Mauricio Macri, le président argentin libéral de droite risque de ne pas renouveler son mandat présidentiel en octobre. La gauche péroniste menée par Alberto Fernandez et l'ex-présidente Cristina Fernandez de Kirchner a remporté la primaire.
La gauche péroniste vient de s'assurer toutes les chances de revenir au pouvoir en Argentine, quatre ans après la prise de pouvoir de Mauricio Macri. Alberto Fernandez, allié de l'ex-présidente Cristina Fernandez de Kirchner, péroniste de centre-gauche et ex-chef du gouvernement a infligé, le 11 août, une lourde défaite au président libéral de droite lors de la primaire de la présidentielle qui doit se tenir en octobre.
Lors de cette répétition générale, le tandem Alberto Fernandez-Cristina Kirchner est arrivé loin devant avec 47% des voix. Un résultat éloquent en forme de désaveu de l'actuel président, au pouvoir depuis 2015. Le duo Macri-Pichetto est en effet arrivé loin derrière ses rivaux avec seulement 32% des suffrages. Une troisième liste, qui se revendique également péroniste, composée de Roberto Lavagna et Juan Urtubey a pour sa part recueilli 8% des voix. Celle-ci espère attirer au centre les déçus du macrisme et du kirchnerisme.
«A ceux qui nous ont fait confiance, je les remercie du fond du cœur. Nous sommes certains que l'Argentine a besoin de construire une nouvelle histoire. A ceux qui n'ont pas voté pour moi, je promets de travailler pour qu'ils me comprennent. Nous allons commencer une étape nouvelle», s'est félicité Alberto Fernandez devant une foule de plusieurs milliers de partisans en liesse.
Si le candidat péroniste obtient le même score à l'élection présidentielle du 27 octobre, il sera proclamé vainqueur dès le premier tour, puisque selon la loi électorale argentine il suffit pour cela d'obtenir au moins 45% des suffrages, ou bien 40% et une avance de dix points sur le candidat arrivé deuxième.
«Nous avons subi une mauvaise élection et cela nous oblige, à partir de demain, à redoubler d'efforts. Nous regrettons de ne pas avoir eu tout le soutien que nous espérions», a rapidement reconnu le chef de l'Etat du plus grand pays hispanophone d'Amérique latine, qui vit une grave crise économique.
Le système de primaires générales pour tous les partis politiques, le même jour et lors d'un scrutin national, est une particularité argentine créée en 2009. Dans ce pays de 34 millions d'électeurs où le vote est obligatoire – le taux de participation s'est élevé à 75% –, il s'agit plutôt d'un sondage grandeur nature avant les élections générales d'octobre. Il n'empêche que depuis 2009, les scores des scrutins présidentiels n'ont pas démenti les scores des primaires.
A la surprise générale, l'ancienne présidente Cristina Kirchner, qui était pourtant en tête des sondages, s'était mise en retrait, le 18 mai, au bénéfice de son allié Alberto Fernandez, le laissant briguer le fauteuil de président qu'elle a occupé de 2007 à 2015.
Inculpée dans plusieurs affaires, l'ex-présidente âgée de 66 ans conserve néanmoins une popularité non négligeable et une influence déterminante sur le parti Unité citoyenne qu'elle a fondé et qui a investi Alberto Fernandez. Leur ticket électoral se présentait sous une bannière baptisée Le Front de tous (El Frente de todos).
Mauricio Macri, 60 ans, avait lui aussi créé la surprise en choisissant comme colistier le dirigeant péroniste Miguel Angel Pichetto, rompant avec sa doctrine qui l'avait conduit jusque-là à tenir à l'écart les péronistes de son gouvernement.
Auteur: RT France
Macri, candidat préféré des marchés financiers
Signe de l'intérêt pour ces primaires, la Bourse de Buenos Aires avait fermé le 9 août en hausse de 8%, les analystes expliquant cette tendance par certains sondages plus favorables à Mauricio Macri, candidat favori des marchés, même si le duo Fernandez-Kichner était donné gagnant.
Mais après la lourde défaite de Macri, la Bourse argentine a dégringolé de 37,93% à la clôture le 12 août.
D'autre part, comme pour mieux signifier la préférence des marchés financiers, le peso argentin a dégringolé entre le 9 août et le 12 août de 18,76% à la clôture du marché des changes.
Au terme de la journée du 12 août, la monnaie argentine s'échangeait à 57,30 pesos pour un dollar contre 46,55 pesos le 9 août à la fermeture.
Submergée par deux crises monétaires en 2018 ayant fait perdre 50% de sa valeur à sa monnaie, l'Argentine de Macri a appelé le Fonds monétaire international (FMI) à la rescousse, pour obtenir un prêt de plus de 57 milliards de dollars.
Dans ce pays en récession depuis un an, l'inflation reste très élevée sur les 12 derniers mois, à 40%, ainsi que le chômage, à 10,1%.
Meriem Laribi