Ces «beautiful Canadians»

L'indépendance, c'est le refus de l'asservissement à qui que ce soit, et surtout aux puissants

Tellement de sujets sur lesquels s'étendre cette semaine que j'en ai le tournis. Ah! Si j'avais deux chroniques par semaine!
Au moment où j'allais entreprendre la rédaction ma chronique, on nous apprend la mort d'un soi-disant «dieu», d'un «grand Canadien».
Il me vient à l'esprit le film de Pierre Falardeau Le temps des bouffons où l'on voyait à travers une caméra bien réelle, ces «beautiful Canadians» accoutrés de costumes loufoques s'auto-encenser, se trouver beaux et se flatter la bedaine, dans une mise en scène des plus grotesque au Beaver club de l'hôtel Reine-Elizabeth de Montréal, dont on célébrait le 200e anniversaire. «We are magnificient people! You are as beautiful as I think I am», dira l'orateur exalté, membre de la grande famille de l'empire Desmarais. «On les découvrait dans cette intimité qui est à la fois privée et publique. Impossible de dissocier l'une de l'autre, s'agissant d'hommes et de femmes de pouvoir, dont les agissements et même les éructations, je dirais, ont une influence sur notre vie à nous».
«Au Ghana, les pauvres mangent du chien. Ici, les chiens mangent du pauvre», lance la voix off de Falardeau. En entrevue avec Mireille LaFrance, un peu plus tard, il dira: «Moi, je les haïs. Je les haïs profondément. On pourra jamais leur faire autant de mal que tout ce qu'ils nous ont fait.»
Dans quelques jours, ils vont tous se réunir à nouveau pour pleurer la mort d'un des leurs. Mais comme dans toute bonne réunion de famille, les larmes vont rapidement faire place à la célébration du nouveau prince. En les regardant rassemblés autour de la dépouille, on pourra reprendre les paroles de Falardeau: «C'est toute l'histoire du Québec en raccourcit. Toute la réalité du Québec en résumé: claire, nette pour une fois, comme grossie à la loupe.
Ce soir, les maîtres fêtent le bon vieux temps. Ils fêtent l'âge d'or et le paradis perdu. Ils crient haut et fort, sans gêne, leur droit au profit, leur droit à l'exploitation, leur droit à la sueur des autres. Ils boivent à leurs succès. Ils chantent que tout va bien, que rien ne doit changer, que c'est pour toujours... toujours aux mêmes, toujours les mêmes.»
MICHAUD ET GESCA
Justement, le dernier combat d'Yves Michaud (il n'est pas encore mort, notre Robin des banques, loin de là!), c'est sa tentative d'avoir accès aux états financiers de Gesca, propriété de l'empire Desmarais.
Michaud a acheté des actions de Power Corporation afin de pouvoir adresser à l'empire une demande d'accès aux états financiers, comme la loi canadienne l'y autorise. Il veut démontrer que Power Corporation «supporte financièrement Gesca et les filiales de cette dernière pour promouvoir la cause fédéraliste», au prix de sa rentabilité, donc au détriment des intérêts de ses actionnaires. «À supposer - c'est une hypothèse - qu'ils perdent de l'argent, un actionnaire pourrait demander, avec raison, pourquoi ils gardent leurs journaux», se questionne Michaud.
En fait, il soupçonne que La Presse est déficitaire et que l'empire garde ouvert ce canard boiteux pour mieux promouvoir les intérêts du gouvernement fédéral au Québec, à travers son équipe éditoriale et plusieurs de ses chroniqueurs. Mais un actionnaire, même minoritaire, est en droit de demander des comptes et c'est ce que fait Yves Michaud. Jusqu'à maintenant, la cour lui a donné raison, mais Gesca fait tout pour l'en empêcher.
Bon, j'aurais voulu vous parler d'un autre bouffon, celui qui se présente à la mairie de Montréal, mais j'aurai le temps d'y revenir, surtout qu'il semble avoir la faveur populaire, ce que je ne m'explique pas.
Les Montréalais seraient-ils à ce point amnésiques? À moins qu'ils aiment succomber au charme suranné des «beautiful Canadians»?


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