Allemagne : déroute électorale pour Angela Merkel et percée des nationalistes en Thuringe

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Le parti de Merkel est troisième derrière l'extrême gauche et la droite nationale


Lors des élections de ce dimanche 27 octobre pour le Parlement de l’État allemand de Thuringe, le parti patriotique Alternative pour l’ (AfD), conduit par le chef de file de son aile la plus nationaliste Björn Höcke, double son score en décrochant 23,4 %, soit une progression de 12,8 points par rapport à 2014, et arrive deuxième. Les post-communistes de Die Linke sont premiers, avec 31 % des voix, soit une progression de 2,8 points.


Les démocrates-chrétiens de la CDU, le parti de la chancelière fédérale Angela Merkel, chutent de 11,7 points et tombent à 21,8 %. Les sociaux-démocrates du SPD, qui gouvernent l’Allemagne avec la CDU et ses alliés sociaux-chrétiens bavarois de la CSU, reculent de 4,2 points et obtiennent 8,2 %.


Les écologistes de Bündnis 90/Die Grünen restent au Parlement de Thuringe avec plus de 5 % des voix alors que les libéraux du FDP, doublant leur score, entrent au sein de cette assemblée avec juste les 5 % nécessaires afin d’obtenir des élus.


Trente ans après la chute du rideau de fer, une majorité des citoyens de Thuringe, parmi ceux acceptant encore de se déplacer aux urnes – la participation étant de 64,9 % -, ont choisi soit un parti qui porte l’héritage du système qui a régi durant les décennies d’après-guerre la République démocratique allemande, communiste, contre lequel la population est descendue massivement dans la rue au péril de sa vie en 1989, soit un parti patriotique dont la figure de proue en Thuringe, Björn Höcke, représente le nationalisme, héritier de la réaction à l’occupation napoléonienne au début du XIXe siècle, théorisé à cette époque par Johann Gottlieb Fichte et d’autres écrivains tels que Ernst Moritz Arndt et Friedrich Ludwig Jahn, et anticipé par Johann Gottfried von Herder. Ce phénomène met en avant la désillusion des citoyens de l’est du pays face au système politique en place et à ses dérives, sous la conduite de la dirigeante du pays Angela Merkel. La politique des frontières ouvertes mise en œuvre par cette dernière provoque un mécontentement de la population qui est confrontée à la délinquance.


La répartition des 90 sièges de l’assemblée donne 29 sièges aux post-communistes, 22 aux patriotes, 21 aux démocrates-chrétiens, 8 aux sociaux-démocrates, 5 aux écologistes et 5 autres aux libéraux.


La formation de la future coalition gouvernementale en Thuringe constitue un casse-tête, car les démocrates-chrétiens de la CDU refusent de gouverner avec l’AfD ou Die Linke et devront donc tolérer un gouvernement minoritaire constitué des post-communistes de Die Linke, des sociaux-démocrates et des écologistes. Les libéraux affirment refuser de gouverner avec Die Linke.


De plus, au sein de la coalition sortante rouge-rouge-verte qui a gouverné la Thuringe au cours des cinq dernières années, sous la conduite du ministre-président Bodo Ramelow (Die Linke), les rapports de force sont désormais modifiés en faveur de Die Linke et au détriment des sociaux-démocrates du SPD.