À chaque fin de vacances, je prends une bonne résolution et je fais de mon mieux pour m’y tenir.
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Laissez-moi vous expliquer.
Je rentre d’une semaine formidable passée auprès d’amis sur la Côte-Nord.
Sur le chemin du retour, je me disais que nous vivions une époque cynique, désenchantée, résignée.
Nous sommes très portés à croire que les choses sont comme elles sont parce qu’elles ne peuvent pas être autrement.
On s’invente des justifications pour défendre notre inaction.
Dire non.
Prenez Justin Trudeau.
L’affaire WE Charity n’est pas une malencontreuse erreur de jugement commise dans le feu de l’action par des gens qui n’ont pas pris le temps de réfléchir.
Quand un organisme utilise la femme du premier ministre et paye sa mère, son frère et les enfants du plus important ministre, et cela depuis des années, on est en face d’un système pensé et planifié.
Mais notre cynisme et notre résignation, dont je parlais plus haut, nous font dire : ah ben, les conservateurs ne seraient pas meilleurs, le Bloc ne peut prendre le pouvoir... et on finit par accepter l’inacceptable.
On a tort.
S’il nous reste un minimum de dignité et de lucidité, il est impératif de se débarrasser de Justin Trudeau à la prochaine élection fédérale.
Prenez Julie Payette.
Le vrai problème n’est pas que la jeune femme a d’évidents problèmes à réconcilier son tempérament plus que bouillant avec la totale inutilité de sa fonction.
Le vrai problème est que notre cynisme et notre résignation nous font dire qu’après des parasites comme Lise Thibault et Michaëlle Jean, nous devons aussi subir Julie Payette parce que nous sommes « pognés », en 2020, avec la monarchie britannique.
On a tort encore.
Comme l’a souvent expliqué le réputé constitutionnaliste André Binette, il est faux de croire que nous sommes pris avec la monarchie parce que nous avons choisi à ce jour de demeurer une province canadienne.
Le premier ministre de l’Alberta, Jason Kenney, semble déterminé à aller de l’avant avec son intention de forcer des négociations constitutionnelles en 2022.
L’avis de la Cour suprême de 1998, jamais utilisé à ce jour, prévoit qu’on ne pourra lui fermer la porte au nez.
Dans ce contexte, rien n’empêche le Québec, à l’instar de beaucoup d’Australiens, de faire de l’abolition de la monarchie une de ses demandes. Pas besoin de faire la souveraineté pour cela.
Comme le souligne Binette, l’appui à l’abolition de la monarchie est aussi élevé au Québec que celui à la loi 21 sur la laïcité.
Mais pour cela, il faut avoir envie de se battre pour vrai.
Frapper
Je parlais plus haut de ma résolution.
La vérité est que nous, les chroniqueurs, contribuons souvent à entretenir ce climat cynique et morose.
Ma résolution est de ne pas céder un pouce de terrain, de dire les choses comme je les vois, de ne pas tourner autour du pot, de frapper fort quand c’est justifié, de lutter, comme l’écrivait récemment le grand cinéaste Bernard Émond, comme un insurgé sur une barricade.
Que les fatigués aillent se reposer.