Serge Halimi, à propos des élections pour le Parlement européen ce 7 juin, doute qu’il corresponde à une communauté politique: « L’espoir que la simultanéité de vingt-sept scrutins nationaux, presque toujours disputés autour d’enjeux internes, va déboucher un jour sur la naissance d’une identité européenne continue de relever de la pensée magique. Quel Slovène a une connaissance même approximative des débats électoraux suédois, quel Allemand s’informe de la vie politique bulgare ? Le lendemain d’un scrutin européen, l’un et l’autre découvrent néanmoins qu’à Stockholm ou à Sofia le verdict des urnes peut avoir contredit le résultat de la seule élection à laquelle ils ont prêté quelque attention, et que leurs votes à eux n’ont en réalité désigné que 1 % (Slovénie) ou 13,5 % (Allemagne) du total des parlementaires de l’Union. Comment imaginer qu’une révélation de ce genre n’alimente pas chez l’électeur le sentiment de son inutilité relative ? » (Le Monde Diplomatique juin 2009).
Les élections régionales wallonnes
Or, à la simultanéité des 27 scrutins européens, s’ajoutent en Belgique - ce même 7 juin !!! - la simultanéité des élections dites « régionales » (en fait d’ampleur et de type national puisqu’il s’agit de quasi-nations), en Flandre, à Bruxelles et en Wallonie. Et même dans la petite Communauté germanophone. Or, comme le Parti socialiste va sans doute perdre beaucoup de voix en Wallonie, les élections régionales risquent d’avoir des répercussions sur le gouvernement fédéral belge. Les citoyens de tous les pays européens se désintéressent en fait des élections européennes (on prévoit 60 % sinon 70% d’abstentions). Skyzophréniquement, parce que je suis un Européen convaincu, je suis tenté, comme les médias, de le regretter. Pourtant, je vais avouer ceci qui n’est pas facile à avouer pour un démocrate : que les Européens - et les Wallons en particulier - se désintéressent des élections européennes a quelque chose de sain. De 1999 à 2011, nous aurons voté tous les deux ans pour des élections qui dépassent le niveau local (la Wallonie, la Belgique, l’Europe : en 1999, 2003, 2004, 2007, 2009, 2011).
Le cafouillage risque de devenir un immense b…
On a voté en 1999 pour l’Europe, la Wallonie, la Belgique, en 2003 pour la Belgique, en 2004 pour la Wallonie et l’Europe, en 2007 pour la Belgique et en 2009 à, nouveau pour la Wallonie et l’Europe. On votera à nouveau pour la Belgique en 2011. Cela fait 6 élections en 12 ans portant en fait sur 10 enjeux distincts, mais simultanément ou avec les Européens ou avec les autres Belges avec des résultats qui peuvent complexifier la vie politique globale. Il y a même une vice Première Ministre qui parle sérieusement de regrouper toutes ces élections en une seule alors que, comme tous ses collègues présidents de partis politiques, on n’entend à peu près qu’elle, quelle que soit l’élection. Certains observateurs pensent même que, parce que le Parti socialiste risque de perdre sa première place en Wallonie, cela aurait des répercussions sur le Gouvernement fédéral et qu’on devra organiser les élections fédérales à l’automne !
Supprimer les élections fédérales
J’avoue que je ne détesterais pas que cet élément de cafouillage de plus n’instaure un rejet profond du système politique belgo-européen actuel par les citoyens. Il est clair en effet que, pour la démocratie, ce trop-plein d’élections successives et simultanées, « nous fait tourner sots » comme on dit en français régional et que c’est profondément malsain. Il faut donc éliminer une élection et ce devrait être l’élection fédérale. Déjà le système belge est confédéral. Tous les partis wallons, bruxellois et flamands sont d’accord pour augmenter le pouvoir des Régions. Supprimons donc le fédéral et remplaçons-le par une Commission exécutive soumise aux parlements régionaux. La démocratie y gagnera et la Wallonie. On pourra mieux s'intéresser à l'Europe. Ce que j’exprime ici est plus qu’un vœu, disons, de militant. Je ne vois pas comment on va pouvoir vivre ainsi en tant que citoyen pendant encore longtemps dans une pareille profusion d’élections dont les enjeux se chevauchent à ce point qu’on ne sait plus pour qui et pour quoi l’on vote.
Vers le bordel total en Belgique ?
Chronique de José Fontaine
José Fontaine355 articles
Né le 28/6/46 à Jemappes (Borinage, Wallonie). Docteur en philosophie pour une thèse intitulée "Le mal chez Rousseau et Kant" (Université catholique de Louvain, 1975), Professeur de philosophie et de sociologie (dans l'enseignement supérieur social à Namur...
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Né le 28/6/46 à Jemappes (Borinage, Wallonie). Docteur en philosophie pour une thèse intitulée "Le mal chez Rousseau et Kant" (Université catholique de Louvain, 1975), Professeur de philosophie et de sociologie (dans l'enseignement supérieur social à Namur et Mirwart) et directeur de la revue TOUDI (fondée en 1986), revue annuelle de 1987 à 1995 (huit numéros parus), puis mensuelle de 1997 à 2004, aujourd'hui trimestrielle (en tout 71 numéros parus). A paru aussi de 1992 à 1996 le mensuel République que j'ai également dirigé et qui a finalement fusionné avec TOUDI en 1997.
Esprit et insoumission ne font qu'un, et dès lors, j'essaye de dire avec Marie dans le "Magnificat", qui veut dire " impatience de la liberté": Mon âme magnifie le Seigneur, car il dépose les Puissants de leur trône. J'essaye...
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