Le Québec est-il trop petit pour un journal citoyen ?

CentPapiers, le journal citoyen du Québec... pour la francophonie

Tribune libre

CentPapiers, le journal citoyen québécois devient le journal du Québec pour la francophonie et se fait colonisé par la France avec la bénédiction de ses nouveaux dirigeants, les 7duquebec.
« L’idée d’un journal qui ne s’intéresserait qu’au Québec et auquel ne contribueraient que des Québécois ne me semble pas porteuse. Le Québec n’a la masse ni démographique ni culturelle pour soutenir un tel journal. » Pierre JC Allard, éditeur,CentPapiers, 22 octobre 2010
Fondé en 2006 par Olivier Niquet et de Jean-Philippe Wauthier, CentPapiers se présentait alors comme le premier journal citoyen québécois. En 2010, les fondateurs ont passé la main à l'équipe du blogue LES 7 DU QUÉBEC. Cette dernière a procédé à une réorientation du site et le présente désormais sous l'appellation « Le journal citoyen du Québec pour la francophonie ». Pierre JC Allard, le nouvel éditeur de CentPapiers, affirme : « L’idée d’un journal qui ne s’intéresserait qu’au Québec et auquel ne contribueraient que des Québécois ne me semble pas porteuse. Le Québec n’a la masse ni démographique ni culturelle pour soutenir un tel journal. »

Or, le problème réel de l'équipe de CentPapiers est sa difficulté à recruter des collaborateurs québécois. Autrement dit, l'ouverture à la francophonie avait pour but de palier au manque de collaborateurs québécois. Monsieur Allard m'écrivait récemment : « Le drame est que je reçois dix articles intéressants de France pour un du Québec ». Pourtant, l'intérêt des Québécois pour l'Internet et les sites de partages est aussi grand ici qu'ailleurs. À mon humble avis, la nouvelle équipe de CentPapiers n'a pas su intéresser davantage de collaborateurs québécois et s'est tournée trop rapidement vers la francophonie.

Et qui dit « francophonie », dit « France ». Aujourd'hui, les Français s'activent plus que jamais sur CentPapiers à l'invitation même de l'éditeur : « Les auteurs français sont sur ce site parce qu’ils y ont été invités. Ils contribuent à plus de la moitié des articles... et la France fournit aussi plus de la moitié des lecteurs. La vocation de ce site est vraiment de s’ouvrir à la francophonie dont le coeur est en France et dont le Québec n’est qu’une marche hélas éloignée. » Monsieur Allard n'y va pas de main morte en ajoutant : « Choisir que le Québec soit de culture différente, face à la France, est à mon avis un suicide culturel. » et « Je crois fermement que nous réaliserons mieux notre potentiel de Québécois si nous nous ouvrons à la France. »
« Choisir que le Québec soit de culture différente, face à la France, est à mon avis un suicide culturel. Insister sur ce qui nous sépare me semble la mauvaise voie. Qu’on souhaite que ce qui se passe à Montréal ou Québec soit à nous et que ce qui se passe à Paris soit à eux est un marché de dupes. Je crois fermement que nous réaliserons mieux notre potentiel de Québécois si nous nous ouvrons à la France et que notre ouverture est peut être la clef pour que d’autres fassent ce choix de la Francophonie à Casablanca, Dakar ou ailleurs.» Pierre JC Allard, éditeur, CentPapiers, 22 octobre 2010
Au sujet de cette présence de la France sur CentPapiers, je propose la création d'une section INTERNATIONALE de façon à ce que les visiteurs n'aient pas l'impression d'un journal français le jour où la Une est française et parce que cela n'aide sûrement au recrutement de collaborateurs québécois. Un collaborateur français de CentPapiers écrit : « Il faut vraiment ne pas savoir ce que représente la France dans le coeur des gens du Monde entier, pour ne pas aimer la France. Faites un tour au Louvre et vous verrez les amoureux de la France, ils sont si nombreux que ce flux ne cesse jamais et il en vient de partout des antipodes. Vous ne pouvez être plus fort que ça. Votre discours est une impossibilité, donc une impuissance. » Pourtant, je n'ai jamais écrit ne pas aimer la France. Mais pour ce collaborateur français, le Québec ne fait pas le poids face à la France et, par conséquent, les Québécois n'ont qu'à se rallier.

Pierre JC Allard répondra à cette proposition de section INTERNATIONALE : «je comprends votre désir qu’un site existe qui reflète totalement et exclusivement la réalité québécoise. Ce n’est pas celui que je veux éditer.» Pourtant, je n'ai jamais proposé que le site CentPapiers soit exclusivement québécois. Au contraire, je propose, faut-il le répéter, la création d'une section INTERNATIONALE.

