Par André Parizeau
L'annonce faite hier, par Jean-Martin Aussant, de sa démission comme chef du Parti Option Nationale (ON), a été reçue comme un véritable coup de massue par bon nombre de militants et de militantes oeuvrant au sein de ce parti. Ce sont d'ailleurs les mots qu'utilisait, hier, le leader du Réseau de Résistance du Québécois (RRQ) et également membre de l'exécutif national d'ON, Patrick Bourgeois, pour parler de la manière dont il avait lui-même appris la nouvelle (1).
Jean-Martin Aussant a expliqué sa décision comme étant exclusivement liée à des problèmes relevant des difficultés inhérentes au fait de vouloir concilier les exigences de diriger une nouvelle formation politique, avec tout ce que cela implique quand on n'a pas tous les moyens financiers que les plus grands partis ont, au fait de vouloir en même temps remplir ses propres obligations comme père de deux jeunes enfants. Qui pourrait lui en vouloir quand on sait à quel point vouloir concilier ces deux choses peuvent être assez difficile.
Un fait demeure; cela n'arrive pas au meilleur moment pour ce parti. C'est là une autre évidence et poser un tel geste, de la part de monsieur Aussant, n'a certainement pas dû être non plus facile.
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Le membership du parti ON est en nette progression, notamment chez les jeunes. Mais en même temps, ce parti doit aussi passer au travers de tous les aléas et difficultés auxquelles un plus petit parti fait forcément face, surtout au début. Et cela peut parfois peser assez lourd sur les épaules des dirigeants et des dirigeantes d'un tel parti. J'en sais moi-même quelque chose pour avoir donner, au cours des 20 dernières années, beaucoup de temps et d'efforts pour assurer la survie, puis la reconstruction du Parti communiste du Québec (PCQ), et avoir aussi beaucoup contribuer à l'émergence d'abord de l'Union des forces progressistes (UFP), puis de Québec solidaire.
Tout cela peut être très éreintant ... et demandant en plus de ne pas toujours donner les résultats auxquels on se serait attendu. Il y a des fois que cela peut même être très dur.
Une telle annonce se produit, en même temps, quelques semaines seulement après la tenue du 2e congrès de cette formation, lequel avait eut une assez bonne couverture médiatique, à travers tout le Québec et se voulait du même souffle une étape importante pour la consolidation de ce parti.
Cela arrive également à un moment charnière, alors qu'il y a toujours beaucoup de divisions au sein du mouvement souverainiste, ainsi que des différentes composante de la gauche québécoise, par rapport à la meilleure stratégie à suivre pour se sortir du cul de sac politique actuel qui nous emprisonne toujours dans une large mesure.
Finalement, une telle annonce se produit alors qu'il y a aussi des tensions manifestes, au sein même d'Option Nationale, entre les différences tendances qui le composent, ce qui est également un phénomène normal dans un parti, surtout dans ses débuts. Remarquez aussi que cela peut aussi se passer plus tard. Nous au PCQ, nous en savons aussi quelque chose pou avoir souvent passés à travers toutes sortes de crises, y compris quand cela n'était vraiment pas le temps.
Comme sûrement beaucoup de militants et de militantes, au sein d'Option Nationale notamment, je comprend dans quel désarroi ceux-ci peuvent être. Et comme bien d'autres aussi, je suis en même temps insécure par rapport à comment tout cela pourrait évoluer. C'est normal parce que Jean-Martin Aussant n'était pas juste un chef comme les autres. C'était la principale figure de proue de ce parti. C'était aussi une figure publique très connue et très appréciée. Tout au moins au sein de la mouvance souverainiste.
À moins d'être vraiment borné et très sectaire, ou de ne pas vraiment avoir à coeur l'avenir de tout le mouvement souverainiste, on ne peut faire autrement que de se sentir concerné par ce qui est en train de se passer du côté d'Option Nationale. Quand il y a quelque chose d'important qui se passe dans l'une ou l'autre des principales formations politiques souverainistes, cela ne peut faire autrement que de venir nous chercher, dans la mesure où cela affectera nécessairement l'avenir de ce même mouvement. D'une manière ou de l'autre.
