Formation, prospérité et unité

conseil de survie réformiste 1837-1860

idée encore utile en 2010

Tribune libre

Docteur en histoire, Éric Bédard a reconstitué les grands débats et enjeux du Québec au milieu du XIXe siècle, des soulèvements de 1837-1838 jusqu’aux années 1860 dans un très intéressant livre qui vient de paraître : LES RÉFORMISTES.
Dans un climat de morosité et de désenchantement, des Canadiens-français influents, appelés les « réformistes », orientent les décisions prises au nom de la nationalité canadienne-française. Cette jeune génération réformiste est confrontée à des questions politiques, sociales et économiques.
Pour les réformistes, les Canadiens français doivent parler d’une seule voix, ils sont contre le concept de parti qui crée des clivages, et prônent l’unité, la cohésion et la concorde. Pour eux, la prospérité ne doit pas viser à procurer le bonheur des individus, mais la survie et le développement de la nationalité. « S’instruire, c’est s’enrichir », affirme LaFontaine. Les dirigeants locaux doivent acquérir de meilleures capacités littéraires et une culture générale.
Pour assurer le développement de l’agriculture, première assise économique d’alors, il faut former les agriculteurs.
L’éducation est au cœur de plusieurs débats ayant trait notamment à la réforme du système d’éducation, la remise en question des commissions scolaires nouvellement créées et du rôle des commissaires, l’imposition d’une taxe scolaire. La libéralisation des échanges commerciaux avec les États-Unis devient également un enjeu important de cette période, ainsi que l’accès à des capitaux plus importants que ceux des petits épargnants pour financer le développement du chemin de fer et aider les agriculteurs. Le triomphe du libre marché par l’abolition du taux d’intérêt fixe de 6% a aussi alimenté beaucoup de discussions. Pour les réformistes, enfin, le rôle de l’Église était avant tout de maintenir le lien social.
Le noyau dur réformiste est constitué d’Étienne Parent (1802-1874), Louis-Hippolyte LaFontaine (1807-1864), Augustin-Norbert Morin (1803-1865), Georges-Étienne Cartier (1814-1873), Joseph-Édouard Cauchon (1816-1885), Pierre-Joseph-Olivier Chauveau (1820-1890), Antoine Gérin-Lajoie (1824-1882) et Hector Langevin (1826-1906). C’est à travers eux que nous revivons cette époque peut-être morose, mais fascinante pour le lecteur d’aujourd’hui.
Les réformistes et le clergé catholique ont été majoritairement contre l’insurrection de nos Patriotes de 1937/38 parce qu’ils savaient que, mal armés, ils seraient battus par l’armée anglaise, la mieux organisées et la plus forte au monde et que leur défaite créerait beaucoup d’inutiles sévices aux Canadiens-français en fermes brûlées et autres affaires comme : 855 habitants arrêtés dont 108 seront accusés de haute trahison; de ceux-ci, 58 seront déportés en Australie et 12 pendus haut et court le 15 février 1839.
La morale de l’histoire : Ne pas s’attaquer militairement à l’autorité quand nous savons, à l’avance, que nous ne sommes pas assez armés, et que nous avons toutes les chances de se faire écraser. Vaut mieux tenter de négocier et/ou se ranger.


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4 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    27 février 2010

    Merci beaucoup !

  • Gilles Bousquet Répondre

    25 février 2010

    D'accord M. Bédard, je confirme que les 2 derniers paragraphes, avec la morale, sont les miens, ce qui n'est pas assez évident en lisant le texte.
    Encore, bravo pour cet intéressant ouvrage qui porte sur cette partie de notre histoire, encore trop mal connue, qui peut nous aider à réfléchir sur notre situation constitutionnelle actuelle.

  • Archives de Vigile Répondre

    25 février 2010

    Cher Monsieur Bousquet, je vous remercie d'avoir lu mon livre et de l'avoir porté à l'attention de ceux qui fréquentent le site Vigile. Une précision cependant, je n'ai pas tenté de faire la "morale" aux contemporains avec ce livre, simplement de présenter le destin tragique d'une génération confrontée à l'un des moments les plus difficiles de notre histoire.

  • Gilles Bousquet Répondre

    25 février 2010

    Dans l'avant-dernier paragraphe, j'ai écrit : «Les réformistes et le clergé catholique ont été majoritairement contre l’insurrection de nos Patriotes de 1937/38 » Il y a erreur, ce n'est pas 1937/38 mais bien 1837/38. S'cusez.