Des propriétaires de bars qui ont investi beaucoup d’argent pour se conformer aux normes sanitaires sont en colère contre Québec et jugent « insensée » la fermeture de leurs portes après minuit.
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« C’est sûr que c’est la mort qui s’en vient, lâche Danny Jobin, propriétaire du Date Karaoké sur la rue Sainte-Catherine Est à Montréal. Aujourd'hui, j’ai été obligé de mettre une quinzaine de personnes à pied. Ils viennent de tuer le business. Le Date est une institution depuis 38 ans. »
En point de presse mardi, le ministre de la Santé, Christian Dubé, a annoncé qu’il ne serait plus possible de vendre de la nourriture dans les bars après minuit, ce qui signifie qu’ils devront fermer leurs portes à cette heure.
Comme d’autres tenanciers, M. Jobin a implanté une cuisine dans son établissement au début du mois d’août pour survivre à la crise. Avec un permis de restauration, il pouvait ainsi avoir des clients jusqu’à 3 h du matin.
Il a investi près de 10 000 $ pour l’aménagement de la cuisine.
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Le début de la fin
Selon Pierre Thibault, président fondateur de la Nouvelle Association des bars du Québec (NABQ), « c’est le début de la fin pour plusieurs bars au Québec ».
« On paye pour les délinquants qui ne respectent pas les règles. Un bar ou restaurant sur deux est menacé de fermer », dit-il.
À Québec, plusieurs propriétaires et tenanciers étaient aussi mécontents de voir le gouvernement jouer à nouveau au yoyo avec leur gagne-pain.
« On est la bête noire du gouvernement. Décret par-dessus décret, c’est la fermeture qui s’en vient. C’est calculé. Ça sera le dernier clou dans le cercueil de notre industrie. J’ai des employés en détresse totale », affirme Mathieu Castilloux, qui gère cinq bars et quatre restaurants autour de Québec.
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Moins de risque dans les bars
Les propriétaires de bars contactés par Le Journal estiment que cette nouvelle mesure risque d’augmenter les rassemblements dans les maisons.
« Je trouve ça complètement absurde. Moi, je paye quelqu’un pour faire respecter les mesures. Après minuit, les gens vont se déplacer dans les maisons et se sera plus risqué », prévient Rémi Dumas, copropriétaire de la brasserie Le Blind Pig dans le quartier Hochelaga à Montréal.
Le ministre Dubé a d’ailleurs rappelé mardi que la hausse des cas était surtout due aux événements privés. « C’est notre plus gros problème », a-t-il fait valoir.
« Les gens sont probablement plus safe dans un bar, croit pour sa part Pier Bourque, propriétaire du Nacho Libre sur la rue Beaubien Est à Montréal. On a des plexiglas, on a un portier qui surveille, on est toujours “checkés” par les policiers. Dans les fêtes privées, il n’y a pas de régulation. »
— Avec la collaboration de Jean-François Racine