L'objectif de déficit zéro au PQ:

Une obsession qui est en train de les rendre fous ...

Tribune libre

Par André Parizeau (*)
La recherche du déficit zéro et la hantise des déficits budgétaires est en train de rendre comme fous les membres du gouvernement Marois. C'est même rendu au point où on serait en droit de se poser de sérieuses questions sur ce qui peut se tramer dans la tête de ces gens.
La réprobation quasi générale face à l'annonce des coupures annoncées en catimini au niveau de l'aide sociale était d'autant plus difficiles à comprendre que celles-ci étaient non seulement immorales, d'un point de vue social, mais également injustifiables d'un point de vue même comptables, puisqu'elles ne représentaient même pas 30 millions de dollars. Une goutte d'eau dans un budget gouvernemntal annuel de plus de 70 milliards de dollars. Pour les personnes dépendant de l'aide sociale, la perte de 129$ par mois représentaient néanmoins une coupe majeure.
Et voilà maintenant que le gouvernement Marois en remet en coupant cette fois dans le réseau public de garderies, soient les CPE. Ce gouvernement justifie ses nouvelles coupures, toujours non prévues jusqu'à là, par le fait que le réseau des CPE auraient accumulé au fil des ans des surplus de 220 millions, alors que ces argents avaient été mis de côté pour couvrir les dépenses à venir, au cours des prochaines années, pour l'entretien des bâtiments, et autres obligations du même genre. Dans les faits, on récompense la bonne gestion du réseau, en distribuant des pénalités. Belle manière d'agir de la part d'un gouvernement qui prétend, pour sa part, être le champion de la bonne gouvernance.
En surplus d'être obsédé par la recherche du déficit zéro, ce gouvernement veut absolument être vu -- on se demande bien par qui -- comme étant le meilleur gouvernement. Un bon gouvernement. Un gouvernement responsable. Mais responsable pour qui ? Le PQ a beau prétendre en même temps être le seul parti pouvant amener le Québec vers sa pleine indépendance et la réalisation de son droit à l'autodétermination. Mais on est en droit de se demander en quoi la multiplication de telles politiques, en plus de renier de plus en plus une bonne partie de ses engagements électoraux, nous rapproche de l'objectif d'un Québec souverain.
Plus que jamais, la stratégie du PQ, consistant à vouloir s'en tenir à la recherche d'une " bonne gouvernance ", en attendant que les conditions pour la réalisation de l'indépendance du Québec, sans jamais, en même temps, vraiment oeuvrer à ce que ces conditions se réaliser, ressort comme une stratégie de cul de sac. Le seul véritable impact d'une telle stratégie, qui est comme un fil conducteur, au niveau des politiques suivies par le PQ depuis près de 30 ans, avec comme seule exception, ce qui se passa en 1994 et 1995, consiste à renforcer au sein de ce parti des positions de droite, tout en laissant tout en laissant une bonne partie de la mouvance souverainiste orpheline. C'est pitoyable.
C'est d'autant plus vrai, par rapport au dossier des CPE, que madame Pauline Marois s'était toujours targuée, jusqu'à récemment, et non sans couper les coins un peu ronds en agissant ainsi, d'être la personne par qui ce réseau avait pu voir le jour au départ.
Selon les derniers sondages, le niveau d'appuis au PQ ne semble pas baisser. Mais il ne monte pas non plus, ce qui représente en soi un problème majeur pour tous ceux et celles qui espérerent toujours que ce parti puisse éventuellement profiter d'un nouvel essort pour pouvoir devenir majoritaire au sein de l'Assemblée nationale. Nul doute que si ce genre de politiques, de la part du PQ, devait continuer à s'accentuer que cela finira par tirer ce niveau d'appuis vers le bas. Le contraire serait surprenant.
