Chaque parti politique s’appuie sur quelques convictions profondes et des valeurs naturelles. Difficile d’en déroger sans provoquer des frictions. Imaginez si le Parti québécois décidait de promouvoir le Canada. Imaginez si Stephen Harper s’était levé un matin en annonçant un adoucissement des peines pour tous les criminels.
Le virage brusque et la nouvelle position tranchée de Philippe Couillard anti-développement à Anticosti relève de cet ordre. Une prise de position qui va à l’encontre de l’ADN même du Parti libéral du Québec.
Depuis Bourassa
Depuis des décennies, le Parti libéral a un préjugé favorable pour le développement économique. Le PLQ est le parti de Robert Bourassa et de la Baie James. C’est un parti qui recueille des appuis naturels dans les chambres de commerce et le monde des affaires.
Cela ne veut pas dire que le PLQ doive appuyer aveuglément tous les projets économiques sans considération pour l’environnement. Au fil du temps, le PLQ a intégré la dimension environnementale à son approche. Mais de façon pragmatique sans s’appuyer sur une idéologie écologiste radicale.
C’est là-dessus que l’approche de l’actuel chef libéral tranche dans le dossier Anticosti. La position de Philippe Couillard est purement idéologique. On ne parle même pas encore d’exploitation, mais simplement de compléter l’exploration. Le premier ministre ne veut même pas connaître le potentiel pétrolier et gazier du territoire avant de décider.
Exagérations grotesques
Le caractère idéologique de la décision se ressent aussi à travers les déclarations fracassantes de monsieur Couillard. «Le logo du PQ dégouline de pétrole.» «Jamais l’agression sauvage d’un milieu naturel comme l’Anticosti ne portera ma signature.» «Il n’y a qu’un seul chef de parti qui se lève pour défendre un milieu naturel unique.» Quelle démagogie!
Des déclarations aussi exagérées sonnent archifaux dans la bouche d’un chef libéral et ne passent pas la rampe de ce qu’on attend d’un premier ministre. Des enflures verbales dans le style d’Amir Khadir.
D’ailleurs, le premier ministre est devenu si radical que les gens de Québec solidaire ont senti le tapis leur glisser sous les pieds. Ils ont utilisé les réseaux sociaux pour proclamer qu’ils sont encore plus opposés au développement à Anticosti que monsieur Couillard. Joli duel pour un chef du PLQ!
Trahir l’ADN du parti provoque un malaise jusque dans la base militante. Soyons clair, contrairement à Québec solidaire, le partisan libéral moyen ne se promène pas avec des lattes de bois dans son coffre d’auto au cas où une manifestation spontanée s’organiserait soudainement.
Le militant libéral a plus souvent critiqué les opposants professionnels qui dénoncent les projets d’exploitation des ressources. Il est perdu lorsque son propre chef a l’air d’amener le parti dans leur camp.
Les députés libéraux eux-mêmes ont perdu leurs repères devant un virage semblable. Jusqu’ici, il semblerait que personne n’ait osé critiquer ni même questionner le chef sur le dossier Anticosti.
Quelqu’un devra le faire un jour ou l’autre. Toucher l’ADN d’un parti, c’est toucher les raisons profondes d’y adhérer. Ce dossier aura un impact à long terme.
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