Comment manipuler les médias selon l’ex-directeur des communications de Harper

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Aucune conscience des questions d'éthique soulevées par de telles pratiques





Dans son mémoire de maîtrise, Dimitri Soudas montre comment une bonne utilisation des médias sociaux peut aider à faire passer des idées controversées auprès de la population.


Le réseau CBC a obtenu une copie du document de 74 pages nommé Media and Government: The Role of the Director of Communications («Les médias et le gouvernement: le rôle du directeur des communications») rédigé par l’ancien directeur des communications de Stephen Harper.


Selon lui, les partis politiques auraient tout avantage à utiliser de manière optimale les différentes plates-formes des médias sociaux. Ces derniers auraient changé la donne dans la façon de faire passer des politiques contestées auprès de l’opinion publique.


Même que Soudas soutient que les politiciens canadiens utilisent encore mal les réseaux sociaux contrairement aux hommes et femmes de pouvoir aux États-Unis.


«Pour bien profiter du potentiel des réseaux sociaux, les directeurs des communications doivent être au courant des tendances et s’engager à les suivre», affirme-t-il.


Selon lui, les politiciens devraient se servir davantage des réseaux sociaux pour montrer leur engagement plutôt que de simplement relayer de l’information sur leur parti. 


En plus de souligner l’importance des médias sociaux dans la vie parlementaire, Soudas décrit dans son mémoire la place grandissante occupée par le directeur des communications du premier ministre au cours des dernières années. Ce poste est maintenant au centre des décisions présentées au cabinet.


Cette proximité entre le premier ministre et son directeur des communications rendrait encore plus floue la distinction entre la politique et la publicité.


S’il traite surtout de la place des médias sociaux dans la politique actuelle, Dimitri Soudas se prononce tout de même sur le rôle des médias traditionnels dans la vie politique canadienne. Il se montre ainsi plutôt critique sur le traitement réservé à la vie politique à la télévision.


«La forme en est venue à détrôner le fond. Ce qui a un impact direct sur les stratégies développées par le premier ministre et de son directeur des communications pour interagir avec les journalistes de la télévision», commente-t-il.


Du même souffle, il accuse la télévision d’avoir miné le dialogue en politique, affirmant qu’elle «n’est pas une plate-forme efficace pour informer le public sur les enjeux sociaux et politiques pertinents.»


Du Parti conservateur au Parti libéral


Dimitri Soudas a débuté sa carrière en 2003 en tant qu’attaché de presse de Stephen Harper alors chef de l’opposition. Il est devenu directeur des communications du chef conservateur en 2010.


Il a été congédié du Parti conservateur en 2014 à la suite d’une mésentente autour de la candidature de sa conjointe Eve Adams pour la circonscription d’Oakville-Nord-Burlington en vue des élections de 2015. Il occupait alors le poste de directeur général de la formation politique.


À l’été 2015, Dimitri Soudas est devenu officiellement membre du Parti libéral de Justin Trudeau.


Cinq citations tirées du mémoire de Dimitri Soudas


«Pour un directeur des communications voulant mettre de l’avant une politique précise, une simple recherche sur Google permet de se retrouver devant une foule réceptive et enthousiaste.»


«Le directeur des communications est dorénavant une des personnes les plus en vue du gouvernement. Avec encore plus d’influence et de pouvoir que la plupart des ministres du cabinet, il est chargé de la planification stratégique, de la publicité, des médias sociaux, de la gestion de crise et des enjeux du parti. Et par-dessus tout, il est la voix officielle du premier ministre.» 


«Il est démontré que les stratégies de communication peuvent aider les gouvernements qui cherchent à imposer des décisions importantes, surtout si elles sont impopulaires, à une opinion publique sceptique. Mais elles représentent aussi un défi pour le quatrième pouvoir (les médias) obligeant le gouvernement à tenir des comptes.»


«Un des plus grands bienfaits pour les directeurs des communications cherchant à contrôler et diffuser le message du gouvernement a été la diversification des médias au cours des dernières années. Que ce soit par les médias locaux, les médias en ligne et les médias ethniques.»


«La télévision compromet encore plus la profondeur et la qualité du dialogue politique et des débats en obligeant les politiciens à s’exprimer par de brefs discours plutôt que de manière substantielle.»



 




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