CRISE MIGRATOIRE

Berlin tape du poing et exige un sommet

Les migrants sont bloqués à la frontière serbo-hongroise

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Encore une illustration de la désunion européenne

Exacerbés par la crise politique qui perdure au sein de l’Union européenne, la chancelière allemande, Angela Merkel, et son homologue autrichien, Werner Faymann, ont réclamé mardi la tenue la semaine prochaine d’un Conseil extraordinaire de l’UE sur la crise migratoire. Pour sa part, complètement débordée, la Serbie a exhorté la Hongrie voisine à rouvrir sa frontière face à un afflux de migrants qu’elle ne peut plus gérer.

Le président du Conseil, qui réunit les chefs d’État et de gouvernement de l’UE, Donald Tusk, a indiqué mener des consultations à ce sujet. Il annoncera sa décision jeudi, deux jours après l’échec de la rencontre des ministres de l’Intérieur des 28.

En portant le dossier au plus haut niveau, l’Allemagne entend obtenir une répartition contraignante des migrants entre pays de l’UE, alors que Berlin accueille la majorité d’entre eux. Près d’un million sont attendus cette année. Berlin semble à bout de patience face aux divergences entre Européens sur la question. Deux ministres allemands ont agité mardi la menace d’une baisse des aides européennes aux pays de l’UE qui refuseraient de participer à l’effort. L’Allemagne vise ainsi les pays d’Europe de l’Est qui ne veulent pas entendre parler d’un tel système obligatoire.

Le premier ministre slovaque, Robert Fico, a lui aussi souhaité mardi un Conseil européen sur la crise, mais avec l’objectif d’y réitérer son refus de se faire « dicter » des quotas.

Les ministres de l’Intérieur de l’UE doivent quant à eux se retrouver le 22 septembre à Bruxelles pour une nouvelle réunion extraordinaire, afin de tenter de se mettre d’accord sur la répartition de 120 000 migrants.

La frontière serbo-hongroise

Belgrade s’est dit incapable de gérer le flux de migrants bloqués sur son sol après la fermeture de la frontière par Budapest. « L’idée de renvoyer vers la Serbie tous les migrants alors que d’autres ne cessent d’affluer, en provenance de Grèce et de Macédoine, est inacceptable », a protesté le ministre serbe des Affaires étrangères, Ivica Dacic. « J’exhorte la Hongrie à ouvrir sa frontière aux migrants. Au moins aux femmes et aux enfants », a dit son collègue responsable des réfugiés, Aleksandar Vulin, au poste-frontière de Horgos où une centaine de migrants attendaient.

Avec l’aide de l’armée, Budapest a de facto fermé mardi aux réfugiés toute sa frontière avec la Serbie, par où étaient passés la grande majorité des 200 000 migrants qui ont transité par le pays cette année. Le pays gouverné par Viktor Orban, partisan d’une ligne très dure face aux réfugiés, prévoit en outre de construire une nouvelle clôture à sa frontière avec la Roumanie pour endiguer l’afflux. Bucarest a protesté en parlant d’une mesure qui n’est « pas conforme à l’esprit européen ».

Les migrants, parmi lesquels des enfants, attendaient mardi dans la confusion et parfois dans les larmes, en espérant une réouverture du point de passage officiel entre la Serbie et la Hongrie.

Les contrôles

Débordée par l’afflux de dizaines de milliers de réfugiés, parfois contraints de dormir dehors faute de structures d’accueil, notamment à Munich (sud), l’Allemagne avait annoncé dimanche soir le rétablissement des contrôles à la frontière, provoquant un effet domino : elle a entraîné dans son sillage la Hongrie, la Slovaquie et la République tchèque, la Pologne se disant prête elle aussi à le faire.

L’Autriche a confirmé elle aussi mardi qu’elle allait introduire des contrôles frontaliers, précisant que ceux-ci pourraient être effectifs à partir de minuit dans la nuit de mardi à mercredi.

Cette crise migratoire, la plus grave pour l’Europe depuis 1945, a vu plus de 500 000 personnes traverser les frontières extérieures de l’Union européenne entre janvier et août de cette année, contre 280000 pour l’ensemble de 2014, a annoncé mardi l’agence européenne Frontex.

De son côté, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a indiqué à Genève « craindre que l’indécision de l’Europe n’entraîne des morts supplémentaires ».


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