Assez de calmants

Industrie forestière en crise


Un entrefilet. C'est la place que Stephen Harper a accordée à la forêt dans son discours du Trône mardi. Le premier ministre a beau se dire "conscient des défis auxquels sont confrontés les secteurs clés tels que la foresterie", il n'a pas précisé comment il entend aider cette dernière. Le secteur devra prendre son mal en patience.
Que l'industrie forestière soit en crise, ça ne fait aucun doute. Plus de 10 000 travailleurs ont perdu leur emploi ou font l'objet de mises à pied qui menacent de devenir permanentes. Les régions touchées craignent le pire, avec raison. Pas étonnant que l'enjeu ait monopolisé les débats à l'Assemblée nationale mardi. L'opposition, les syndicats, l'industrie, les élus régionaux, tout le monde presse Québec et Ottawa d'agir sans attendre.
Les interventions préconisées, cependant, nous laissent perplexe. Diminuer le tarif du bois utilisé pour les pâtes et papiers? Réinvestir massivement pour moderniser la machinerie existante? On gagnerait peut-être un peu de temps, mais guère plus. Pour des centaines de millions de dollars de fonds publics, c'est un peu mince comme retour sur l'investissement.
Si on veut sortir le secteur du marasme, il va falloir regarder les choses en face. Des fermetures d'usines, il y en aura d'autres, c'est inévitable, car la capacité de production dépasse les besoins, En particulier dans le bois d'oeuvre et le papier journal. La construction résidentielle américaine n'est pas près de reprendre et la demande de papier journal ne reviendra jamais au niveau d'avant internet. Le huard, par contre, ne semble pas du tout disposé à redescendre. L'industrie devra se passer de cet avantage concurrentiel pour un bon bout de temps encore.
Comme on le voit, le patient est à terre, mais on ne le remettra pas sur pied avec des calmants. Pour qu'il se remette à marcher, il va falloir investir dans la réadaptation.
Cela fait des années qu'on répète que l'industrie doit se renouveler, privilégier la surtransformation, développer des produits innovateurs avec lesquels elle ne sera pas en concurrence avec les pays émergents. Si on veut aider les entreprises à acheter de la machinerie neuve, il faut le faire en tenant compte de cet objectif, car c'est une opération coûteuse qu'on ne répétera pas de sitôt. Et toute attribution de fonds publics doit procéder de la même logique.
Il est temps de voir la forêt québécoise pour ce qu'elle est vraiment, c'est-à-dire une richesse et non un problème. Le problème, c'est la courte vue avec laquelle on l'a trop longtemps exploitée, aggravée de facteurs hors de notre contrôle. Rien qui puisse se régler d'une simple injection, même massive, de fonds gouvernementaux. Il faut se donner les moyens de tirer à nouveau profit de cette richesse considérable.
Québec veut se donner plus de marge de manoeuvre dans la gestion de la forêt, a déclaré le ministre des Ressources naturelles, Claude Béchard, cette semaine. Espérons que le geste suivra la parole. Ce n'est pas d'un chèque en blanc que la forêt québécoise a besoin, mais de réalisme, de vision et de leadership. Ça vaut pour l'État autant que pour tous ceux qui réclament son intervention.
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