à ce parti un minimum de crédibilité? Va-t-il passer au travers des saletés que lui ont lancé par la tête les candidats à la chefferie? Vont-ils cesser de se chamailler comme des enfants d'école au grand plaisir des libéraux?
    Suite à cet excellent article de Mme. Ferretti, M. Jean Gilles nous a rappelé cette phrase "Mon Dieu, délivrez-moi de mes amis. Quant à mes ennemis, je m’en charge !" C'est vrai que le PQ est une ruine; la plupart des vrais indépendantistes l'ont déserté, dégoûtés par le flou artistique politique qui le caractérise depuis trop longtemps.
    Messieurs et mesdames, les carriéristes politiques du PQ, il est moins cinq, réveillez-vous, cessez ces enfantillages de course au leadership qui n'en finit plus pendant que les sales couillardises grugent notre pays comme c'est pas possible. Êtes-vous entré en politique seulement pour les pensions et les primes en vous enfonçant dans vos fauteuils pour ronfler? Au sein du PQ, il y a des talents extrêmement valables mais où est la tête?....elle se chamaille et se "crie des noms".

  • Jean Gilles Répondre

    7 avril 2015

    "Encore une fois M. Parizeau a raison sur tout !"
    Pas d'accord sur la façon utilisée. Il se prononce ex cathedra puis s'en retourne dans les Laurentides. Pis là, tout le monde s'interroge sur le sens de ses propos...sur ses intentions.
    Pourquoi ne se commet-il pas en acceptant d'être questionné? Pourquoi ces sorties intempestives de dernière minute pour emmerder? Pourquoi ne se commet-il pas de façon claire et nette en faveur d'un candidat? Pourquoi ne pas soumettre ses critiques à l'intérieur du PQ? Là, il fait le jeu des libéraux...comme il a fait lors de la première élection de Charest!
    Parizeau erre dans sa façon de faire, de donneur de leçon à la dernière minute! L donne l'impression d'une belle-mère frustrée!

  • Archives de Vigile Répondre

    7 avril 2015

    Bonjour,
    Juste dire que les propos de M. Parizeau sont sages. J'endosse ce que disent M. Fernand Lachaine et M. Marineau.
    M. Péladeau a déjà répondu qu'il avait pigé les propos de M. Parizeau et que ce dernier devrait être content car dit-il l'article premier c'est ce qui l'a amené en politique donc il en conclut que M. Parizeau doit l'appuyer sans le dire!
    Encore une fois M. Parizeau a raison sur tout!

  • Fernand Lachaine Répondre

    7 avril 2015

    J'aimerais, si Vigile me le permet, faire une petite amende honorable envers monsieur Parizeau.
    J'ai lu ce midi l'article de madame Lévesque dans Le Devoir et j'ai dû revoir ma position.
    Bien sûr, monsieur Parizeau attaque une autre fois le PQ mais....
    il y va à fond de train contre les politiques d'austérité du gouvernement en place: le PLQ.
    De plus ses démangeaisons contre la référendite ne m'offusque pas. Au contraire, je pense que ceux et celles qui veulent avoir un référendum dans le premier ou deuxième mandant font une erreur stratégique. L'approche de PKP en cette matière est très valable: Ne dévoilons pas ce que le PQ fera dans 3 ou 4 ans. La première étape c'est de commencer à prendre le pouvoir. Primordial.
    L'autre aspect des déclarations de monsieur Parizeau c'est qu'il semble appuyer la plate forme de monsieur Pierre-Karl Péladeau en ce qui à trait au développement économique du Québec et la nécessité des petites et moyennes entreprises d'entreprendre des projets porteurs de développement de l'économie.
    De plus quand il mentionne que les souverainistes devront avoir une meilleure confiance d'eux-mêmes, ça aussi fait partie du discours de PKP.
    Quand on lit entre les lignes on peut décortiquer que Parizeau soutient PKP, le seul d'ailleurs qui peut ravir le pouvoir au PLQ.

  • Henri Marineau Répondre

    7 avril 2015

    Qu’on le veuille ou non, les mots utilisés par Jacques Parizeau pour illustrer sa pensée sont toujours réfléchis et ont souvent l’effet d’une bombe médiatique. Sa dernière entrevue enregistrée en février 2015 et diffusée le 6 avril à la radio de Radio-Canada ne fait pas exception à la règle.
    Pour l’occasion, M Parizeau tire à boulets rouges sur le Parti québécois qu’il qualifie de « champ de ruines » pavé de sempiternels débats sur l’échéancier et le moment propice pour tenir un référendum, des discussions « byzantines », selon ses propos.
    Toutefois, là où le bât blesse avec le plus d’acuité émane d’une stratégie à peine voilée de cacher dans le placard son option fondamentale, à savoir de réaliser l’indépendance du Québec, le dernier exemple étant la campagne de 2014.
    Aux yeux de Jacques Parizeau, le PQ doit retrouver son âme. «On a démoli graduellement ce parti-là. Surtout, on lui a fait perdre son âme. [...] Ça ne veut pas dire que ce n’est pas récupérable, mais ça veut dire que la preuve est à faire.»
    À mon sens, le message de Jacques Parizeau est clair : le PQ doit mettre le cap sur l’indépendance sans tarder…ça passe ou ça casse!