Le débat s'est tenue à la suite de l'article « Le journalisme citoyen satellisé » signé par le collaborateur français Damian West et publié le 21 octobre 2010. Les commentaires à la suite de cet article nous donnent un exemple typique de dérapage souvent observé en France, notamment sur le site Internet du journal citoyen français AgoraVox.

J'ai manifesté mon mécontentement face à ce dérapage dans le commentaire suivant : «Je n’aime pas les dérapages typiques aux Français lorsque vient le temps de débattre d’un sujet.» Et j'ai obtenu la réponse suivante : «Franchement, détourner le débat vers la confrontation entre le Québec et la France, n’est-ce pas tant ringard que dépassé et par tous les côtés à l’ère du web ? On peut le penser sans rougir.» Ce à quoi j'ai répondu : «Confrontation ? Vous en voyez partout ! Désolé mais le web n’a pas aboli les spécificités propres à chaque nation. Et n’oubliez pas que CentPapiers est «Le journal citoyen du QUÉBEC pour la francophonie».» La réponse fut immédiate : «Et bien si justement ! le web a aboli les spécificités. C’est même ce qu’il fait de mieux.» Voilà donc la diversité culturelle sur le cul, rien de moins. Au diable les différences entre les Québécois et le Français voire entre tous les peuples. Si cela n'est pas du dérapage français typique, je me demande ce que c'est.

Ouvrir la porte à la France voire à toute la francophonie, c'est bien, très bien même. Perdre le contrôle et devenir la France, c'est mal, très mal même. Car il n'y a que le nombril du monde pour nier toutes spécificités. Ainsi, les collaborateurs français invités de plein gré par l'éditeur ont colonisé le journal citoyen du Québec pour la francophonie. Et cet éditeur d'écrire «Choisir que le Québec soit de culture différente, face à la France, est à mon avis un suicide culturel».

Un collaborateur français de CentPapiers écrit : «C’est Agoravox qui doit flipper ! Car… c’est plus du tout là où ça se passe !». Or, il n'y a pas de vanter de cette migration coloniale française sur le site québécois CentPapiers.


À ne pas oublier :

Déclaration universelle de l'UNESCO sur la diversité culturelle

Discours de Robert Bourassa après le rejet de l'Accord du lac Meech : «(...) le Québec est, aujourd'hui et pour toujours, une société distincte, libre et capable d'assumer son destin et son développement.» Robert Bourassa, Premier ministre du Québec, 23 juin 1990.

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Serge-André Guay34 articles

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Marié et père de quatre enfants, Serge-André Guay est
né à Lévis (Québec, Canada) en 1957. De formation autodidacte et
travailleur autonome depuis 25 ans, il a tout d'abord été animateur,
commentateur, chroniqueur, journaliste, recherchiste et rédacteur en chef
au service de différents médias québécois et ontariens.

Puis, son expérience des médias et un stage de formation en Europe font de
lui un éducateur aux médias dont les interventions sont recherchées par le
milieu scolaire. Ensuite, à titre de consultant, l'utilité de ses plans
d'action en communication et en marketing est vite appréciée.

Depuis 1990, il développe une expertise hautement spécialisée en recherche
marketing, soit l'étude des motivations d'achat des consommateurs, axée sur
l'évaluation prédictive du potentiel commercial des produits et des
services, nouveaux et améliorés.

Pour ce faire, il retient la méthode et l'approche indirecte proposées par
le chercheur américain Louis Cheskin, à qui il accorde le titre de premier
scientifique du marketing.

Depuis, il a étudié les réactions sensorielles involontaires et les
réactions inconscientes de plus de 25,000 consommateurs dans le cadre de
plus d'une centaine d'études des motivations d'achat pour différents
manufacturiers et distributeurs canadiens.

Il a signé de nombreux articles et donné plusieurs conférences
percutantes. Il a aussi publié une série de vingt-quatre études traitant du
caractère scientifique du marketing sous le titre "Science & Marketing ",
Prédire le potentiel commercial des biens et des services". À ses yeux, le
marketing doit renouveler son efficacité sur des bases scientifiques
rigoureuses.

Il n'hésite pas à questionner les idées reçues. Animé par une profonde
réflexion sur la conscience et la condition humaine, il est un «
penseur-entrepreneur », à la fois fonceur et analytique.

En 2000, il écrit un essai de gouvernance personnel sous le titre J'aime
penser – Comment prendre plaisir à penser dans un monde où tout un
chacun se donne raison.

En juin 2003, il met sur pied la Fondation littéraire Fleur de Lys,
premier éditeur libraire francophone sans but lucratif en ligne sur
Internet





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