Reste, comme seule autre alternative, que le PQ finisse par se resaissir, et abandonne sa trajectoire actuelle, laquelle est carrément suicidaire.
***
S'il y a quelqu'un aujourd'hui qui doit sourire devant ce qui est en train de se passer, cela doit bien être Jean Charest. Même chose pour tous ceux et celles qui ont une peur bleu que le Québec devienne indépendant et se positionne beaucoup plus clairement à gauche sur l'échiquier politique.
Heureusement, il y a de plus en plus de gens qui, au sein de la mouvance souveraniste, remettent aujourd'hui en cause les stratégies du PQ. Ils réalisent qu'on est en train de s'en aller tout droit dans un mur. Ce faisant, et en même temps, les idées de gauche font leur bonhomme de chemin.
Au sein du mouvement souverainiste, il faut poursuivre les débats, tout en insistant sur l'importance de reconstruire une unité plus solide du mouvement. Chose certaine, cette unité, ou cette plus gande convergence, devra nécessairement se faire sur des positions autre que celles actuellement défendues par le PQ.
***
Réagissant aux coupures dans le réseau des CPE, les représentants du réseau des garderies promettent une riposte énergique visant à forcer le gouvernement à faire marche arrière. Après le Front commun des personnes assistées sociales, les voici eux-aussi qui disent vouloir se mobiliser, pendant que les critiques montent aussi du côté syndical, ainsi que du côté du mouvement de défense du français.
Selon le directeur général de l'Association québécoise des centres de la petite enfance, Louis Senécal, le gouvernement n'a pas trouvé le bon argument pour expliquer les compressions. « Les règles gouvernementales prévoient qu'un CPE peut emmagasiner 25 % de son chiffre d'affaires en surplus, pour un total de 250 millions. Donc, on est bien en deçà de ce total-là avec 222 millions », mentionne-t-il.
M. Senécal explique que ces surplus servent notamment à l'entretien des bâtiments et à l'aménagement des terrains et souligne que depuis sept ans, « les dépenses ont doublé, mais le financement est resté le même ».
« On ne comprend pas les motivations de Mme Marois. 50 millions sur un budget de 72,4 milliards de dollars au Québec, c'est une goutte d'eau dans l'océan. Ce n'est certainement pas ça qui va contribuer à améliorer significativement les finances publiques », lance-t-il en même temps.
Commentant la création de 28 000 nouvelles places dans les garderies à 7 $, une annonce faite par le gouvernement Marois en novembre, Louis Senécal rajoute que la politique du gouvernement est complètement contradictoire.
« On s'attaque directement à la capacité des parents de pouvoir contribuer à l'économie du Québec. [...] Rien n'est exclu. On va envisager tous les moyens. Il faut absolument qu'on revienne sur cette décision-là. On ne peut pas croire que la mère du réseau des services de garde au Québec, Mme Marois, est en train de mettre la hache dans ce si beau réseau qui fait la fierté des Québécois », a-t-il ensuite conclu.
Il a promis que « le réseau des CPE va se mobiliser comme jamais un réseau ne s'est mobilisé. Le printemps érable de Mme Marois commence! ».
(*): André Parizeau est le chef du Parti communiste du Québec (PCQ); c'est aussi un des membres fondateurs de Québec solidaire; finalement, il est aussi membre de la Société St-Jean Baptiste de Montréal, et secrétaire de section au sein de cet organisme. Ce texte est aussi disponible sur le site de www.pcq.qc.ca .

