On a un bien étrange ministre de l’Éducation. Après « pas de livres dans les bibliothèques ? pas grave. » on a maintenant droit à « pas de maîtrise du français après les études? pas grave on te donne ton diplôme quand même. »
Comme nous l’apprenait mon collègue Régys Caron, « le ministre de l’Éducation Yves Bolduc envisage de diplômer des cégepiens qui échouent l’épreuve uniforme de français. »
Hallucinant !
Quand il a été confronté à un rapport suggérant que la réussite à l’examen de français ne soit plus un critère pour l’obtention du diplôme d’études collégiales (DEC) voici comment notre bon Dr Bolduc a réagi:
«Il y a des élèves qui ont toutes les compétences pour exercer un métier, excepté que dans leur cas, à cause de l’examen de français, ils n’auront jamais leur diplôme et ne pourront jamais travailler dignement (…) Je n’ai pas pris de décision (…) C’est un choix difficile (…) Je vais d’abord prioriser l’élève».
Dites donc, peut-on savoir ce qui importe aux yeux de Monsieur Bolduc ? Les livres et le français sont secondaire à ses yeux ? Ce qui semblait de la maladresse commence à ressembler à de l’incompétence.
Et que dire des auteurs du fameux rapport ? Ces gens-là pensent vraiment que la maîtrise du français n’est pas une condition suffisante à l’obtention d’un diplôme ? Le fait que 50% des Québécois soient des analphabètes fonctionnels ne les alarme pas ?
Peu importe le métier qu’on exerce, peu importe le rôle qu’on joue dans la société, la maîtrise de la langue est un incontournable. Une électricienne devra rédiger des estimés avant d’effectuer des travaux. Un réceptionniste devra s’exprimer dans une langue que tous peuvent comprendre.
Peu importe leur métier, les citoyens doivent tous un jour ou l’autre lire et comprendre un mode d’emploi, décrire leurs symptômes à un médecin, déchiffrer une lettre d’avocat.
Comment être un citoyen à part entière si on ne maîtrise pas la langue commune, qui est le ciment social par excellence ?
Est-ce trop demander de la part du ministre qu’il valorise minimalement certains des aspects fondamentaux de l’éducation ?
Comment percevrait-on un ministre des Finances qui affirme que les finissants de HEC n’ont pas besoin de passer leur cours de comptabilité pour obtenir leur diplôme ?
Ou un ministre de la santé qui serait d’accord pour que les étudiants en médecine obtienne leur diplôme même après avoir échoué le cours d’Anatomie 101?
Une lectrice m’a écrit ceci aujourd’hui, et ces quelques phrases sont plus sensées que bien des “rapports”.
Je suis renversée et inquiète, jusqu’où ira la complaisance de notre ministre de l’éducation sous prétexte de « prioriser l’élève ». Échouer l’examen de français, ce n’est pas échouer en art ou en éducation physique, c’est afficher une incompréhension vitale dans toutes les circonstances de notre existence. Lire et écrire sont à la base de n’importe quelle sphère d’activité. Peu importe le domaine vers lequel se dirige l’étudiant qui termine le CEGEP, il sera appelé à lire et à écrire. Il faudra que ses écrits soient clairs et, que de son côté, il comprenne les directives qui lui seront données par écrit. « La mer est à mes pieds » et « la mère est à mes pieds » ou « apporter le seau » et « apporter le sceau » me servaient d’exemples à mes enfants. Beaucoup d’étudiants, après le CEGEP, se dirigent vers des professions dans les domaines de la médecine, judiciaire, journalistique et autres, comment pourront-ils remplir leur rôle? La langue évolue parce qu’elle est vivante et il faut s’adapter à des mots nouveaux, à des expressions issues de langues étrangères, mais faut-il la massacrer?
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