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Option Nationale était et demeure toujours en même temps une formation politique qui était beaucoup centrée autour de Jean-Martin Aussant. Le choc généré autour de sa démission illustre une fois encore un paradoxe très important de la politique québécoise, souvent occulté, mais non moins important, notamment pour l'ensemble de la mouvance souverainiste et des milieux de gauche en général. Le voici.
Depuis longtemps, et ceux et celles qui suivent la politique québécoise seront d'accord avec moi la-dessus, nous savons tous et toutes à quel point le succès d'un mouvement politique dépend en bonne partie de la présence de leaders charismatiques capables de soulever ce mouvement, en même temps que de lui donner une plus grande crédibilité.
Sans de tels leaders, aucun mouvement n'est jamais arrivé à percer de manière massive sur la scène publique. Il peut exister, vivoter. Mais pour réellement prendre son envol, il a besoin de tels leaders.
Le rôle joué par des leaders comme René Lévesque, ou Jacques Parizeau, est là pour nous rappeler combien importants de tels individus peuvent être. Quand ils s'en vont, ou décident de céder leur place à d'autres, surtout quand les remplacants finissent par être beaucoup moins bons -- qu'on pense seulement à Pierre-Marc Johnson, qui succéda à René Lévesque, au sein du PQ, dans les années 80, ou encore à Lucien Bouchard, qui prit également la relève, à la direction du PQ, après le départ de Jacques Parizeau --, alors le poids de leur départ se fait d'autant plus ressentir.
Il est tout aussi clair, du côté d'Option Nationale, que le départ de Jean-Martin Aussant se fera aussi dûrement sentir, et ce sans égard à la qualité du futur remplacement ou de la future remplacante.
De l'autre côté, la présence de tels individus et l'importance que ceux-ci et celles-ci peuvent prendre, avec le temps, fait aussi en sorte, de manière quasi naturelle, que les partis finissent par devenir de plus en plus dépendant de ces même leaders. Cela a souvent comme effets pervers de favoriser du même coup une recentralisation de la vie interne, au sein de ces mêmes partis, y compris dans des partis où les gens savent que cela peut être dangereux, et cela a plus souvent qu'autrement toutes sortes d'efferts pervers.
Nous, au sein de Québec solidaire, en savons quelque chose. Ceux qui ont longtemps milité au PQ, en savent aussi quelque chose.
Dans Québec solidaire, il existe une direction bicéphale, avec deux coporte-parole. Même chose d'ailleurs au sein du PCQ.
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On a longtemps fait des gorges chaudes à propos de cette idée d'avoir, non pas un, mais deux porte-parole. Cela est particulièrement vrai au sien du reste du mouvement souverainiste.
J'étais là quand un tel mode de fonctionnement fut pensé, la première fois, au sein de l'UFP. J'ai même fait partie de ceux et de celles qui ont négocié la chose, au niveau des statuts de l'UFP, avant que celle-ci ne soit créée. C'était en 2002. J'étais également là quand il fut à nouveau question de renégocier ces fameux statuts dans le cadre des négociations devant aboutir à la création de Québec solidaire en 2005. Je faisais alors partie des équipes de négociation nommées à la fois par la défunte UFP, de même que par ce qui s'appelait alors le mouvement "Option Citoyenne", et duquel était entre autre issue l'actuelle leader, Françoise David.
Cela facilitait en même temps le regroupement des forces (lorsque Québec solidaire fut créé), puisque cela permettait du même coup à tout le monde de plus trouver son compte, au niveau de la répartition ultérieure des postes, au niveau de la direction.
Indépendamment de ces considérations plus conjoncturelles, cette double direction fut pensée exprès, pour justement éviter qu'il puisse y avoir plus tard des dérapages à ce sujet. Lorsque la direction de Québec solidaire suggéra effectivement, et plus tard -- c'était durant le congrès à Lennoxville, il y a de cela quelques années -- de réduire de manière importante le nombre de membres siègeant sur le Conseil national de coordination, cela fit alors beaucoup de brouahas. L'argument principal qui était alors amené pour justifier cette plus grande centralisation pouvait se résumer ainsi: il fallait devenir "plus efficace" et être en même temps capable de réagir plus rapidemment. Je me souviens encore de tous ces débats; je siègeais alors sur le Comité des résolutions, au congrès. Le congrès était alors divisé en deux sur cette question et cela prit des heures de négociations assez difficiles, avant qu'une solution puisse finalement être trouvée et être en même temps acceptable au plus grand nombre.
