Malgré leurs indéniables talents de communicateurs, les leaders étudiants ont perdu la bataille de l'opinion publique, comme le confirme le dernier CROP.
Le gouvernement Charest sort gagnant de l'exercice, le taux d'insatisfaction ayant baissé de six points en moins d'un mois, alors que le Parti québécois, le seul des grands partis à s'être associé aux carrés rouges, est le seul à perdre des points!
Il fallait que la population soit vraiment excédée par la fronde étudiante pour que 68% des Québécois (9% de plus que le mois dernier) donnent raison à un gouvernement aussi détesté.
S'ils sont passés maîtres dans l'art de la manipulation, les leaders étudiants ont lamentablement failli à l'examen sur le fond des choses, comme le démontrent les propositions qu'ils ont sorties cette semaine de leur chapeau. Des propositions qui, outre qu'elles trahissent une abyssale mentalité corporatiste, montrent que les étudiants se soucient bien peu de l'avenir des universités.
Qu'on en juge.
Alors qu'elles se sont toujours plaintes du sous-financement des universités, la FEUQ et la FECQ réclament aujourd'hui le gel de nouveaux investissements dans les universités, histoire d'aller piger dans les fonds qui leur étaient destinés, et ainsi régler la facture que les étudiants refusent d'acquitter...
Ces jeunes personnes, qui semblent se croire qualifiées pour diriger les universités, leur disent même où couper: dans les équipements, les missions extérieures, le personnel de cadre... Curieusement, on ne mentionne pas les professeurs et les autres employés syndiqués dont la rémunération représente 78% du budget des universités.
La CLASSE en a évidemment rajouté, et là, on est vraiment tombé dans la loufoquerie. Alors que ses deux collègues, magnanimes, se contenteraient du maintien du gel, M. Nadeau-Dubois réclame la gratuité totale. Et on financerait ça comment? Simple comme bonjour!
Taxe sur le capital, gel de l'embauche des cadres, élimination de la publicité visant à recruter des étudiants, moratoire sur la création de campus satellites (voici au moins une bonne idée) ... Rien que du prévisible jusqu'ici. Mais la CLASSE se surpasse en proposant de réduire la part consacrée à la recherche dans les universités pour l'investir dans l'enseignement.
Voilà une manifestation d'anti-intellectualisme sidérant, qui laisse croire que la CLASSE ne comprend pas ce qu'est une université.
Autrement dit - toujours la philosophie du «me, myself and I», du «tout pour moi» -, les profs devraient être exclusivement au service des étudiants, au mépris du fait que l'une des deux missions fondamentales des universités est l'avancement de la recherche. Sans la recherche, on n'a pas d'université digne de ce nom, on n'a même pas non plus d'enseignement universitaire de qualité.
Fi de la recherche, donc, qui est de toute façon, comme dit le petit catéchisme de la CLASSE, «orientée en fonction des besoins des entreprises». Ah oui? Et les chercheurs du CHUM qui travaillent sur le cancer, et les géologues qui planchent sur le climat, ils seraient des pions du grand capital?
Au fait, ne sont-ce pas les entreprises qui donnent de l'emploi aux travailleurs, ici comme ailleurs? Est-il immoral qu'un étudiant en génie apprenne des techniques compatibles avec ce qui se fait chez Bombardier?
Le pire, c'est que ces mêmes associations ont levé le nez avec mépris sur l'offre gouvernementale qui avantageait leurs membres les moins favorisés.
La gratuité est un mythe, ce qui compte c'est l'accessibilité. Or, le gouvernement a fait, sur ce point, des concessions que tous les experts indépendants estiment très avantageuses pour la classe moyenne à petits revenus. Les leaders étudiants n'y ont vu qu'une «insulte». Sur quelle planète vivent-ils, pour ignorer ainsi les intérêts élémentaires de leurs membres?
Corporatisme et loufoquerie
La gratuité est un mythe, ce qui compte c'est l'accessibilité.
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