Choisir le Bloc ou Harper, Mulcair et le fils de l'autre?
11 décembre 2014
Je viens de me rendre sur le site du BQ pour y choisir un communiqué, un texte au hasard. Tiens, je tombe sur ceci : Déclaration sur l’indépendance journalistique de Radio-Canada
http://www.blocquebecois.org/horizon2015/textes.php?t=8561
Ce que nous dit Mario Beaulieu, c'est que la liberté de presse est menacée. Une menace qu'il attribue à des causes circonstancielles, des causes auxquelles il serait possible de remédier à l'intérieur du fédéralisme si des politiques plus respectueuses de la liberté de la presse remplaçaient les interventions politiques avérées ou supposées du gouvernement au pouvoir auprès du radio-diffuseur.
Qu'y a-t-il de changé au Bloc avec Mario Beaulieu ? Peu de choses sur le fond, j'en ai bien peur. Nous en sommes toujours aux réclamations compatibles avec le régime fédéral. Rien d'autre. Il y a là, dans l'énoncé de politique de Mario Beaulieu, une dissimulation du fait que le problème avec Radio-Canada ne réside pas tant dans la politique particulière du gouvernement Harper mais dans le fait que l'institution radio-canadienne a pour mandat explicite de défendre le fédéralisme. Petit détail que Mario Beaulieu passe sous silence. Peut-être à cause du fait qu'il hésite à parler du remède qui va à la racine du mal. Il y aurait pourtant bien des façons de s'attaquer à la cause essentielle de nos déboires au sein du Canada. J'en évoque une ici.
Pourquoi ne pas formuler à la Chambre des Communes le projet que la nation québécoise soit soustraite à la promotion du fédéralisme, une obligation constitutive de la SRC, en réclamant que Radio-Canada cède son autorité en matière de contenu au Québec, lequel pourrait ainsi mieux défendre son existence et sa diversité politique par la présentation d'un contenu plus équilibré sur la question nationale ?
On m'objectera que Radio-Canada est de compétence fédérale. Qu'à cela ne tienne, le Bloc devrait être là pour questionner la légitimité des compétences fédérales lorsqu'il s'agit de nos intérêts nationaux. Une légitimité qu'on aurait d'ailleurs tout le loisir de mettre en pièces en rappelant que le Québec n'est pas signataire de la constitution canadienne, entre autres arguments.
Quelle différence y a-t-il entre les deux approches que je viens d'évoquer plus haut ? C'est la différence entre le traditionnel «ajustement fédéraliste» (approche que j'appelle conjoncturelle ou circonstancielle) et l'approche de la défense du Québec par la formulation de propositions en Chambre (naturellement répercutées dans le débat public) qui visent l'acquisition de pouvoirs accrus, qui mettent en cause le lien structurel avec le Canada (approche essentielle).
Je me range donc du coté du rédacteur de cette tribune puisque, du moins dans le cas que je viens d'examiner, qui n'est sans doute pas un cas isolé, le Bloc québécois représente l'expression politique d'une nation assujettie, un parti qui ne projette pas la volonté de puissance qui pourrait mener à l'indépendance. En se limitant à réclamer des ajustements possiblement irrecevables par la présente législature mais tout à fait compatibles avec la nature du fédéralisme, le Bloc poursuit sur le chemin déjà bien tracé par Lucien Bouchard et Gilles Duceppe. On peut certes donner la chance au coureur, mais pour l'instant le Bloc joue le rôle objectif de mieux adapter le fédéralisme canadien aux réalités québécoises, et s'il échoue il aura continué à nourrir l'illusion que cela est possible.