Comme il est facile de juger quand on n'est pas menacé de disparaître

Tribune libre 2010


Me Richard Le Hir obvie toute la vérité concernant « La clôture antiterroriste d'Israël »*
« Vous obtiendrez la liberté en faisant savoir à votre ennemi que vous ferez tout ce qui est en votre pouvoir pour obtenir votre liberté. Ce n'est qu'alors que vous l'obtiendrez. C'est le seul moyen de l'obtenir. (...) Mais si vous êtes suffisamment nombreux à être radicaux et que vous le restez suffisamment longtemps, vous obtiendrez votre liberté. » ZINN, Howard. Une histoire populaire des États-Unis. TRad. de l'anglais par Frédéric Cotton. Marseille-Montréal, Agone-Lux, 2002, 811 p., (p.522)
Israël : mourir debout pour ne pas disparaître ou vivre agenouillé conduisant à un second Holocauste ?
La construction de la barrière antiterroriste en Israël est un processus démocratique et juridique, puisque son tracé a été modifié à plusieurs reprises en 2004 et 2005 à la demande même des Palestiniens, des Européens et de la Haute Cour de Justice israélienne. Voici un résumé attestant ce processus de construction de « La clôture antiterroriste d'Israël » :
Dès les années 1990, plusieurs hommes politiques israéliens de premier rang, comme Yitzhak Rabin et son gouvernement travailliste, défendent l'idée d'une séparation physique d'avec les Palestiniens pour éviter la multiplication des frictions entre les deux populations. Rabin établit une commission pour discuter sur la façon de concrétiser une barrière entre Israéliens et Palestiniens.
Suite à l'attentat du 1er juin 2001 au Dolphinarium de Tel Aviv, des organisations civiles réclament en Israël une barrière hermétique comme solution aux intrusions terroristes. La seconde Intifada voit se multiplier les attaques palestiniennes contre les populations civiles israéliennes.
Le gouvernement d'Ariel Sharon, initialement réticent, finit par se saisir du projet pour protéger les grandes agglomérations israéliennes en rendant hermétique la ligne verte de 1949 qui délimite le territoire disputé de Cisjordanie. Il s'agit ensuite de défendre également par le tracé de cette future séparation les blocs d'implantations juives à l'est de Jérusalem au delà de la ligne verte : Ariel, Gush Etzion, Emmanuel, Karnei Shomron, Givat Ze'ev, Oranit, et Maale Adumim.(1)
Il est indiscutablement clair que les objectifs de « La clôture antiterroriste d'Israël » ne sont autres que la responsabilité politique et la sécurité nationale : Le gouvernement de ce pays avait recensé plus de 1000 personnes tuées dans plusieurs attentats avant de décider de la construire. C'est pourquoi pour Israël ce sont « plus de 1000 raisons pour édifier cette clôture. »
Après cette exposition de faits concernant « La clôture antiterroriste d'Israël », rappelons-nous trois passages extraits du « Résumé de l'avis consultatif du 9 juillet 2004 » dont Me Richard Le Hir s'est servi pour essayer de rabattre seulement une partie de ma réplique « Le déclin de la pensée logique et ses conséquences », le restant du contenu de celle-ci, il l'a traité en employant une fuite en avant, écrivant à cet effet :
« M. Pérez,
Il n'y a aucun rapport entre votre première phrase et la seconde. Et comme je ne suis pas l'auteur de la première, je ne me sens pas visé par la seconde. Quant au reste, on n'en parle même pas. »
Voici ces trois passages du Résumé de l'avis consultatif du 9 juillet 2004 de la CJI qui peut se résumer ainsi :
Faits historiques importants à retenir de l'avis consultatif de la CIJ
Conséquences juridiques de l'édification d'un mur dans le territoire palestinien occupé (Requête de l'ONU pour avis consultatif à la Cour Internationale de Justice). Résumé de l'avis consultatif du 9 juillet 2004
(…)
Contexte historique (par. 70-78)
