CHEFFERIE DU PQ

Commentaire sur le premier débat de la course à la chefferie du PQ

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« Tant que les indépendantistes auront l'air déconnectés de la réalité et enfermés dans leur univers imaginaire, ils peineront à convaincre. »


J’ai suivi la course à la chefferie du PQ avec intérêt depuis ses débuts. J’ai eu l’occasion de l’écrire souvent, elle est intellectuellement stimulante et pose les grandes questions concernant l’avenir du nationalisme. Je le pense encore.


J’ai de l’estime pour tous les candidats, même si je ne me reconnais pleinement dans aucun d’entre eux. Mais je dois le confesser: si je devais me fier exclusivement au débat de ce soir pour savoir si ce parti a un avenir, je ne serais pas très optimiste.


Ce soir, le PQ a tout fait pour enfermer les candidats dans un cadre qui les condamne à ressembler à la caricature que le commun des mortels se fait du parti.


Quelques mots sur ce débat


Le cadre du débat tire tous les candidats vers le bas. Je ne sais pas qui l’a fixé ou qui a rédigé les questions, mais la première heure était pénible. La direction du PQ doit urgemment repenser les questions pour éviter de nous infliger deux autres séances du même genre. Je n'avais pas beaucoup apprécié la déclaration de principe adoptée il y a quelques mois, qui avait tout du robinet d’eau tiède, et je constate qu'elle ne parvient pas à structurer le débat et les enjeux.


Le débat a commencé de manière catastrophique avec une discussion complètement ésotérique sur l'indépendance, comme si nous étions au seuil de sa réalisation et s'il fallait seulement façonner le Québec souverain. On a joué à «on fait comme si».


L’espèce de querelle sur la voie maritime du Saint-Laurent était lunaire, celle sur les forces armées (non militaires?) d’un Québec souverain l’était aussi. Un peu plus et on nous parlait du programme spatial d’un Québec indépendant!


Je suis un indépendantiste convaincu, mais soyons sérieux, l’indépendance n’est pas à la veille de se faire et cette discussion semblait se situer dans un monde parallèle.


Il aurait été utile de savoir comment les candidats expliquent la situation critique du PQ, et comment ils entendent amener la population à renouer avec l’indépendance ou même, simplement, avec la question nationale. Nous ne parlons pas ici d’un parti au seuil du pouvoir, mais d’un parti au seuil de la tombe.


Tant que les indépendantistes auront l'air déconnectés de la réalité et enfermés dans leur univers imaginaire, ils peineront à convaincre. Un ami autonomiste qui n’est pas étranger à la tentation souverainiste (mais qui s’obstine à ne pas y céder!) me disait ce soir: si l’indépendance du Québec se fait un jour, ce ne sera pas grâce au PQ. Je n’avais pas envie de lui donner tort.


Les indépendantistes doivent parler de la réalité du Québec, faire le procès du régime fédéral et de ses valets provinciaux, parler de la situation du français, de notre régression démographique, traduire politiquement les aspirations identitaires des Québécois et montrer comment le nationalisme de la CAQ est trop souvent cosmétique. Ils doivent parler du Québec réel, et pas d’un Québec fantasmé sur le mode d’un grand colloque des IPSO. Et Dieu sait que ce n’est pas la chose la plus passionnante sur terre.


Autre chose: je le redis, les candidats ont quelque chose de valable à proposer. Mais ils se neutralisent tous s’ils se perdent dans une guerre de réputation. C’est une chose de critiquer ses adversaires, c’en est une autre de chercher à les rabaisser. Il y a des limites à se perdre dans les enfantillages stériles. Certains échanges, en fin de débat, étaient de niveau cégep.


M’enfin. Ne soyons pas trop déprimés. Ce soir, c’était peut-être une répétition, c’était peut-être la générale. Alors, comme aurait dit l’autre, à la prochaine fois.




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