Le Nicaragua de Somoza à Ortega : une tragédie

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Bonnet rouge, rouge bonnet : quand la tyrannie familiale sanguinaire de gauche remplace celle de droite


J’étais à Managua, le 19 juillet 1979, lorsque le Front sandiniste de libération nationale a conquis le pouvoir par la force des armes, renversant le régime dictatorial de la famille Somoza qui durait depuis 43 ans.


J’ai cru assister au début d’un temps nouveau. Le soulèvement populaire sandiniste allait-il briser la chaîne des dictatures qui tourmentait l’Amérique latine depuis toujours ? Quarante-deux ans se sont écoulés depuis. Cette lueur d’espoir démocratique s’est transformée en une autre autocratie brutale.


L’ancien guérillero sandiniste Daniel Ortega vient d’être réélu pour un quatrième mandat consécutif avec son épouse colistière, la vice-présidente Rosario Murillo. Le couple prétend avoir remporté le scrutin avec 75 % des voix. La participation a plafonné à 18,5 %.





L’élection d’Ortega condamnée à l’international


Le Canada, les États-Unis, l’Union européenne et d’autres pays de la région, dont le Costa Rica et le Panama, ont critiqué le processus électoral dévoyé. Amnesty International a qualifié la réélection d’Ortega d’« effrayante ».


Le président Joe Biden parle de « simulacre d’élection qui n’était ni libre ni équitable, et certainement pas démocratique ». Elle a été rejetée en bloc par les adversaires d’Ortega comme une « farce », après l’arrestation de sept candidats d’opposition. Trente-deux autres opposants et journalistes ont aussi été emprisonnés et trois partis politiques interdits. Aucun des dirigeants sandinistes de l’époque n’est avec Ortega aujourd’hui : ceux qui ne sont pas morts sont dans l’opposition ou en exil.


En avril 2018, des manifestations pacifiques réclamant le départ du couple présidentiel ont entraîné une répression sanglante qui a fait 328 morts, et poussé à l’exil plus de 100 000 Nicaraguayens. Des milliers d’entre eux ont cherché à entrer aux États-Unis ces derniers mois.


Ortega rêve d’un système à parti unique comme Cuba


Daniel Ortega, 75 ans, dépend politiquement et psychiquement de sa femme, Rosario Murillo, une « germaine ». Par la manipulation politique et la violence, les Ortega-Murillo sont en train de se créer une dynastie autoritaire du genre de celle qui domine actuellement la Corée du Nord... et comme celle des Somoza avant eux. Un système politique à parti unique à la cubaine.


Ortega s’est assuré de l’appui des dictatures de gauche latino-américaines et de la Russie. Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, s’est félicité de sa victoire. Les présidents cubains, boliviens et vénézuéliens ont exprimé leur solidarité avec Ortega et sa femme.


La famille Ortega-Murillo et leurs proches soutirent des millions de dollars d’entreprises gouvernementales alors que la plupart des Nicaraguayens vivent dans la pauvreté. Le Nicaragua (6,6 millions d’habitants) est le deuxième pays le plus pauvre des Amériques, après Haïti.


Les Nicaraguayens ne peuvent s’attendre qu’à plus de répression de la part de la clique Ortega victorieuse. Selon Oscar René Vargas, un analyste politique nicaraguayen, Ortega ne quittera jamais le pouvoir, « car quitter le pouvoir, c’est sa mort ».


La tragédie du Nicaragua est-elle prémonitoire ? Quand un pays commence à glisser vers la dictature, il peut difficilement s’arrêter. N’est-ce pas ce qui se passe actuellement chez nos voisins du Sud ?











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