Après s'être isolé pendant cinquante ans, le Québec francophone doit se trouver des alliés
13 septembre 2017
Je réponds brièvement aux commentaires, mes chroniques suivantes reviendront sur ces sujets très intéressants abordés par mes lecteurs.
M. Gignac :
Dans votre avant dernier texte, vous exprimiez que le vrai but souhaité par les péquistes ou les souverainistes, c’était un renouvellement de la constitution "canadian". Cet été, par deux fois, Trudeau fils a rejeté cette idée de renouvellement ou de discussions sur ce sujet. Soit que nous continuions à rêver en couleur pour un renouvellement de la constitution du pays des autres ou que nous claquions la porte par l’indépendance du Québec.
Les PM et les chefs de l'opposition du PQ ont toujours travaillé dans un sens qui ne pouvait qu'aboutir au renouvellement du fédéralisme. Ils ne croyaient pas possible de faire autrement, sauf Jacques Parizeau qui, au moment critique n'était plus appuyé par son propre cabinet, qui l'avait déjà délaissé pour Lucien Bouchard. Tout succès futur du PQ ne pourrait que conduire à des accords avec le Canada qui modifieraient le statut du Québec. Ce n'est qu'en cas d'échec de ces accords que la sécession unilatérale du Québec deviendrait une option. Entre temps, cette option restera très minoritaire.
M. Bariteau :
Votre alignement prône la recherche d’alliés francophones hors Québec, ce qui consiste à remodeler la « nation ethno-culturelle » prisée par le chanoine Groulx et, conséquemment, à rejeter le projet de faire un pays du Québec.
M. Bariteau, depuis plusieurs années vous revenez sur la «nation ethno-culturelle» en l'opposant à la république inclusive. Or, je trouve que cette définition de l'approche conservatrice de l'indépendance du Québec ne correspond pas à la réalité. Le peuple du Québec est déjà très métissé, n'est pas composé d'une seule ethnie et la culture québécoise n'est pas une culture fixée avec des codes et des rites bien à elle. Des groupes de jeunes ne marchent pas dans la rue portant la ceinture fléchée pour entonner des chants patriotiques. J'étais dans une réception familiale en fin de semaine et le disc jokey n'a fait joué que de la musique anglaise et latino et personne ne s'y est opposé. La seule chanson francophone de la soirée est venue quand on a demandé à ma mère, qui a 90 ans, de nous chanter quelque chose. C'est ça la culture québécoise, une culture fortement mondialisée (américanisée) où les jeunes tatouent sur leur peau les symboles du commerce mondial. Une culture faible, plus en danger d'extinction que de ritualisation excessive. Le Québec francophone n'est pas la Prusse du XVIIIè siècle, ni le Japon qui ne reçoit aucun immigrant, ni l'Ukraine de 2017 ou des bandes agressives marchent au pas avec des torches en scandant «Gloire aux héros».
Micheline Lachance des IPSO, identifie le nationalisme ethnique comme une identité qui nous a été imposée de l'extérieur : «Les Canadiens français ont longtemps été considérés comme un groupe ethnique par l'État fédéral et dans la littérature anglo-saxonne du continent, mais ils ont remis en question ce statut «attribué», et ceux du Québec se sont redéfinis autour d'une identité territoriale, citoyenne, mue par un projet politique d'affirmation, d'autonomie, voire d'indépendance.»
Dans ce contexte, redouter un supposé nationalisme ethno culturel chez les Québécois m'apparaît en continuité avec la vision négative propagée «par l'État fédéral et dans la littérature anglo-saxonne du continent.»
M. Haché :
Nous seuls ne signifiant pas qu’un gouvernement québécois devraient s’empêcher de regarder par-dessus la Clôture…
Exactement. Que les Canadiens francophones de partout forment une ou plusieurs nations importe peu pour le moment. Mais comme on voudrait l'appui de la France ou d'autres pays, une stratégie intelligente ne peut faire l'économie d'entamer des dialogues et de jeter des ponts avec tout ce qui au Canada affaiblit les assises de la constitution canadienne. Tous ceux qui ont des griefs envers la constitution canadienne, y compris les Premières nations, devraient se coaliser minimalement pour rédiger, chacun pour soi, leur cahier constitutionnel et pousser le Canada au pied du mur. C'est dans l'intérêt du Québec.