A). « En vue de préciser les conséquences juridiques de l'édification du mur dans le territoire palestinien occupé, la Cour doit au préalable déterminer si l'édification de ce mur est ou non contraire au droit international. A cette fin, elle effectue tout d'abord une brève analyse historique du statut du territoire en cause, depuis l'époque où la Palestine, ayant fait partie de l'Empire ottoman, fut, à l'issue de la première guerre mondiale, placée sous un mandat «A» confié à la Grande-Bretagne par la Société des Nations. Au cours de cette analyse, la Cour mentionne les hostilités de 1948-1949 et la ligne de démarcation de l'armistice entre Israël et les forces arabes, fixée par une convention générale d'armistice conclue le 3 avril 1949 entre Israël et la Jordanie, appelée «Ligne verte». A l'issue de cette analyse, la Cour note que les territoires situés entre la Ligne verte et l'ancienne frontière orientale de la Palestine sous mandat ont été occupés par Israël en 1967 au
cours du conflit armé ayant opposé Israël à la Jordanie. Elle fait observer que, selon le droit international coutumier, il s'agissait donc de territoires occupés dans lesquels Israël avait la qualité de puissance occupante. Les événements survenus depuis lors dans ces territoires n'ont rien changé à cette situation. La Cour conclut que l'ensemble de ces territoires (y compris Jérusalem-Est) demeurent des territoires occupés et qu'Israël y a conservé la qualité de puissance occupante. » (page. 7)
Incidence sur le droit du peuple palestinien à l'autodétermination (par. 115-122).
B). « La Cour relève à cet égard les affirmations de la Palestine et d'autres participants selon lesquelles la construction du mur est «une tentative d'annexion du territoire qui constitue une transgression du droit international» et «contrevient au principe interdisant l'acquisition de territoire par le recours à la force» et selon lesquelles «l'annexion de facto de terres constitue une atteinte à la souveraineté territoriale et en conséquence au droit des Palestiniens à l'autodétermination». Elle relève aussi que, pour sa part, Israël expose que le mur a pour seul objet de permettre de lutter efficacement contre le terrorisme en provenance de Cisjordanie et qu'il a déclaré à plusieurs reprises que l'édification de la barrière a un caractère temporaire. » (page. 10).
C). « …, la Cour observe que l'existence d'un «peuple palestinien» ne saurait plus faire débat et qu'elle a été reconnue par Israël, au même titre que les «droits légitimes» de ce peuple. De l'avis de la Cour, parmi ces droits figure le droit à l'autodétermination, comme l'Assemblée générale l'a d'ailleurs reconnu à plusieurs occasions. » (page. 10)(2).
L'interprétation des experts en Droit international sur « l'avis consultatif de la CIJ »
Monsieur Dershowitz, l'un grands experts du Droit international a dit concernant « l'avis consultatif de la CIJ » sur ladite barrière antiterroriste qu'il conseillerait à Israël de combattre contre la Cour Internationale de la même manière qu'Israël lutte contre des résolutions indignes comme celle qui compare le sionisme au racisme. « Cette cour me rappelle les cours de justice du Sud des États-Unis dans les années 30 et 40 », lesquelles étaient justes quand il y avait un jugement d'un blanc contre un autre blanc, mais ces mêmes cours commettaient des injustices horribles dans les cas où ils impliquaient des blancs contre des Noirs ». De la même manière, la Cour Internationale de Justice « … peut faire un travail merveilleux dans une dispute frontalière entre la Suède et la Norvège, mais quand il s'agit d'un litige impliquant des contentieux entre Israël et les pays arabes au Moyen-Orient, la CIJ a une crédibilité zéro, et personne ne devrait prendre au sérieux une con
clusion à laquelle l'on juge par rapport à Israël ».
D'autre part, un autre important expert, John Norton Moore, de l'École de Droit de l'Université de la Virginie, a manifesté que bien qu'il fût « inadéquat » que l'Assemblée Générale de l'ONU implique la Cour Internationale de Justice dans ce qu'il considère une action légitime antiterroriste d'Israël, cette cour de justice « est prise très au sérieux comme étant une institution très importante, et nous avons tous intérêt d'essayer de la fortifier ». Par conséquent, de l'avis de Norton Moore, Israël commettrait une erreur s'il suivait une stratégie pour discréditer la CIJ.
