Confusion libérale

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Tiraillé entre sa base ethnique et sa volonté de séduire les Canadiens français, le PLQ ne sait plus où donner de la tête



Docteur, docteur, qui suis-je ? Le Parti libéral du Québec essaie lentement de se remettre sur les rails, mais la crise d’identité est encore bien réelle.




Ainsi, les membres de la Commission jeunesse du PLQ ont voté une résolution en faveur de l’adoption d’une loi sur l’interculturalisme dans l’espoir de reconnecter avec la majorité francophone au Québec.




En théorie, ce mode d’intégration des cultures qui favorise une identité commune était déjà la position des libéraux depuis l’époque de Robert Bourassa.




Mais avec le discours que tenait Philippe Couillard, bien des militants ont été mystifiés. Ils ont cru que le PLQ défendait la notion de multiculturalisme à la Trudeau, qui fait primer la promotion de la diversité ethnique au détriment de la culture majoritaire.




Je me souviens de sa réaction, lors d’une entrevue avant le déclenchement de la campagne électorale de 2018. Je lui avais demandé s’il ne craignait pas que la majorité francophone ne s’efface petit à petit en cas de multiculturalisme à tous crins. Il semblait avoir eu du mal à réprimer un haut-le-cœur de dédain devant cette question.




Aux barricades




Pas surprenant que le président de la Commission des communautés culturelles du PLQ, Mohammed Barone, soit monté aux barricades contre la proposition des jeunes libéraux, pourtant fidèle à la tradition libérale. « Seul le multiculturalisme [...] est la voie vers une société francophone, plurielle et harmonieuse », a-t-il écrit.




Samedi, le chef par intérim Pierre Arcand n’était même pas en mesure de préciser si quelqu’un, au parti, lui avait passé un coup de fil pour le rappeler à l’ordre.




Mais il n’est pas le seul. Sur le plancher du congrès, hier, des militants ont dressé des parallèles avec Preston Manning, ont évoqué une tendance xénophobe de la CAQ. « L’interculturalisme, ça va faire éloigner beaucoup de partisans qui sont fidèles au Parti libéral et ça va faire éloigner des immigrants », a lancé au micro une jeune militante d’origine marocaine.




L’Ombre de Québec solidaire




En voulant séduire l’électorat francophone à nouveau, le PLQ perdra probablement des appuis dans les communautés culturelles. C’est pourquoi l’ombre de Québec solidaire plane comme un vautour au-dessus de circonscriptions montréalaises libérales qui pourraient basculer.




Quoi qu’il en soit, l’aspirante à la direction Marwah Rizqy s’est prononcée en faveur d’une loi sur l’interculturalisme. Dominique Anglade a même pris l’engagement de l’inscrire dans la plateforme du parti. Et le député Gaétan Barrette, qui n’écarte pas encore une candidature à la chefferie, a admis avec lucidité que la formation avait erré sous le régime de Philippe Couillard. « On n’a pas été au diapason avec la population québécoise et on ne s’est pas exprimé avec assez d’affirmation sur ce plan-là. »




Le changement de paradigme opéré depuis la dernière élection était évident ce week-end. Le congrès des jeunes libéraux avait l’habitude de marquer le coup d’envoi de la saison politique, mais cette fois-ci, plusieurs députés n’y étaient pas, et seulement une centaine de militants y ont participé.