Libye

BHL s'est engagé "en tant que juif"

Géopolitique — Afrique du Nord


AFP - Le philosophe Bernard-Henri Lévy a déclaré aujourd'hui que "c'est en tant que juif" qu'il avait "participé à l'aventure politique en Libye", lors de la première Convention nationale organisé par le Conseil représentation des organisations juives de France (Crif). "J'ai porté en étendard ma fidélité à mon nom et ma fidélité au sionisme et à Israël", a-t-il déclaré.
Le Crif tenait à Paris sa première convention nationale, intitulée "Demain les Juifs de France", à laquelle participaient de nombreux intellectuels, politologues, sociologues, chercheurs. Près de 900 personnes ont ainsi assisté à des débats, très ouverts, souvent animés, sur les défis communautaires, les nouveaux visages de l'antisémitisme, ou les nouveaux défis pour les juifs de France.
Bernard-Henri Lévy, invité à s'exprimer sur ce thème a déclaré: "C'est en tant que juif que j'ai participé à cette aventure politique, que j'ai contribué à définir des fronts militants, que j'ai contribué à élaborer pour mon pays et pour un autre pays une stratégie et des tactiques". "Je ne l'aurais pas fait si je n'avais pas été juif", a poursuivi le philosophe. "Ce que je vous dis là, je l'ai dit à Tripoli, à Bengazi, devant des foules arabes, je l'ai dit lors d'une allocution prononcée le 13 avril dernier sur la grand place de Benghazi devant 30.000 jeunes combattants représentatifs de toutes les tribus de Libye", a-t-il ajouté.
LIRE AUSSI:
» BLOG - Bernard-Henri Lévy en Libye, la guerre intime
***
Bernard-Henri Lévy en Libye, la guerre intime
Par Sébastien Le Fol le 8 novembre 2011 - Comment Bernard-Henri Lévy a-t-il bien pu se retrouver, en mars dernier, au cœur de l’insurrection libyenne ? Comment a-t-il réussi à amadouer ses chefs au point d’en devenir le porte-parole, le conseiller, le souffleur et parfois même la plume ? Un début de réponse à la page 54 de son livre, La guerre sans l’aimer, le passionnant journal qu’il a tenu pendant ce conflit. Il est fourni par un professeur de français surnommé «Tournesol», qui servit de fixeur à BHL : «Vos habits… Juste vos habits... Personne, ici, n’est sapé comme ça… Et les journalistes encore moins.»
La guerre de Libye de BHL, une affaire de fringues ? La diplomatie de la chemise immaculée ? Et pourquoi pas ? Même si, ce que l’on voit à l’œuvre dans ce livre, c’est davantage le culot, l’entregent, la conviction et parfois même la culpabilité du narrateur. «Ce que l’on te reproche, cultive-le, c’est toi-même», écrivait Cocteau. Bernard-Henri Lévy suit sans complexe ce précepte. Ceux qu’insupportent son lyrisme, sa fausse modestie et son manque d’autodérision trouveront du grain à moudre dans La guerre sans l’aimer (ce type ne doute vraiment de rien, ironiseront-ils. Pas faux).
Les «souverainistes» («cette saloperie d’idéologie selon laquelle les nations ont toujours le dernier mot…») fustigeront son manichéisme, et lui rétorqueront «tout ça pour la charia ?». Les anti-sarkozystes primaires diront qu’il est manipulé par le président de la République, dépeint dans son récit comme un homme d’État déterminé, courageux et efficace, le premier à faire triompher le «devoir d’ingérence» cher au militant des droits de l’homme. Mais tous ces lecteurs hostiles ou sceptiques auraient tort de se limiter à leur première impression. La guerre sans l’aimer est le livre d’un homme qui croit encore en l’Histoire et en la littérature. Et son ouvrage est nourri de ces croyances. L’ombre de Malraux et de D’Annunzio plane sur ce récit épique et truculent. Personnel évidemment. Mais pourquoi en faire le reproche à l’auteur ? C’est tout ce qu’il projette sur cette affaire libyenne (ses remords, ses relations avec son père, la figure de son grand-père…) qui fait le prix de son livre.
Reste les questions que ne manqueront pas de poser la sortie de cet ouvrage maintenant. Bernard-Henri Lévy y raconte dans le détail ses conversations avec Nicolas Sarkozy et relate certaines réunions diplomatiques et militaires à l’Élysée. Qu’est-ce qui relève du secret d’État dans cette masse d’informations livrées au public ? La guerre sans l’aimer a un côté WikiLeaks. Mais un WikiLeaks rédigé avec fougue pour la bonne cause. Qu'aurait fait Lawrence d'Arabie d'un téléphone portable et d'une connexion Internet ?


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé