Calcul d'intérêts

Charest en Europe


Que Jean Charest ait dit à Paris que le Québec a les moyens de faire l'indépendance mais que cette dernière n'est pas dans son intérêt n'a ému personne au Canada anglais. Signe que les mentalités ont peut-être changé, la plupart des journaux n'ont pas parlé de la déclaration et les rares textes ou commentaires qui en ont fait état ont conclu que le premier ministre du Québec avait énoncé une évidence. Seule note discordante: William Johnson qui, dans le Globe and Mail, a déploré le fait que Charest s'en soit tenu à des arguments fondés sur les intérêts particuliers de la province. «Elle n'a donc aucune obligation envers ce pays et jouit de l'entière liberté de rester ou de partir», déduit Johnson, réprobateur. Il s'interroge sur la profondeur du sentiment fédéraliste du Parti libéral du Québec, notant au passage d'autres déclarations du ministre des Relations intergouvernementales canadiennes, Benoît Pelletier. Selon Johnson, leurs propos signifient que le Québec a le droit de se séparer de façon unilatérale, ce qui va à l'encontre de l'avis de la Cour suprême de 1998.
Richard Gwyn, dans le Toronto Star, fait remarquer pour sa part qu'on a toujours su que, peu importe la loi, si le Québec voulait quitter le Canada, il le ferait. Il ajoute qu'il était tout aussi clair «que le Québec ferait face à des difficultés considérables s'il se séparait mais qu'au bout du compte, il pourrait s'arranger seul». Avoir écrit ces mots il y a quelques années lui aurait donné une vague impression de trahison mais, aujourd'hui, ceux-ci semblent presque banals, ajoute Gwyn. «Le fait est que la séparation n'est plus la grosse affaire qu'elle était du temps de Pierre Trudeau, de l'accord du Lac-Meech et des débats déchirants et sans fin autour d'un statut particulier, de la société distincte et le reste.» Nombre de pays ont vu le jour, certains très petits. «Cela ne fait pas de la séparation une bonne chose. Cela causera toujours de la douleur des deux côtés», dit-il. Gwyn s'entend toutefois avec Johnson sur un point. Lui aussi est déçu de voir le débat réduit à un calcul d'intérêts.
Le roi Ralph
C'était la semaine du Stampede de Calgary et le premier ministre albertain, Ralph Klein, fidèle à la tradition, y a tenu son habituel déjeuner aux crêpes. Son dernier, en fait, puisqu'il doit annoncer sa démission officielle en septembre. Ceci explique largement d'ailleurs le traitement de rock-star que lui ont réservé des centaines de visiteurs. Mais la sortie du roi Ralph est l'occasion de rappels moins plaisants. Lundi, il a soutenu qu'il n'y avait que deux raisons pour vouloir lui succéder: la recherche du pouvoir et celle de la gloire. «Je me suis souvent demandé pourquoi ils voulaient cette pression, cette attention médiatique. Pourquoi veulent-ils cela?», a-t-il ajouté. Licia Corbella, du Calgary Sun, s'est alors demandé pourquoi, dans ces conditions, Ralph Klein s'est accroché si longtemps. Klein, note Corbella, a perdu le pouls de la population et a laissé l'impression depuis quelques années qu'il ne savait pas lui-même pourquoi il tenait à son poste. Lui qui avait un plan au moment de devenir premier ministre en était rendu à dire que son gouvernement fonctionnait sur le pilote automatique. Ceci explique largement que, malgré sa grande popularité, il ait reçu un vote de confiance médiocre en mars dernier. Il avait dit vouloir rester en poste jusqu'en septembre 2008 alors que, pour beaucoup d'Albertains, il avait fait son temps. Son parti l'a compris avant lui et l'a forcé à devancer son départ.
Chose certaine, Klein n'a plus l'ascendant voulu pour faire ce qu'il veut, écrit Tom Olsen, du Calgary Herald. Klein rêvait d'envoyer un autre chèque aux Albertains avant son départ, gracieuseté de la manne pétrolière, mais aucun des aspirants chefs n'en voulait et le caucus le savait. Lors de sa réunion lundi, après le petit-déjeuner du chef, les députés ont préféré s'attarder aux besoins de la province en infrastructure, en particulier dans le réseau scolaire. Du coup, plus de prime à l'ordre du jour. La décision a été remise à plus tard cet automne. Une défaite pour Klein, pense Olsen. Graham Thomson, du Edmonton Journal, constate que la base politique de Klein ne cesse de lui échapper depuis son décevant vote de confiance de mars, ce qui explique la révolte discrète contre une nouvelle ronde de chèques.
Alberta la verte?
L'impact environnemental de l'exploitation des sables bitumineux de l'Alberta préoccupe de plus en plus de gens dans cette province. Récemment, l'ancien premier ministre Peter Lougheed suggérait un moratoire sur les nouveaux développements, le temps de revoir les redevances trop basses perçues par la province et de trouver des réponses aux questions environnementales. L'ancien chef réformiste Preston Manning, qui a créé un think-tank consacré à la promotion de la pensée conservatrice, s'intéresse de façon particulière au cas albertain et à la nécessité d'y trouver un juste équilibre entre la protection de l'environnement et le développement économique. Manning croit à un «conservatisme vert», qui se traduirait par l'application des lois du marché aux questions environnementales, a-t-il confié en entrevue à Randy Burton, du Star-Phoenix, de Saskatoon. Selon Manning, voilà une idée qui séduira les Albertains et déclenchera la prochaine révolution politique dans la province. «Il s'agit de trouver comment utiliser les méthodes du secteur privé pour tirer le train environnemental vers l'avant.» Il reconnaît que l'application de cette idée est difficile mais offre les sables bitumineux en exemple. Les compagnies ne paient pas pour l'eau utilisée au cours du processus d'extraction, ce qui ne les encourage pas à changer de méthodes. Si l'eau coûtait quelque chose, les entreprises chercheraient à la conserver. «Quand les compagnies parlent des coûts associés au développement des sables bitumineux ou à la production d'un baril de brut synthétique, le prix devrait inclure les conséquences environnementales associées à ce développement et celui associé à la limitation de ces conséquences.» Le but étant d'en arriver à une évaluation des coûts qui soit plus responsable sur le plan environnemental, de prendre en compte la valeur d'un environnement propre dans toute décision économique. «Le secteur privé réagit au prix avant tout autre signal», poursuit Manning. Mais le gouvernement albertain s'en tient pour l'instant au «buffet à volonté» en ce qui a trait à l'exploitation des sables bitumineux. Manning convient que la province ne doit pas décourager l'investissement mais ajoute qu'on ne trouve cette ressource nulle part ailleurs.
L'impact environnemental de l'exploitation des sables bitumineux de l'Alberta préoccupe de plus en plus de gens dans cette province. Récemment, l'ancien premier ministre Peter Lougheed suggérait un moratoire sur les nouveaux développements, le temps de revoir les redevances trop basses perçues par la province et de trouver des réponses aux questions environnementales. L'ancien chef réformiste Preston Manning, qui a créé un think-tank consacré à la promotion de la pensée conservatrice, s'intéresse de façon particulière au cas albertain et à la nécessité d'y trouver un juste équilibre entre la protection de l'environnement et le développement économique. Manning croit à un «conservatisme vert», qui se traduirait par l'application des lois du marché aux questions environnementales, a-t-il confié en entrevue à Randy Burton, du Star-Phoenix, de Saskatoon. Selon Manning, voilà une idée qui séduira les Albertains et déclenchera la prochaine révolution politique dans la province. «Il s'agit de trouver comment utiliser les méthodes du secteur privé pour tirer le train environnemental vers l'avant.» Il reconnaît que l'application de cette idée est difficile mais offre les sables bitumineux en exemple. Les compagnies ne paient pas pour l'eau utilisée au cours du processus d'extraction, ce qui ne les encourage pas à changer de méthodes. Si l'eau coûtait quelque chose, les entreprises chercheraient à la conserver. «Quand les compagnies parlent des coûts associés au développement des sables bitumineux ou à la production d'un baril de brut synthétique, le prix devrait inclure les conséquences environnementales associées à ce développement et celui associé à la limitation de ces conséquences.» Le but étant d'en arriver à une évaluation des coûts qui soit plus responsable sur le plan environnemental, de prendre en compte la valeur d'un environnement propre dans toute décision économique. «Le secteur privé réagit au prix avant tout autre signal», poursuit Manning. Mais le gouvernement albertain s'en tient pour l'instant au «buffet à volonté» en ce qui a trait à l'exploitation des sables bitumineux. Manning convient que la province ne doit pas décourager l'investissement mais ajoute qu'on ne trouve cette ressource nulle part ailleurs.


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