WikiLeaks, Harper et une promesse secrète faite à l'OTAN

Actualité québécoise 2011



Jusqu'à l'annonce de la mission de formation, le gouvernement Harper avait affirmé qu'il allait mettre fin à la mission de combat et que les troupes canadiennes reviendraient au pays.
Photo: Sean Kilpatrick, Archives PC


Murray Brewster La Presse Canadienne Ottawa - Le premier ministre Stephen Harper aurait secrètement promis à l'OTAN, dès le début de 2010, que le Canada considérerait la possibilité de demeurer en Afghanistan pour y mener une mission de formation militaire, selon un câble diplomatique américain.
Ottawa aurait ainsi dissimulé ce scénario pendant des mois, soit jusqu'à ce que la nouvelle mission soit annoncée, en novembre.
Jusqu'à l'annonce de la mission de formation, le gouvernement Harper avait affirmé qu'il allait mettre fin à la mission de combat et que les troupes canadiennes reviendraient au pays.
Les Forces canadiennes sont maintenant prêtes à déployer jusqu'à 950 militaires dans des bases se trouvant à Kaboul, à Mazar-e-Sharif et à Herat.
En janvier 2010, le secrétaire général de l'OTAN a demandé au premier ministre Harper et à son ministre de la Défense, Peter MacKay, de se joindre au commandement d'une mission de formation en Afghanistan.
Le câble diplomatique américain, qui date du 20 janvier 2010 et consiste en un résumé de discussions à l'ambassade des États-Unis au Canada, relate que Stephen Harper avait promis d'«évaluer cette possibilité».
Le document, publié par WikiLeaks, conduit à penser que le premier ministre s'inquiétait de la possibilité que le départ des troupes canadiennes soit qualifié de «retrait».
Stephen Harper avait affirmé que la décision des États-Unis de commencer à ramener leurs soldats de l'Afghanistan «n'aidait pas son gouvernement sur le plan politique», parce que ce retrait rendrait plus difficile la tâche de convaincre l'opinion publique canadienne de laisser les troupes sur place, selon le câble diplomatique.
Le secrétaire général de l'OTAN, Anders Fogh Rasmussen, avait expliqué à M. Harper qu'il craignait que le retrait des soldats canadiens ne provoque un «effet domino». Il avait dit s'inquiéter du fait que les gouvernements allemand et français ne subissent davantage de pression de la part de leur population en faveur du retrait des troupes.
Mais M. Harper s'est dit en désaccord avec cette opinion. Il a ajouté que le Canada avait apporté une grande contribution en Afghanistan comparativement à celle d'autres pays.
Stephen Harper avait expliqué au secrétaire général de l'OTAN qu'il voyait trois inconvénients au maintien des troupes en Afghanistan, dont le nombre élevé de soldats morts au combat, qu'il considérait comme l'élément le plus nuisible. Il a ajouté que la perception que peu de progrès étaient réalisés en Afghanistan minait le moral de la population canadienne.
Stephen Harper a soulevé des questions au sujet de la légitimité et de l'efficacité du gouvernement afghan, qu'il a qualifiées de problématiques. À l'époque, le président Hamid Karzaï sortait d'une élection entachée par des allégations de fraudes et de corruption.
Selon le câble, M. Harper s'est également dit prêt à céder la responsabilité de la gouvernance pour la sécurité aux Afghans «le plus possible, le plus rapidement possible».


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