François Saillant, du FRAPRU, et qui était aussi du Comité des résolutions, lors de ce congrès, sortait à intervalles réguliers, pour aller consulter Françoise David sur telles ou telles possibilités de solution. Alexa Conradi, l'actuelle présidente de la Fédération des femmes du Québec (FFQ), qui était alors présidente de Québec solidaire -- c'était avant que son poste soit finalement fusionné avec un des deux postes de porte-parole national --, venait aussi faire son tour, pour savoir si cela avancait suffisamment dans nos délibérations pour trouver une solution. Cela dura pendant près de 6 heures de temps.
En contre partie du fait que certaines fonctions soient effectivement fusionnées -- dont celle de président, ainsi que celles associées à l'un des deux postes de coporte-parole, il fut alors convenu, lors de ce congrès, et entre autres choses, que l'un des deux coporte-parole, qui deviendrait donc aussi président ou présidente, ne pourrait jamais être, en plus, un ou une députée; cela fut même rajouté aux statuts, l'idée étant, une fois encore, de trouver des mécanismes permettant de limiter les impacts possibles d'une telle centralisation. On voulait, entre autres choses, éviter que la députation du parti finisse ultimement par jouer un rôle trop grand dans la gestion et la direction du parti.
C'était aussi vu comme une manière additionnelle pour faire en sorte que Québec solidaire ne devienne pas seulement, avec le temps, une machine électorale, et qu'elle puisse donc aussi garder son caractère comme "parti de la rue".
Soit dit en passant, c'est en fait suite à une tel changement, au niveau des statuts, qu'Amir Khadir démissionna finalement de son poste de coporte-parole national, rapidemment après l'élection en septembre dernier, de Françoise David, comme députée de Gouin, puisqu'un des deux devait nécessairement céder sa place, à cause de ce que je viens d'expliquer. Depuis déjà longtemps, Amir Khadir avait annoncé qu'il n'hésiterait pas à poser un tel geste, advenant l'élection de Françoise David, puisqu'il avait toujours considéré, qu'à tout prendre, c'était d'abord elle qui devrait être à l'avant plan, sur la scène publique, et qu'il avait plutôt tendance à voir sa propre contribution, en tant que coporte-parole, comme étant que temporaire.
L'existence de collectifs s'insère dans cette même logique dans la mesure où ces organismes -- tel le PCQ, puisqu'il est lui-même un collectif au sein de Québec solidaire -- peuvent alors devenir eux aussi des contre-pouvoirs utiles, toujours dans le cadre de la lutte à mener contre les effets pervers d'une trop grande centralisation des pouvoirs en politique.
Je n'ai pas vraiment l'espace, ici, pour m'étendre à nouveau sur toutes les luttes qui durent être menées afin que le principe même des collectifs soient reconnu à chaque étape de l'histoire de l'UFP, puis de Québec solidaire, incluant le droit pour le PCQ d'y avoir droit. Ce ne fut pas facile non plus. C'est, cela dit, réalité aujourd'hui.
Et pourtant, cela n'empêche pas le fait que Québec solidaire, à maints égards, et de par plusieurs aspects au niveau de ses propres méthodes d'organisation, de même que de par la petitesse de son Comité national de coordination, ainsi que le poids de sa permanence nationale -- est déjà une organisation très centralisée, après seulement 7 d'existence. En tous les cas, elle l'est beaucoup plus que ce qui était initialement prévu, au moment de sa création, en 2006.
L'histoire du PCQ illustre aussi ce fameux paradoxe. Moi-même, en tant que chef du PCQ, exerce une influence et un rôle, au sein même du PCQ, que je voudrais plus restreint. Sauf qu'il n'est pas toujours facile de changer un tel état de fait, même quand on le voudrait et qu'on est même le chef.
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Conséquemment, quand un chef s'en va, y compris quand cela est pour de très bonnes raisons, cela ne peut faire autrement que d'affecter l'organisation en même temps. Surtout quand tout tourne efffectivement, et dans une large mesure, autour de ce chef.
