Cachez ce ‘pro-russe’ que je ne saurais voir.

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Intensification de la propagande guerrière

Heureux habitants du monde civilisé, démocratique, vous aurez été sensible à la vague d’indignation soulevée par l’assassinat de Oles Bouzina à Kiev ce 16 avril. Derrière le nouveau rideau de fer, à l’abri de l’ignorance, vous vous êtes pleinement associés aux déclarations fermes et déterminées de vos dirigeants, exigeant une enquête rapide et efficace, et qu’une juste justice ‘’ justicie’’ les auteurs de cette mise à mort. Les mêmes exigences que celles qui foisonnèrent et vibrèrent pour le deuil de la démocratie à la mort de Boris Nemtsov, ou celle sauvage et cruelle des caricaturistes si drôles, si caustiques, si débridés de Charlie Hebdo. Pour la mort de Nemtsov, Poutine chargé du poids de ses fautes ordonna de bâcler une enquête menée sous la torture, bousculant quelques Tchétchènes. Pour Charlie, la justice implacable de la République ne laissa aucune parcelle d’oxygène aux tueurs : liquidés promptement au terme d’un rapide mais juste procès médiatique (avec BFM TV dans le rôle du procureur).


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Et voilà Oles Bouzina proprement abattu à Kiev, de trois balles dans le thorax. Si vous ne savez qui est Oles Bouzina, Google actualités vous martèlera que c’était un journaliste ‘’pro-russe’’. Ce qui est totalement faux, mais une excellente manière de mettre un bémol à l’indignation que pourrait susciter son assassinat. De même que la veille fut abattu un certain Kalashnikov, ex-président du parlement, lui aussi ‘’pro-russe’. Ce qui ne signifie aucunement que son exécution est justifiée, mais, comment dire… il avait participé à des actions pro-russe, donc un personnage controversé, et que … peut-être…


Mais revenons à Bouzina, et l’interview qu’il donna le 11 mars[1], un mois avant sa mort, à propos de sa démission du poste de rédacteur en chef du journal ukrainien à grand tirage ‘’Segodnia’’. Il expliquait très sereinement quitter ce poste car se considérant comme journaliste, il refusait de faire le ‘’public relation’’ du premier ministre ukrainien, le sinistre évêque scientologue Iatseniouk. Le pouvoir en place à Kiev avait strictement interdit de critiquer les actions de ce pantin. De même, les autorités contrôlaient directement le site Internet de ‘’Segodnia’’, sans en référer à Bouzina, mais lui interdisaient d’en faire état, l’obligeant à endosser la responsabilité des publications du site.


Ensuite il reçut l’interdiction de répondre aux interviews de médias russes. Lorsqu’il demanda en vertu de qui de quoi, craignez- vous que je tienne des propos séparatistes, ou que j’encourage les conflits, la réponse de l’autorité fut ‘’c’est comme ça’’.


Dans ces conditions il choisit de renoncer à ce poste de rédacteur en chef. Sans faire de déclarations tapageuses.


Un homme intelligent, respecté, oui il honorait sa profession et s’en prenait souvent aux journalistes russes, justement pour leur manque de discernement, leurs partis-pris. C’est un journal chinois qui a le mieux résumé son profil : ‘’ Il était connu pour ses positions indépendantistes et ses critiques envers l’actuel gouvernement’’[2]. La presse subsidiée du monde libre se contentant de le qualifier de ‘’pro-russe’’ : ce qui sous-entend, je ne crois pas verser dans l’outrance, qu’il est peut-être allé au-devant des balles de la nouvelle démocratie ukrainienne.


[1] http://www.vesti.ru/doc.html?id=2508982 texte en russe


[2] Xinhua http://french.xinhuanet.com/2015-04/17/c_134157994.htm



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