Ce qu'Israël n'a pas fait, discréditer la CIJ, mais plutôt se soumettre à modifier « La clôture antiterroriste d'Israël » à plusieurs reprises en 2004 et 2005 à la demande même des Palestiniens(3), des Européens et de la Haute Cour de Justice israélienne, tel qu'antérieurement souligné.
Comme il est facile de juger quand on n'est pas menacé de disparaître
Pour terminer, laissons les lecteurs de Vigile juger entre la relation des faits que je viens d'exposer et celle émise par Me Le Hir invoquant « La décision de la Cour Internationale de Justice de 2004 », mais en obviant toute la vérité de « La clôture antiterroriste d'Israël » et terminant sa réplique LA PENSEE « LOGIQUE » ET LE « RAISONNEMENT STRUCTURE » DE M. PEREZ, en ces termes :
« Comme tous les lecteurs de Vigile seront à même de le constater en prenant connaissance de ce texte, ―http://www.icj-cij.org/docket/files...; la CIJ dresse une longue liste d'infractions au droit international et aux droits de la personne commises par Israël dans cette affaire.
Évidemment, Israël ne s'est jamais conformé à cet avis de la plus haute autorité en droit international sur notre planète. Le droit, c'est bon pour tout le monde, sauf pour les États-Unis et Israël, tout le monde sait ça...
Comment voulez-vous qu'on respecte votre opinion lorsque vous tentez de nous faire avaler des couleuvres pareilles ? ».
Jean-Louis Pérez
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*. Voici une des raisons expliquant la requête de l'ONU pour avis consultatif à la CIJ :
[QUI A DECIDE DE SOUMETTRE LA QUESTION DE LA CLOTURE ANTITERRORISTE A LA COUR DE JUSTICE INTERNATIONALE DE LA HAYE ?
Le 8 décembre 2003, au cours d'une séance réunie d'urgence, l'Assemblée générale de l'ONU a voté une résolution demandant à la. Cour de justice internationale de donner un avis consultatif sur les « conséquences juridiques » de la clôture antiterroriste d'Israël. La résolution, élément d'une campagne politique arabe menée contre Israël aux Nations unies, a été adoptée par ceux qui soutiennent automatiquement la position arabe contre Israël à l'ONU.
Les Arabes et leurs partisans à l'Assemblée générale des Nations unies ont pris l'initiative de soumettre la question de la clôture antiterroriste à la Cour de justice internationale de La Haye, en dépit du fait que l'Assemblée générale en avait déjà discuté et avait opté pour une attitude partisane. Après l'adoption par l'Assemblée générale d'une résolution tendancieuse sur la clôture, les États arabes cherchent désormais un imprimatur donné par la Cour de justice internationale à la position de l'Assemblée générale, faisant ainsi de ce tribunal un pion dans la campagne de diffamation politique contre Israël. Il faut souligner que la majorité des États membres de l'Assemblée générale de l'ONU n'a pas soutenu la décision de soumettre la question de la clôture à la Cour de justice internationale. 90 États seulement (dont bon nombre non démocratiques) sur les 191 que compte l'Assemblée générale ont voté en faveur de la résolution.] (passages extraits de la brochure officiel pub
lié en octobre 2004 par le Ministère des Affaires d'Israël, intitulée « La clôture antiterroriste d'Israël, document disponible auprès des missions diplomatiques d'Israël ou sur l'internet ».
1. Pour une information exhaustive sur cette défense de sécurité nationale contre le terrorisme, consulter Barrière de séparation israélienne à Wikipédia.
2. Extrait de la réponse du 9 juillet 2004 de la Cour Internationale de Justice (CIJ) concernant les Conséquences juridiques de l'édification d'un mur dans le territoire palestinien occupé (Requête pour avis consultatif). Résumé de l'avis consultatif du 9 juillet 2004.
3. Voir mon article La flottille du Hamas qui traite de la prise en otage des Palestiniens par les pays arabes.
Auteur : Jean-Louis Pérez


