Vente d'électricité aux compagnies minières: aucun profit possible, disent deux économistes

le premier ministre Jean Charest se trompe lorsqu'il dit que ce type de contrat pour vendre de l'énergie à la multinationale est rentable

"JJC se trompe" ou "JJC nous trompe"?...


Michel Corbeil Le Soleil (Québec) Québec ne peut faire de profits avec l'électricité qu'il vend aux compagnies minières si le tarif est celui contenu dans le contrat signé avec ArcelorMittal, soutiennent deux économistes.
Dans une lettre ouverte, Gérard Bélanger, de l'Université Laval, et Jean-Thomas Bernard, maintenant professeur invité à l'Université d'Ottawa, avancent que le premier ministre Jean Charest se trompe lorsqu'il dit que ce type de contrat pour vendre de l'énergie à la multinationale est rentable.
Les deux experts commentent les propos que M. Charest a tenus le 2 février. Ils reviennent sur une entrevue portant sur «la rentabilité des projets hydroélectriques actuels et à venir [...] où une partie de cette électricité servira à satisfaire» les nouvelles entreprises industrielles, nées du Plan Nord.
Les deux économistes reprochent au premier ministre de confondre coût marginal et coût moyen de la production d'énergie. Le premier concept a trait au prix pour fabriquer l'énergie destinée à de nouveaux utilisateurs. Selon eux, il faut compter 0,10 $ le kilowattheure pour les futures centrales de La Romaine, sur la Côte-Nord.
Le coût moyen, poursuivent les deux experts, prend en compte ce qui sort des centrales, y compris les plus anciennes, et ce qui proviendra de futures turbines. Ce prix est estimé à 0,0214 $/kWh, rappellent-ils.
La semaine dernière, le Parti québécois a critiqué le gouvernement Charest d'avoir accordé à la minière ArcelorMittal le tarif L, dont bénéficient les grands consommateurs industriels d'énergie. Le taux est alors de 0,045 $/kWh.
«Il n'est pas rentable de développer de l'électricité à 0,10 $/kWh pour la vendre à 0,045 $\kWh, laissent tomber MM. Bernard et Bélanger. La moyenne des coûts de l'ancienne et de la nouvelle électricité n'a pas de rôle à jouer dans une analyse de rentabilité.»
Jean-Thomas Bernard a souvent critiqué le recours au tarif préférentiel L pour attirer des entreprises. Le Soleil a publié, en novembre, un article où l'économiste a calculé que le nouveau contrat d'approvisionnement à Aluminerie Alouette, pour un bloc d'énergie de 500 mégawatts, coûtera aux Québécois 174 millions$ par an, pendant 30 ans.
Lors d'un entretien téléphonique, l'ex-professeur au département d'économique de Laval a réitéré que la méthode de facturation de l'énergie équivaut à «exporter l'électricité à travers les lingots [d'aluminium]. C'est plus rentable de l'exporter par des fils».
Mais ce n'est pas non plus un gage de profitabilité, a terminé M. Bernard, en faisant référence au contrat de vente qu'Hydro a conclu avec l'État américain du Vermont. Le prix est de 0,052 $ le kilowattheure, près de deux fois inférieur à la production des nouvelles centrales.


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