Un journaliste anglophone compare les actes du FLQ aux événements du 11 septembre 2001

« Le manifeste du FLQ justifie des actions qui étaient autant traumatisantes pour les Québécois et Canadiens que l'étaient les attaques du 11 septembre pour les Américains » - Don MacPherson

1759 - Commémoration de la Conquête - 12 et 13 septembre 2009



Par Dave - Considérer que les actes de violence du FLQ étaient aussi traumatisants pour les gens d’ici qu’ont pu être traumatisants pour les Américains les actes terroristes du 11 septembre, qui ont tués des milliers d’Américains, en revient à banaliser la portée de ces attaques qui ébranlèrent le monde entier.
Le journaliste Don Macpherson, qui écrit pour The Gazette et pour qui tout militant de la cause indépendantiste québécoise est extrémiste, y est allé d’une comparaison plutôt boiteuse dans [son éditorial du 15 septembre 2009->21859]. En effet, le journaliste anglophone a comparé les actes de violence du Front de Libération du Québec aux actes terroristes en lien avec les événements du 11 septembre 2001.
Parlant de la lecture du manifeste du FLQ à l’occasion du Moulin à paroles, Macpherson affirmait hier que « Comme tout le monde le sait, le manifeste du FLQ d’Octobre 1970, qui justifie des actions qui étaient autant traumatisantes pour les Québécois et les autres Canadiens que l’étaient les attaques du 11 septembre pour les Américains, a été lu – deux fois – durant les 22 heures du Moulin [à paroles]1 » Il s’agit d’une comparaison pour le moins extrémiste qui en fera sourciller plusieurs.
Rappelons que le FLQ était un groupe révolutionnaire québécois, groupe qualifié de terroriste par le gouvernement fédéral de l’époque qui a, soulignons-le, infiltré le FLQ à l’aide de la GRC afin de provoquer un mouvement de panique général et justifier la proclamation de la Loi sur les mesures de guerre. À cette époque, la GRC avait donc volontairement posé des bombes pour les faire exploser. Elle avait aussi mise en oeuvre certaines actions de nature violente afin de les associer au FLQ. Il est vrai que la crise d’octobre aura provoqué la mort d’un ministre, Pierre Laporte, et aussi la mort d’un petit nombre de civils qui se sont trouvés au mauvais endroit, au mauvais moment. Mais est-ce vraiment comparable à la mort de près de 3000 personnes, en majorité des civils américains, dans les circonstances des attaques d’Al-Quaïda le 11 septembre 2001?
Considérer que les actes de violence du FLQ étaient aussi traumatisants pour les gens d’ici qu’ont pu être traumatisants pour les Américains les actes terroristes du 11 septembre, qui ont tués des milliers d’Américains et blessés plusieurs milliers d’autres, en revient à banaliser la portée de ces attaques qui firent le tour de la planète et qui ébranlèrent le monde entier. Oui, le FLQ a été un moment critique de l’histoire québécoise, mais à un moment donner, il faut savoir relativiser!
Lorsqu’on est journaliste et que notre public est large, il faut savoir faire preuve de bonne foi et ne pas écrire n’importe quoi, par respect pour nos lecteurs et tout simplement par éthique journalistique. Mais bon, l’éthique journaliste, Don Macpherson ne semble pas s’en formaliser. Il apparaît clairement qu’il est plus important pour ce journaliste de polariser le débat et d’entretenir la haine.
En fait, Macpherson ne s’est pas contenté de faire cette comparaison ridicule: il en a aussi ajouté une couche. C’est ainsi qu’il affirme qu’en ayant contribué financièrement au Moulin à paroles, « les partis souverainistes, leurs leaders et représentants élus ont contribué à la réhabilitation du FLQ et à la légitimation de la violence politique2 », rien de moins!
Que quelqu’un qui était présent au Moulin à paroles me confirme que cet événement a été porteur de violence et mauvaise foi? La seule mauvaise foi que j’ai pu remarquer à l’occasion de cet événement est celle d’un petit groupe ridicule, enfanté par la radio-poubelle de Québec, qui s’amusait à traquer et à filmer les artistes comme Luck Mervil et les militants de la première heure comme Patrick Bourgeois, pour ensuite mettre ces vidéos sur YouTube. Rassurez-vous, ces vidéos ne sont déjà plus en ligne: aussi poubelle que puisse être le FM93, j’imagine que quelqu’un « haut placé » dans la secte de Sylvain Bouchard a dû faire comprendre à ses disciples que de traquer des personnalités publiques en leur pointant des lasers rouges dans le dos pour ensuite mettre ces vidéos sur YouTube, ce n’était pas très brillant. Quoi que…
Finalement, on peut conclure que faire du journalisme à distance comme le fait Don Macpherson peut provoquer une distorsion des faits. Mais bon, rien d’étonnant de la part d’un journaliste qui ne donne pas l’effort de pousser ses recherches et qui a baptisé le RRQ comme étant le « Réseau de Résistance du Québec3 », alors que dans les faits, le RRQ est le Réseau de Résistance du Québécois, réseau de militants du journal indépendantiste Le Québécois. À moins que Macpherson souhaitait à quelque part trouver un descendant du FLQ, un nouveau fléau sur qui il pourrait porter tous les blâmes?
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1. Traduction libre de : « As everybody knows, the October 1970 manifesto of the terrorist Front de libération du Québec, justifying actions that were as traumatic for Quebecers and other Canadians as the Sept. 11 attacks were for Americans, was read – twice – during the 22 hours of the Moulin. » [↩]
2. Traduction libre de: « Thus the sovereignist parties, their leaders and elected representatives contributed to the rehabilitation of the FLQ and the legitimization of political violence » [↩]

3. Macpherson a corrigé son erreur dans son dernier texte. [↩]


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