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2 commentaires

  • L'engagé Répondre

    18 août 2010

    Monsieur Pérez,
    La citation que vous utilisez en exergue est de Malcom X.
    Il me semble plus du côté palestinien que du côté israélien si on situe son expérience à l'aune de la ségrégation qu'il a combattu. Bien que je vous aie suggéré de lire Zinn, je suis étonné que vous utilisiez ce livre pour réaffirmer la même rengaine. Puisque vous suivez mes conseils, pourquoi ne pas s'intéresser au «Mur d'acier», le concept théorique plutôt que le mur de sécurité?
    Cela vous forcerait à lire sur le postsionisme et je le répète, à voir avec l'autre bout de la lorgnette, car bien que vous le citiez, vous ne pouvez lire Zinn et demeurer aussi convaincu du beau rôle des États-Unis. Je crois malheureusement que vous avez simplement trouvez ce passage sur Vigile... Je l'ai envoyé moi-même il y a quelques jours...

  • @ Richard Le Hir Répondre

    18 août 2010

    M. Pérez,
    Je n’obvie rien du tout. Vous opposez l’avis de deux juristes à l’opinion de la Cour internationale de Justice, et parce que l’opinion de ces experts vous convient davantage que celle de la CIJ, vous rejetez cette dernière du revers de la main. De deux choses, ou bien on accepte le droit international, ou bien on ne le reconnaît pas. L’État d’Israël a vu le jour par le fait du droit international. La décision faisait son affaire, il l’a donc bien accueillie. Mais quand la décision ne fait pas son affaire, Israël conteste sa légitimité. On appelle ça de l’opportunisme, et il ne se construit pas beaucoup d’États solides sur cette base.
    Pour votre part, vous obviez, pour reprendre votre expression, le fait que Alan Dershowitz était l’avocat d’Israël devant la CIJ. Étant avocat moi-même, je peux vous dire qu’il n’y a rien de moins objectif qu’un avocat. Un avocat, c’est un mercenaire. Il est payé pour défendre la position de son client, peu importe que celui-ci ait tort ou raison. Son opinion acquière un poids seulement lorsque le tribunal lui donne raison, et ce ne fut pas le cas dans cette affaire. Toutes les déclarations qu’il a pu faire à propos de cette affaire sont forcément biaisées, et il est donc impossible d’y accorder le moindre crédit.
    Il se trouve dans cette affaire que vous tombez plutôt mal. Je connais Israël. J’y ai séjourné à l’invitation du Comité Canada-Israël en 1993 ou 1994. J’ai rencontré personnellement plusieurs des acteurs politiques passés ou actuels tels Benyamin Netanyahu, Itzhak Shamir et bien d’autres. J’ai compris pourquoi Israël tient tant à conserver les hauteurs du Golan, et si j’étais Israélien, je tiendrais mordicus à les conserver. J’ai vu beaucoup de choses extraordinaires en Israël, j’ai rencontré des gens merveilleux, compris ses problèmes de sécurité. Dans un pays grand comme un timbre-poste dont la traversée du Nord au Sud équivaut à la distance entre Ottawa et Drummondville, et où il faut cinq minutes à un avion de chasse qui décolle de Tel-Aviv, sur la mer à l’extrémité Ouest du pays, pour se rendre à la frontière de la Jordanie qui borde Israël à l’Est, on comprend qu’on soit gêné aux entournures. On peut même à la rigueur comprendre l’implantation de colonies juives en territoire palestinien. Mais comprendre n’est pas accepter.
    Le problème tient aux origines de l’État d’Israël. Et je prends bien soin de faire une distinction entre Israël et l’État d’Israël, Si les origines de la première remontent avant Jésus-Christ, les origines du second remontent à 1948. La première a un fondement religieux et historique, et le second a un fondement strictement politique. Or les Juifs agissent comme si tout cela était confondu et ne veulent pas accepter que la distinction réelle qui existe entre les deux comporte en elle les germes de la précarité. Refusant de reconnaître et d’accepter cette précarité, ils souhaitent la transformer en sécurité. Je les comprends. Mais plus ils cherchent à gagner de la sécurité, plus ils augmentent leur précarité.
    N’étant ni Juif ni Israélien, je ne me permettrai pas de leur suggérer quelque solution que ce soit. Étant cependant un citoyen du monde au sens de l’antiquité classique (Πολίτης του Κόσμου), je me préoccupe de la sécurité dans le monde, et je constate que le comportement d’Israël menace cette sécurité, peu importe les justifications que vous puissiez y trouver.
    Cela dit, vous avez droit à vos opinions et moi aux miennes. Je ne vous conteste pas le droit de les exprimer, mais je vous serais reconnaissant de ne plus m’interpeller pour me convaincre de la justesse des vôtres.
    Richard Le Hir