Qu'est-ce donc que la civilité dans l'espace public? Un colloque qui en traitait vendredi dernier à l'UQAM rappelait que la civilité est plus que la politesse. Il y a bien sûr les paroles qui sont dites, mais au-delà, il y a des attitudes, il y a le respect porté aux autres. Bref, tout ce qui est trop souvent absent des débats parlementaires. À l'occasion du retour des députés au travail, hier à Ottawa, aujourd'hui à Québec, on peut se demander s'ils auront entendu les appels à faire preuve de davantage de civilité.
Les débats sont toujours vigoureux dans les parlements. Par définition, le travail parlementaire se fait dans un contexte de confrontation. Le gouvernement propose et l'opposition s'oppose. Qu'il y ait des tensions et que le climat soit à l'occasion survolté, cela est dans l'ordre des choses, mais pas de façon permanente comme cela l'a été ces derniers mois tant à Ottawa qu'à Québec.
Les politiciens d'expérience savent qu'il y a une limite à ne pas franchir dans ces affrontements. Ils prennent garde à ce que «l'adversaire d'en face» ne devienne pas un ennemi pour lequel on n'a plus de respect. Cette limite a, par exemple, été franchie par les conservateurs dans la campagne d'image menée contre Stéphane Dion lorsqu'il était chef du Parti libéral du Canada. Quant aux échanges sur les questions d'éthique qui ont ponctué la dernière session de l'Assemblée nationale, ils ont pu laisser croire que le premier ministre Charest et la chef de l'opposition, Pauline Marois, se voyaient davantage comme des ennemis que comme des adversaires.
Plusieurs spécialistes et même des politiciens mettent en avant plusieurs propositions pour que revienne la civilité dans les parlements. Cela va de la réforme du mode de scrutin jusqu'à la révision des règles parlementaires pour les rendre plus sévères. Certains avancent même l'idée qu'il faudrait sortir les caméras de télévision des parlements.
L'idée de priver de télévision les députés, comme on prive de dessert des enfants trop turbulents à table, fait sourire, mais est impossible. L'exercice de la période de questions quotidienne est devenu la vitrine de notre système démocratique sur laquelle on ne peut baisser le rideau. Elle devrait néanmoins faire réfléchir les parlementaires quant à la nécessité de revoir le spectacle qu'ils donnent et de s'autodiscipliner. Il ne s'agit pas de cesser de débattre du registre des armes à feu ou de la pertinence d'une enquête publique sur la corruption, tout au contraire. Mais tout est dans la manière dont ils le feront, dans le respect de leurs adversaires, mais aussi dans le respect de leurs concitoyens qui, eux, apprécient de moins en moins le spectacle. Ils le disent d'ailleurs en s'abstenant de voter en nombre toujours plus grand.
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