Troisième mandat donc pour Gérald Tremblay. Le maire sortant présidera les destinées de la métropole pour quatre autres années, mais avec une légitimité fragilisée. Les Montréalais ont exprimé avec une grande réserve leur confiance envers le chef d'Union Montréal, qui pendant ses deux premiers mandats n'a pas vu la corruption s'installer à l'Hôtel de Ville.
Acquise par défaut en raison de la division du vote entre Richard Bergeron, de Projet Montréal, et Louise Harel, de Vision Montréal, cette victoire obligera Gérald Tremblay à faire acte d'humilité. Lui qui avait remporté 54 % des suffrages à l'élection de 2005 est loin de cette majorité absolue qui lui était venue de presque tous les arrondissements.
Sa réélection, le maire Tremblay la doit manifestement aux anciennes banlieues qui se sont jointes à Montréal lors des fusions de 2001. La candidature de Louise Harel, marraine de ces fusions, aura fait peur à l'électorat de ces arrondissements, dont le vote aura été guidé par un réflexe d'autoprotection. La fracture créée par ces fusions demeure. Elle avait coûté en 2001 son siège de maire à Pierre Bourque, qui pour la même raison avait échoué dans sa tentative pour le retrouver en 2005. Force est de constater que ces fusions ont créé un nouvel équilibre des forces électorales qui rend la mairie de Montréal inaccessible au Parti québécois.
Occulté par cette réaction anti-Harel, l'enjeu de l'intégrité de l'administration municipale aura néanmoins failli entraîner la défaite du maire Tremblay. Ce résultat serré constitue un vote de blâme envers Union Montréal et tout particulièrement envers Gérald Tremblay lui-même pour n'avoir pas su affronter le problème de corruption apparu au grand jour ces derniers mois dans l'attribution de contrats de toutes sortes, notamment ceux adjugés à des entreprises de construction. Sa prétention mille fois répétée -- «J'ai agi dès que j'ai su» -- n'a pas été jugée crédible.
La première responsabilité du maire Tremblay à partir de maintenant sera de faire le ménage que souhaitent les Montréalais. Il devra mettre de côté tous les faux-fuyants derrière lesquels il s'est réfugié dans l'espoir d'échapper à ce vote de blâme. Il ne peut pas tourner la page comme si de rien n'était. Au lendemain de cette élection, ce ne peut être «business as usual». Ce genre de «business», les Montréalais n'en veulent plus. Ils l'ont dit clairement.
Verra-t-on un nouveau Gérald Tremblay émerger de cette élection? Rien n'est moins certain. Il pourrait être tenté de s'appuyer sur sa majorité au conseil pour poursuivre la politique pratiquée par son parti. La seule chose rassurante est que l'opposition, à l'Hôtel de Ville et dans plusieurs arrondissements, sera suffisamment forte pour garder son administration sur le qui-vive. Ayant recueilli ensemble tout près des deux tiers des suffrages, Vision Montréal et Projet Montréal pourront prétendre avoir toute la légitimité pour réclamer au nom des Montréalais des changements.
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