Tout a été dit et écrit sur la crise qu’a vécue le Québec en octobre 1970. Toutefois, un élément important de cette turbulence a été souvent marginalisé des événements marquants de cette période historique, à savoir le manifeste du FLQ.
Pour bien m’y imprégner, j’ai cru bon de le relire et, malgré que ce texte ait été écrit il y a plus de 40 ans, j’ai été étonné de constater à quel point il est toujours d’actualité encore en 2011, particulièrement en ce qui a trait à la stagnation dans laquelle semblent se complaire les Québécois depuis des décennies.
Dans le but de vous remémorer l’essence de son contenu, j’ai cru bon de vous en citer quelques extraits :
« Le Front de libération du Québec n'est pas le messie, ni un Robin des bois des temps modernes. C'est un regroupement de travailleurs québécois qui sont décidés à tout mettre en œuvre pour que le peuple du Québec prenne définitivement en mains son destin…
Le Front de libération du Québec n'est pas un mouvement d'agression, mais la réponse à une agression, celle organisée par la haute finance par l'entremise des marionnettes des gouvernements fédéral et provincial…
Nous avons cru un moment qu'il valait la peine de canaliser nos énergies, nos impatiences comme le dit si bien René Lévesque, dans le Parti Québécois, mais la victoire libérale montre bien que ce qu'on appelle démocratie au Québec n'est en fait et depuis toujours que la « democracy » des riches…
Oui, il y en a des raisons à la victoire libérale. Oui, il y en a des raisons à la pauvreté, au chômage, aux taudis, au fait que vous M. Bergeron de la rue Visitation et aussi vous M. Legendre de Ville de Laval, qui gagnez 10 000 dollars par année, vous ne vous sentiez pas libres en notre pays le Québec…
Oui, il y en a des raisons pour que vous, M. Tremblay de la rue Panet et vous, M. Cloutier qui travaillez dans la construction à St-Jérôme, vous ne puissiez vous payer des « vaisseaux d'or » avec de la belle zizique et tout le fling flang…
Des tas de raisons…Oui, il y en a des raisons pour que vous, les assistés sociaux, on vous tienne de génération en génération sur le bien-être social…
Nous en avons soupé, et de plus en plus de Québécois également, d'un gouvernement de mitaines qui fait mille et une acrobaties pour charmer les millionnaires américains en les suppliant de venir investir au Québec, « la Belle Province », où des milliers de milles carrés de forêts remplies de gibier et de lacs poissonneux sont la propriété exclusive de ces mêmes Seigneurs tout-puissants du XXe siècle…
Des promesses de travail et de prospérité, alors que nous serons toujours les serviteurs assidus et les lèche-bottes des big shot, tant qu'il y aura des Westmount, des Town of Mount-Royal, des Hampstead, des Outremont, tous ces véritables châteaux forts de la haute finance de la rue St-Jacques et de la Wall Street…
Travailleurs de la production, des mines et des forêts; travailleurs des services, enseignants et étudiants, chômeurs, prenez ce qui vous appartient, votre travail, votre production et votre liberté. Et vous, les travailleurs de la General Electric, c'est vous qui faites fonctionner vos usines; vous seuls êtes capables de produire; sans vous, General Electric n'est rien!
Travailleurs du Québec, commencez dès aujourd'hui à reprendre ce qui vous appartient; prenez vous-mêmes ce qui est à vous. Vous seuls connaissez vos usines, vos machines, vos hôtels, vos universités, vos syndicats; n'attendez pas d'organisation miracle.
Faites vous-mêmes votre révolution dans vos quartiers, dans vos milieux de travail. Et si vous ne la faites pas vous-mêmes, d'autres usurpateurs technocrates ou autres remplaceront la poignée de fumeurs de cigares que nous connaissons maintenant et tout sera à refaire. Vous seuls êtes capables de bâtir une société libre.
Il nous faut lutter, non plus un à un, mais en s'unissant, jusqu'à la victoire, avec tous les moyens que l'on possède comme l'ont fait les Patriotes de 1837-1838…
Nous sommes des travailleurs québécois et nous irons jusqu'au bout. Nous voulons remplacer avec toute la population cette société d'esclaves par une société libre, fonctionnant d'elle-même et pour elle-même, une société ouverte sur le monde.
Notre lutte ne peut être que victorieuse. On ne tient pas longtemps dans la misère et le mépris un peuple en réveil. »
(version modifiée)
Henri Marineau
Québec
Lecture du manifeste du FLQ
Ça s'est passé le 8 octobre 1970
Tribune libre
Henri Marineau2095 articles
Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplô...
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Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com
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4 commentaires
Archives de Vigile Répondre
8 octobre 2011Dans le temps, on ne pouvait pas se faire servir en français chez Eaton. Aujourd'hui on ne peut pas se faire servir en français au dépanneur du coin.
Dans le temps c'était les grosses maudites anglaises. Aujourd'hui c'est les Chinois, les Coréens, les Tamouls, les Sighs.
On est plus colonisés que jamais.
Archives de Vigile Répondre
8 octobre 2011Le manifeste du Front de libération du Québec a été en son temps un grand document, il est et il demeurera un point de repère historique très important. Malheureusement, le FLQ a été et est toujours perçu comme le renégat du mouvement indépendantiste par une certaine tiède élite. Si les ténors souverainistes avaient accepté le FLQ comme les Irlandais ont accepté leur Irish republican army (IRA), nous serions probablement indépendants aujourd'hui. A la place, il y a eu la «capitulation tranquille» de la dite crise d'octobre.
La situation socio-économique des Québécois est meilleure qu'en 1970, soit. Mais il reste que nous sommes toujours une minorité gouvernée par le gouvernement étranger d'Ottawa, avec l'aide de transfuges. Encore et toujours, les Québécois et ces mêmes transfuges doivent dire: «Yes Sir».
Gilles Bousquet Répondre
7 octobre 2011En 1970, nous, Canadiens-français du Québec, étions encore un peu porteurs d'eau, nègres blancs et très majoritairement...locataires mais, les temps ont changé, grâce au PQ, pour la grande majorité, mieux éduqués, mieux payés, moins de chômage, plus propriétaires. Nos cultivateurs francophones sont passé de la culture de survivance, généralement pauvres sur leurs terres à entrepreneurs millionnaires, en grande majorité.
Nos boss ne sont plus tous des Anglais et ils ne résident plus autant seuls dans les quartiers chics de nos villes. Nos francophones les ont rejoints sur plusieurs points.
Archives de Vigile Répondre
7 octobre 2011l'original
http://www.youtube.com/watch?v=5SWhKIW9UUU
il a été repris lors du Moulin à paroles ce qui nous a valu la perte de la subvention de 20K de Sam Hamad
http://www.youtube.com/watch?v=1wLzn6QmNIQ&feature=related