Voilà qui nous sommes !

À qui référons-nous quand, voulant désigner la collectivité à laquelle nous appartenons, nous disons : « nous » ?

17. Actualité archives 2007



Le récent débat sur la nation québécoise, qui a culminé lors de l’adoption de résolutions formelles tant par l’Assemblée nationale, il y a déjà quelques années, que plus récemment par la Chambre des communes fédérale reconnaissant que les Québécois forment une nation, est venu donner une réponse définitive à cette question. C’est là d’ailleurs son principal mérite.
En disant « nous », il est maintenant clair que nous référons à l’ensemble des personnes qui habitent le Québec. Quelle que soit leur origine ethnique ou leur langue maternelle. Quelle que soit leur religion ou la place de leur naissance.
Il n’en a pas toujours été ainsi. Pendant longtemps, le « nous » désignait tous ceux qui, au Canada et même aux États-Unis, étaient originaires du Québec ou de l’Acadie, parlaient français et étaient catholiques. Nous faisions partie de la nation canadienne-française (on disait alors la « race »), un des deux peuples fondateurs du Canada.
C’est surtout depuis la Révolution tranquille que le concept d'une nation québécoise s’est affirmé et, peu à peu, a remplacé celui de la nation canadienne-française. Cette évolution a suivi son cours et est maintenant terminée. C’est une réalité sociologique de grande importance.
Cette notion d’identité collective québécoise est non seulement fondamentale, mais elle est également libératrice. En raison de son caractère ethnique et pan-canadien, l’ancien « nous » s’est révélé un boulet rendant illusoire toute perspective de développement national, comme l’a démontré avec brio Gérard Bouchard dans son dernier ouvrage La pensée impuissante. Tandis que le nouveau « nous », relié au seul territoire québécois mais inclusif de tous ses habitants, permet de penser l’avenir national de façon réaliste, que ce soit dans un « Canada uni » ou dans un Québec souverain.
En un sens, le Québec revient à ce qu’il était avant l’Acte d’Union de 1840 et se libère enfin des conséquences du Rapport Durham qui avait voulu le faire disparaître en le fusionnant à l’Ontario. Il revient à ses origines et reprend avec une histoire dont il fêtera bientôt les 400 ans.
Le nouveau « nous » est bien différent de l’ancien. Il n’est plus exclusivement « pur laine » mais reconnaît l’apport important de la minorité anglaise à l’édification de la personnalité québécoise. Il accepte l’existence en son sein de nations autochtones. Il apprécie la contribution des nombreuses communautés culturelles qui sont venues enrichir son patrimoine culturel. C’est un « nous » pluriel et moderne, ouvert au monde et à la diversité, résolument axé sur le savoir et le respect de l’environnement.
La reconnaissance de la nation québécoise est, bien sûr, un geste essentiellement symbolique. Mais c’est précisément ce qui fait sa force et lui donne son importance. Car elle reconnaît officiellement l’identité collective que les Québécois se sont donnée pour penser leur devenir et assurer leur avenir.
Et sur ce, je vous souhaite à tous une Année 2007 remplie de paix et de bonheur, en espérant que la nation québécoise saura profiter des élections qui s’en viennent pour accélérer sa marche vers sa pleine maturité politique.


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