Pas de siège à l'UNESCO pour le Québec? Question secondaire. Ou peut-être: symbole en recherche de sens. Ce n'est pas pour des objectifs aussi limités que les premiers ministres Stephen Harper et Jean Charest se rencontrent. Même pas pour corriger le déséquilibre fiscal. Du moins, devrait-on l'espérer. Il y a un enjeu beaucoup plus important à leur portée: c'est la refonte de la fédération canadienne. Essentiel non seulement pour le Québec mais tout autant pour le Rest of Canada (ROC), du moins chez les plus lucides. Il faudrait beaucoup d'espace pour en développer la thèse; essayons de la résumer en quelques mots.
Rappelons-nous que la confédération canadienne date de 1867 et que le Canada a pris sa stature lentement au fil des années. La vieille entente prit la vedette de l'actualité quand on a célébré son centenaire; puis avec Pierre Trudeau qui rêvait de construire, avec cette entente, une grande entité bilingue sous la houlette d'un pouvoir centralisateur.
Les disciples de Trudeau, Jean Chrétien en tête, ont cheminé dans la même voie. Sans se rendre compte qu'ils pouvaient briser le Canada en ne respectant pas ce qu'il devenait: un pays en évolution, sensible à toutes les révolutions sociales, technologiques et politiques qui poussent autour de lui et même en lui. Ce qui signifie ceci: le Canada doit repenser et refaire sa constitution s'il veut survivre. Et qui peut, mieux que quiconque, peut ouvrir la voie nouvelle? Le Québec, évidemment.
Comment? En touchant les vraies questions, les vrais problèmes, les vrais handicaps au changement. Un siège à l'UNESCO est bien secondaire face au partage des pouvoirs. Et les pansements d'occasion, lancés à une province ou à une autre comme un bonbon ou un joujou (exemple: la fiscalité) risquent de faire oublier l'essentiel: la nécessité absolue d'une fédération nouvelle. "Le fédéralisme d'ouverture est important, nous voulons vraiment renouveler ce fédéralisme", a dit Stephen Harper à Québec. Il semble sincère et conscient. Alors?
Le Québec et son identité distincte peuvent évidemment servir de déclenchement, mais il faut aller plus loin. Il faut redéfinir les valeurs canadiennes, reconnaître la réalité actuelle, s'ouvrir à notre propre créativité comme à l'expérience des autres fédérations du monde, repenser tout le partage des pouvoirs entre le fédéral et les provinces selon le potentiel de l'un et les capacités des autres. Ce n'est pas vrai que le Canada d'aujourd'hui et de demain peut survivre sur un modèle vieillot, créé bien avant les questions de représentativité internationale et de richesses locales. Comment peut-on nier une évidence aussi flagrante?
Bien sûr, pour présenter une nouvelle notion de pays, il faut débattre d'autres choses que celles qui donnent le ton aux ténors des partis et amusent la galerie inconsciente. Il faut, d'abord et avant tout, des gens capables de réfléchir sur ce que nous sommes et ce que nous voulons être. Il faut une pensée plus profonde, plus substantielle, plus libre que celle des débats quotidiens. Il faut donc des penseurs pragmatiques, instruits, ouverts au monde comme à ce que nous sommes.
La terrible question qu'il faut poser: existent-ils, à Ottawa ou à Québec..? Pas sûr du tout.
UNESCO
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