  • Gélinas Claude Répondre

    7 avril 2015

    N'est-il pas raisonnable de penser que la rancoeur de Monsieur Parizeau à la suite de sa démission et de sa conjointe envers Madame Marois peuvent motiver ses interventions sur la conduite des affaires du PQ. En revanche, trop souvent, le PQ n'a pas jugé opportun d'écouter les recommandations judicieuses de ses ex PM. À preuve mentionnons le projet de Charte que le PQ a laissé traîner dans le paysage politique avec l'échec que le PQ a connu.
    Déclarer comme l'ont fait Lucien Bouchard que le PQ est peut-être le parti d'une génération, Louise Beaudoin que que le PQ est fini ou Jacques Parizeau que le PQ a perdu son âme, toutes ses déclarations s'inscrivent dans la même veine en lançant un message que le PQ ne doit pas répéter l'erreur de 2005 en élisant un candidat porté par la vague et qui n'a pas livré les résultats escomptés.
    Bien évidemment , certains membres du PQ préfèrent faire preuve d'aveuglement volontaire en pensant que le PQ a le vent dans les voiles et que l'arrivée d'un nouveau Messie reportera le PQ au pouvoir. Par contre la désunion des partis souverainistes incapables de se parler et de s'entendre, ce qui rassure les fédéralistes, nuira une fois encore à l'élection d'un Gouvernement souverainiste majoritaire.

  • Jean Gilles Répondre

    7 avril 2015

    Parizeau a le don d'intervenir au mauvais moment. C'est un peu comme s'il se considérait " la vérité incarnée", le pape de l'indépendance!
    Un rappel. La veille d'un débat Charest-Landry, lors d'une campagne électorale, Parizeau avait prononcé une conférence en Mauricie au cours de laquelle il avait été question du "vote ethnique".
    Le lendemain, au débat, Charest avait ressorti les propos de Parizeau devant un Landry tout surpris et en désarroi. Avant le débat, les sondages donnaient le PQ gagnant. Au lendemain du débat, la donne a changé.
    "Mon Dieu, délivrez-moi de mes amis. Quant à mes ennemis, je m'en charge!"

  • Fernand Lachaine Répondre

    7 avril 2015

    Malheureusement ce n'est pas la première fois qu'il s'attaque au PQ et ses membres.
    Difficile à comprendre ce qui motive monsieur Parizeau, à chaque occasion, de donner son croc en jambe annuel à un parti et surtout à un mouvement qui à de la difficulté à se solidifier même avec l'arrivée de monsieur Pierre-Karl Péladeau.
    Ce qui est le plus dommageable c'est qu'il donne, de par sa stature, une crédibilité à un organisme fédéral comme Radio-Canada qui a perdu depuis un bon moment l'amitié que québécois et québécoises lui portait.
    Le "champ de ruines" dont il parle sont un peu le résultat de son départ précipité lors du référendum de 1995.
    Comme tous et toutes nous savons que monsieur Parizeau a fait de grandes choses pour le Québec mais nous savons aussi que par son coté sombre peut faire du tort aux québécois et québécoises qui l'ont aimé.

  • Jean Gilles Répondre

    7 avril 2015

    Parizeau, je ne suis plus capable de l'endurer.
    Autant j'ai eu beaucoup d'admiration pour cet homme, autant je le trouve de plus en plus haïssable.
    C'est comme si son échec de 1995 l'avait rendu masochiste!
    Pourquoi ne pas intervenir à l'intérieur du PQ? L'endroit où l'on peut proposer des choses?
    Plus capable!

  • Archives de Vigile Répondre

    6 avril 2015

    Au moment de la défaite au référendum de 1995 par 54,000 votes, au lieu d'annoncer sa démission et de dire que la défaite avait été causée par «l'argent et des votes ethniques», ce qui était strictement exact, Jacques Parizeau aurait pu dire:
    «Le camp du OUI a fait une campagne honnête et inspirée. Ce n'est pas le cas du camp du NON. Il n'a pas respecté la loi québécoise des référendums en dépassant de beaucoup les dépenses permises par la loi. Nous ne reconnaissons donc pas la victoire du NON. Nous allons établir une commission d'enquête formée de citoyens honorables qui va examiner toutes les irrégularités qui ont été commises pendant cette campagne référendaire. Dans une joute politique, pour qu'une des parties soit déclarée gagnante, il faut que les règles du jeu soient respectées. Si elles ne le sont pas, cela doit avoir des conséquences.»
    Imaginez si Jacques Parizeau avait dit ça. La commission aurait découvert «Option Canada,» un organisme secret qui a dépensé des centaines de milliers de dollars sans aucun contrôle. Elle aurait découvert la plupart des irrégularités contenues dans le livre de Robin Philpot, «le référendum volé». L'histoire du Québec aurait été changée.
    C'est à cela quand je songe quand j'entends Jacques Parizeau venir nous faire la leçon. Il a manqué une formidable occasion de continuer le combat: au lieu de cela, il a démissionné...piteusement. Je le dis d'autant plus que j'ai une grande admiration pour lui comme le dit Andrée Ferretti.
    Avez-vous vu Julie Snyder au téléjournal de Radio-Canada faire du recrutement pour le Parti québécois? Quelle bonne humeur et quel dynamisme. Elle me donne le goût de faire une boutade. Julie Snyder incarne le nouveau Parti québécois post-Marois: elle est l'âme du Parti québécois. Elle me rajeunit de trente ans.
    Robert Barberis-Gervais, 7 avril 2015