SONDAGE

Les libéraux en terrain majoritaire

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« Il y a inadéquation entre le Bloc et ses électeurs. Le parti est beaucoup plus à gauche, alors que ses électeurs sont plus à droite, plus âgés, plus en région. »


Si des élections fédérales avaient lieu aujourd’hui, les libéraux formeraient probablement un gouvernement majoritaire. C’est ce que laisse croire un récent sondage dans lequel le parti de Justin Trudeau devance les conservateurs de six points à l’échelle du pays.


Dans le dernier coup de sonde de la firme Abacus Data, la formation politique du premier ministre pointe à 36%, alors que le parti d’Erin O’Toole suit avec 30 % d’appuis et que le NPD de Jagmeet Singh est bon troisième avec 16% des intentions de vote.


«Il ne manque que 12 sièges à Justin Trudeau pour avoir une majorité. Et quand on regarde la redistribution de ce sondage par province, c’est suffisant pour une majorité. Ce n’est pas une majorité confortable, mais c’est une majorité», a constaté Bryan Breguet, créateur du site Too Close Too Call, qui a développé un modèle mathématique pour prédire les résultats des élections circonscription par circonscription.


Chose certaine, son blogue n’a jamais aussi bien porté son nom, car bien qu’il soit indéniable que les libéraux sont en tête en ce moment, M. Breguet est loin d’être convaincu qu’ils pourront maintenir cette avance jusqu’au prochain scrutin.


«Avec la deuxième vague, la situation sanitaire est la seule priorité, devant l’économie, et les gens veulent de la stabilité. Mais au printemps, quand il y aura un vaccin, les gens ne penseront plus à la COVID et la relance de l’économie sera la priorité», a ajouté l’analyste politique, qui a rappelé que les partis de droite jouissent toujours d’un préjugé favorable au sein de l’électorat sur les questions économiques.


Bref, les carottes donc loin d’être cuites pour les conservateurs, selon Bryan Breguet, qui souligne qu’en plus, leur nouveau chef, Erin O’Toole, demeure relativement peu connu des Canadiens pour le moment.


«Les libéraux ont donc intérêt à trouver un moyen de déclencher des élections le plus rapidement possible», ajoute celui qui considère même que l’automne aurait été le meilleur des scénarios pour eux, afin de bénéficier pleinement de «l’effet COVID».


Le NPD a finalement évité à deux reprises dans les dernières semaines le déclenchement d’élections, alors que conservateurs et bloquistes étaient prêts à faire tomber le gouvernement Trudeau dans la foulée de l’affaire We Charity.


La bataille du Québec


Peu importe quand se tiendra le prochain scrutin, le Québec risque d’être décisif.


Actuellement les libéraux sont relativement stables avec 35 % d’appuis, devant le Bloc Québécois d’Yves-François Blanchet qui, à 29 %, serait en léger recul par rapport à octobre 2019.


Avec 18 % des intentions de vote au Québec dans le dernier coup d’Abacus Data, les conservateurs d’Erin O’Toole feraient à peine mieux que sous la houlette d’Andrew Scheer.


Cette dynamique pourrait toutefois changer au cours de la prochaine campagne électorale, a avancé Bryan Breguet.


«Il y a inadéquation entre le Bloc et ses électeurs. Le parti est beaucoup plus à gauche, alors que ses électeurs sont plus à droite, plus âgés, plus en région. Les conservateurs l’ont compris et ce n’est pas pour rien qu’Erin O’Toole s’est porté en défenseur du français dernièrement», a-t-il illustré.


Taux de satisfaction élevéM. Breguet remarque d’ailleurs que les électeurs bloquistes sont presque aussi insatisfaits du gouvernement Trudeau que les conservateurs, en opposition aux néo-démocrates et aux verts qui, eux, en général, s’en accommodent.


Revigorés par la deuxième vague, qui frappe au moment où l’affaire We Charity sombre dans les oubliettes, les libéraux bénéficient d’un taux de satisfaction très enviable de 48 %, toujours selon le dernier Abacus Data.Ce sondage a été réalisé auprès d’un panel de 2912 électeurs entre le 16 et le 24 novembre.