Quand on est soi-même un leader, et qu'on a vraiment à coeur l'avenir du mouvement pour lequel on oeuvre, et même si on ne prévoit pas partir tout de suite, on ne peut faire autrement que d'être préoccupé par une telle situation, parce qu'on aura tôt ou tard à effectivement tirer sa révérence, et qu'on ne voudra alors pas que cela affecte trop sa propre organisation pour laquelle on a tant travaillé.
Cela n'est pas juste vrai pour un parti politique; cela vaut aussi pour la plupart des groupes et mouvements de la société civile, syndicats, groupes populaires, regroupements, etc.
Après plus de 40 ans de militantisme actif, au sein de la gauche québécoise, je cherche encore, moi-même, à sans cesse poursuivre ma réflexion sur la meilleure manière de combattre cette fameuse tendance à la centralisation, tout en reconnaissant que cela prendra toujours des leaders.
Pour moi, cela n'est pas juste important, à court terme, pour faire face aux exigences de la situation actuelle. C'est aussi tout aussi important pour ce que nous voulons faire à plus long terme, le type de société que nous voulons pour le Québec de demain, de même que la manière dont nous voulons y arriver.
Je ne peux qu'avoir conséquemment une pensée solidaire pour tous ces gens au sein d'Option Nationale, autant pour les membres de la direction de ce parti, que pour les simples militants et militants, plus à la base. Ce fameux dilemne, qui nous hante tous et toutes, vient de les rattraper et cela les a frappé dans le "dash", comme on dit en bon québécois.
HIer soir, ma femme et moi, nous nous demandions encore, dès suite de l'annonce de la démission de Jean-Martin Aussant, après avoir regarder le bulletin des nouvelles, à la TV, si tous les sacrifices que j'avais moi-même encouru -- même chose pour ma conjointe --, toutes ses années, pour le PCQ, en avait valu la peine. Cela vient vous chercher.
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Dans un tel contexte, il est donc tout à fait normal qu'une telle annonce ait effectivement l'effet d'un coup de massue. Pour beaucoup de monde. À n'en pas douter, l'onde de choc créée par cette annonce pourrait continuer à faire des vagues pendant encore un certain temps, et nourrira également les réflexions chez bons nombre de militants et de militantes, pendant une bonne partie de l'été. Ce qui en ressortira n'est peut-être pas encore très clair, mais cela aussi, c'est normal.
Nous, au PCQ, sommes avec Québec solidaire. Cela, tout le monde le sait, et nous ne saurions, en même temps, prétendre être par conséquent de simples observateurs devant une telle annonce. En toute impartialité.
Par pur esprit partisan, nous pourrions, dans le fonds de nous-mêmes, nous dire que tout cela est peut-être une bonne chose, dans la mesure que cela pourrait éventuellement entraîner l'implosion graduelle d'ON, poussant ainsi ses militants et ses militantes à aller ensuite ailleurs ... et donc peut-être, par richochet, à revoir leurs affiliations. Sans doute, certains, au sein de Québec solidaire, de même qu'au sein du PQ, le penserons. Mais cela ne sera pas notre cas. Je le dis très sincèrement.
Non seulement agir de la sorte serait assez mesquin, toujours dans le contexte qui est le notre, collectivement, mais cela reviendrait également à manquer totalement de vision par rapport à l'état actuel des lieux, ainsi qu'à faire preuve d'un aveuglement assez manifeste face au rôle joué jusqu'ici par Option Nationale.
Depuis sa création, et par sa seule présence, je crois qu'Option Nationale a plus d'une fois joué un rôle important et positif pour aider à briser l'espèce de torpeur ainsi que l'esprit de pensée unique qui domine encore beaucoup trop le mouvement souverainiste, ainsi que les milieux de gauche en général, et qui nuit énormément autant à l'un qu'à l'autre de ces mouvements.
Cela peut peut-être paraître drôle, de la part du chef d'un parti communiste, de dire pareille chose, mais je n'en pense pas moins avec beaucoup de convictions. Cela se base aussi sur une certitude : celle qu'il faut arrêter de répéter, fois après fois, les mêmes erreurs.