Featured fdbf38dac82017a0cdd5a34eae7b44e3

André Parizeau39 articles

  • 48 825

Chef du Parti communiste du Québec (PCQ), membre fondateur de Québec solidaire, membre du Bloc québécois, et membre de la Société Saint-Jean Baptiste de Montréal (SSJBM)





Laissez un commentaire



4 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    18 mars 2013

    Moi, ce qui me rend fou, fou de rage, c'est qu'aucune province, aucun gouvernement provincial ne dénonce la politique de l'évasion fiscale encouragée par Jim Flaherty qui signe des AERF,(Accords d'Échanges de Renseignements Fiscaux). Ces accords visent à traquer les particuliers qui font de l'évasion fiscale, mais ces accords accordent le droit aux compagnies d'être exonorées d'impôt.
    Les compagnies n'ont qu'à déclarer que le centre de décision est dans le centre offshore, et voilà le tour est joué.
    Avec ce stratagème, non seulement le fédéral se prive de revenus, mais toutes les provinces sont privées de revenus également. Si le fédéral accepte un marchandage aussi ignoble, c'est parce que les compagnies achètent avec des dons politiques et fort probablement avec aussi des enveloppes brunes, ce droit à l'exemption fiscale. Il y aurait derrière ce privilège un monsieur 3% que cela ne me surprendrait pas du tout.
    Il me semble que c'est le devoir de Mme Marois et aussi de tous les autres premiers ministres provinciaux d'exiger que M.Flaherty modifie les AERF (une quinzaine) et probablement toutes les autres conventions fiscales (90 à peu près) dont on entend très peu parler.
    Pourquoi Mme Marois n'exige-t-elle pas publiquement que M.Flaherty modifie les AERF? Est-ce par ignorance ou par conflits d'intérêts interposés? Ceci dit, je n'affirme rien et je n'accuse pas, je pose tout simplement la question.
    Si elle ne comprend pas les AERF, je peux me faire un devoir et un plaisir de lui expliquer en me déplaçant et en me rendant à Québec à mes frais.

  • Archives de Vigile Répondre

    17 mars 2013

    Monsieur,
    Juste un court commentaire: Je suis âgée de 68 ans et membre du PQ depuis 68. Je vous entend critiquer les coupures du PQ et je note en même temps que vous êtes un des membres-fondateurs de QS. Cela me désole et même me heurte au plus haut degré. Je suis scpetique comme vous sur les coupures récentes du PQ quoique ce gouvernement a tous les torts, tant chez la gauche que chez la droite, y compris les médias dont l'information est très galvaudée.
    Et je pense que si ce parti n'avait pas existé, je parle de QS, et bien le PQ serait sûrment majoritaire et il pourrait gérer encore mieux pendant 4 ans, remettre l'économie en ordre et nous offrir un référendum gagnant. Pour l'ON aussi, c'est désolant.
    La clé de l'indépendance passe par l'union et non la division. Le PQ, même dans sa forme actuelle, demeure la seule formation compétente avec une équipe extraordinaire.
    Mais, les québécois ont un solide réflexe de colonisé et aime beaucoup se manger la laine sur le dos.
    En 76, je croyais que je verrais cette indépendance au plus tard vers 80. J'avais 38 ans. Maintenant je me demande si je verrai ce grand jour avant mon trépas.
    Avec l'arrivée de Couillard dont la réputation très louche(Porter) ne l'a pas empêché d'être couronné en grande pompe et au 1er tour, mon désarroi est immense.
    On fait le jeu des médias (Gesca) en critiquant le PQ pour une administration trop rigoureuse.Même pas pour des raisons de fraudes... Je parle ici de la go-gauche et de tous les illettrés de la politique...
    Que le miracle vienne!!!!

  • François Ricard Répondre

    17 mars 2013

    Selon les chiffres du gouvernement du Québec (2010) , un étudiant québécois coûte en moyenne 28 073$ à l’état; un étudiant d’une autre province coûte au Québec 24 563$; un étudiant étranger coûte en moyenne 16 000$.
    Nous subventions donc les étudiants canadiens dans les universités anglophones à hauteur de 330 millions et les étudiants étrangers à hauteur de 183 millions.
    Alors pourquoi priver nos gens les plus démunis de 19 millions et les garderies pour nos enfants de 30 millions?

  • Archives de Vigile Répondre

    17 mars 2013

    "La recherche du déficit zéro et la hantise des déficits budgétaires est en train de rendre comme fous les membres du gouvernement Marois."
    Effectivement,
    Chez les serviteurs du Système, c'est à dire chez tous les députés des partis politiques de l'establishment, les psychologies sont affectées par le Système.
    Cet état fait que dans la tête de tous ces gens, l'argent et la comptabilité sont plus importants que l'être humain et ses besoins.
    Il s'agit d'un genre d'inversion des valeurs.
    Le regretté syndicaliste Michel Chartrand, un homme aux valeurs solides, préconisait pour sa part un revenu de citoyenneté universel afin que tous les Québécois sans exception puissent vivre décemment et heureux.