Cela me rappelle la manifestation encore toute récente, organisée dans les rues de Montréal, pour la Fête des Patriotes, à laquelle je participais. Je tenais une des bannières principales. Option Nationale était très présent parmi les manifestants et les manifestantes. Leurs appuis chez les jeunes étaient également manifeste. Cela faisait chaud au coeur.
Tout en étant de ceux et de celles qui croient fermement à l'importance des alliances pour la suite des choses -- au point où pour nous, au PCQ, cela en est même un aspect stratégique, et crucial pour le succès du combat pour l'indépendance; je me réfère ici à une alliance qui devra tôt ou tard se faire entre les différents partis souverainistes --, je crois qu'un parti comme Option Nationale a toujours sa place et peut encore apporter beaucoup de contributions sur la scène politique québécoise, y compris et notamment dans une perspective d'alliances futures
C'est tout aussi certain qu'à tout prendre, et advenant qu'Option Nationale ne puisse effectivement survivre à la crise actuelle, -- ce qui serait dommage, je tiens à le dire --, nous, au PCQ, aimerions bien plus ques les militants et les militantes rejoignent Québec solidaire, plutôt que le PQ.
Si je dis cela, c'est d'abord parce que la stratégie d'accession à l'indépendance d'Option Nationale ressemble en maints égards à celle que nous défendons nous-mêmes, au PCQ. Nous serions ainsi plus nombreux à pousser dans la même direction. Ce serait vrai tout au moins en ce qui a trait à cette question. Mais il y a aussi d'autres raisons.
Cela aiderait également à modifier l'état des rapports de force dans Québec solidaire entre l'aile plus radicale (en matière de souveraineté), une aile à laquelle nous sommes bien évidemment associée, et ceux qui sont plus modérés (toujours sur cette question). Finalement, cela pourrait aussi avoir comme effet d'aider à mieux combattre tous les vieux relents de sectarisme et d'ultra-gauchisme qui existent toujours au sein de Québec solidaire et qui ne peuvent que nuire à terme à l'avenir des choses. Tout cela est évident.
Ce serait d'autant plus vrai que Québec solidaire est une formation dont l'existence même repose sur le respect de la diversité des courants qui la traversent. La présence de collectifs, dont nous sommes, en est une des preuves.
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Une fois cela dit, je crois que le maintien d'Option Nationale, avec un leadership renforcé, pourrait tout aussi bien aider à la suite des choses, dans le sens où cette formation continuerait effectivement à être un véhicule actif pour aider à remettre en cause certains dogmes et brasser la cage quand cela est nécessaire. Cela doit s'appliquer autant du côté du PQ, que de Québec solidaire car, et même si nous sommes membres de Québec solidaire, nous sommes également capables de reconnaître que cette formation peut aussi prendre à l'occasion de mauvaises décisions. Elle peut parfois faire des erreurs ou se tromper sur certaines choses.
Nous mêmes, au PCQ, ne sommes pas exempts d'erreurs. Seuls ceux qui ne font jamais rien, ne font jamais d'erreurs. La même chose vaut pour Québec solidaire. L'important n'est pas de jamais faire d'erreurs, mais de plutôt apprendre de celles-ci, quand cela se produit, de manière à ne pas continuer à faire ces mêmes erreurs.
En ces temps plutôt difficiles, je crois que nous avons tous et toutes besoin, au sein du mouvement souverainiste, de même que des différents courants de gauche qui y oeuvrent, d'encore plus de compréhension et de respect mutuels entre nous. Nous avons tous et toutes aussi besoin de beaucoup plus d'entraide et de coopération, sous toutes ses formes. C'est plus que jamais important. Nous avons tous et toutes aussi besoin d'oeuvrer dans le sens d'une vision la plus commune possible.
Je suis convaincu, pour ma part, qu'on finira tôt ou tard par y arriver. D'une manière ou d'une autre. On n'a juste pas le choix.
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(1) : Cliquez ici pour lire à ce sujet le commentaire de Patrick Bourgeois, mis en ligne le 19 juin, sur le site du RRQ.
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Note: André Parizeau est le chef du Parti communiste du Québec (PCQ); c'est aussi un des membres fondateurs de l'Union des forces progressistes (UFP), puis ce qui allait plus tard devenir Québec solidaire.
Comme un coup de massue...
Tribune libre
André Parizeau39 articles
Chef du Parti communiste du Québec (PCQ), membre fondateur de Québec solidaire, membre du Bloc québécois, et membre de la Société Saint-Jean Baptiste de Montréal (SSJBM)
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2 commentaires
Luc Bertrand Répondre
21 juin 2013Monsieur Parizeau, je suis d'accord avec M. Bouthillette. Votre analyse est très pertinente et l'humilité dont vous faites preuve est rafraichissant.
Étant donné la longueur de votre article, j'ai d'abord réagi sur le site du RRQ pour tenter de remonter le moral de Patrick Bourgeois. En effet, j'ai trahi la promesse faite à mon épouse de faire le ménage cet après-midi en tentant de répondre aux nombreuses réactions suite au départ de Jean-Martin Aussant. Quand la situation s'effondre sur le front où l'ennemi nous menace le plus, on n'envoie pas les troupes et les "Panzerarmees SS" à l'arrière nettoyer les débris causés par les attaques aériennes!
Au risque de m'attirer une volée de bois vert des péquistes inconditionnels, même avec la menace de voir revenir les libéraux au pouvoir pour terminer leur œuvre de sabotage de l'État québécois, je soutiens que tous les partis qui ont été fondés par les dissidents du PQ depuis 1968 sont légitimes. L'UFP (aujourd'hui QS) a été créée suite au virage néolibéral du PQ dans les années 1980 et de la malheureuse politique du "déficit zéro" sous Lucien Bouchard. Le PI, puis ON, sont nés suite à l'abandon de l'indépendance et de la molesse de la défense du français par le PQ sous André Boisclair et Pauline Marois. Les différents chefs du PQ ont beau prétendre le contraire, ce n'est pas aux dissidents de rentrer au bercail, car ce n'est pas eux qui ont manqué de loyauté envers le parti, mais plutôt les chefs qui ont trahi les militants en ne respectant pas le programme qu'ils ont adopté, sacrifiant toujours la cause (indépendance) et les idéaux (social-démocratie) pour des considérations bassement électoralistes.
Les derniers sondages CROP et Léger ont beau être non scientifiques, la tendance est trop lourde et le verdict sans aucun équivoque pour se tromper: le PQ et sa cheffe ont trahi la confiance des électeurs et c'en est fini avec la stratégie du "bon gouvernement" provincial qu'on appelle maintenant la "gouvernance souverainiste". Et ce n'est pas à cause de son statut minoritaire que le gouvernement péquiste a perdu la faveur du public, mais de son manque de vision, son amateurisme et son incohérence. À faire le vide de toute dissension au sein de son équipe, Pauline Marois (comme André Boisclair avant elle) s'est privée de candidats vraiment compétents et son acharnement à s'accrocher au pouvoir ne fait que justifier les appréhensions des indécis voulant qu'un Québec souverain ne serait pas plus efficace que l'actuelle "Province of Quebec".
Tant que le PQ s'aveuglera de la sorte, les autres partis souverainistes conserveront leur pertinence, les votes qu'ils lui arracheront et les comtés qu'ils lui feront perdre étant le seul rapport de force qu'ils disposent pour lui faire reconnaître ses erreurs. Malheureusement, il semble bien qu'il faudra une nouvelle défaite humiliante au PQ pour lui placer les yeux en face des trous: replacer l'indépendance au centre de son action ou disparaître.
Archives de Vigile Répondre
21 juin 2013@ André Parizeau,
Je trouve que vos articles de réflexion et d'analyse reçoivent rarement, ici sur Vigile, le lot de commentaires qu'ils mériteraient.
A l'occasion de cet article où vous vous surpassez une fois de plus, je voudrais vous faire part de l'intérêt que je porte à chacun de vos articles sur la situation politique du Québec qui sont à la fois posés et universels.
J'apprécie régulièrement et cette fois-ci c'est encore plus vrai que jamais cette vue plus générale que vous savez apporter au-delà de la partisanerie que pourrait apporter votre appartenance à UN parti.