(Shawinigan) La « tendance » à l'unilatéralisme et à la formation d'un « pays unitaire » doit cesser, estime Philippe Couillard. « On veut retrouver des collaborateurs et des partenaires à la table du gouvernement fédéral », a-t-il affirmé hier en dressant la liste de ses demandes aux chefs des partis fédéraux en campagne électorale.Il s'est défendu de cibler en particulier le gouvernement Harper. Mais sa liste de récriminations concerne beaucoup de décisions prises par les conservateurs, qui sont après tout au pouvoir depuis 2006 (C-51, transferts en santé et péréquation, par exemple).
« C'est une tendance qui dépasse le gouvernement actuel où on a malheureusement assisté à des gestes unilatéraux sur les transferts, parfois à des intrusions dans les champs de compétence provinciale. La dynamique même d'une fédération repose sur la collaboration et le partenariat », a-t-il soutenu.
Sans identifier directement de responsables, il a ajouté qu'« il y a une autre dynamique qui veut faire migrer le Canada plus vers un pays unitaire plutôt qu'une fédération ». « Et ça, pour nous, c'est non, non, et non », a-t-il affirmé.
Philippe Couillard a réitéré que la reconnaissance du Québec comme société distincte dans la Constitution « est toujours attendue ». Il veut le « rappeler » aux chefs des partis fédéraux, mais il ne s'attend pas à ce que ceux-ci prennent d'engagements formels à ce sujet.
« Je n'ai pas l'intention de demander la réouverture de négociations constitutionnelles », a-t-il ajouté. Il a toutefois réitéré que si des pourparlers sont lancés, sur la pertinence du Sénat par exemple, son gouvernement n'y participera que si les demandes du Québec sont également sur la table. « Le moment venu, il faudra écrire un nouveau chapitre dont le dénouement sera positif pour tous », a-t-il dit.
13 dossiers «prioritaires»
Philippe Couillard a écrit à tous les chefs de partis fédéraux pour leur demander « un engagement clair » à l'égard de 13 dossiers « prioritaires ».
Il n'entend pas commenter les réponses qu'il pourrait obtenir. Ce sera aux Québécois de juger, a-t-il dit. Stephen Harper n'a jamais répondu aux envois de Jean Charest dans le passé.
« Je ne serai en aucune façon un acteur de la campagne fédérale. Donc je ne critiquerai ni ne complimenterai aucun des partis », a prévenu M. Couillard.
Quelques demandes de Philippe Couillard
-* Augmenter le transfert canadien en santé afin qu'il représente 25 % des dépenses des provinces dans ce secteur. Établir un calcul en fonction de la démographie et non per capita, afin de tenir compte du vieillissement de la population qui est important dans certaines provinces comme le Québec et qui exerce une pression à la hausse sur les coûts.
-* Retirer le plafond imposé au programme de péréquation et modifier le calcul.
-* Conclure une entente pour encadrer le pouvoir fédéral de dépenser et pour reconnaître au Québec un droit de retrait inconditionnel avec pleine compensation financière pour toute initiative fédérale qui prend place dans ses champs de compétences.
-* Augmenter significativement, au-delà de ce qui est prévu à l'heure actuelle, le financement fédéral en infrastructures. Accorder ces nouveaux fonds par l'entremise d'un transfert en bloc permanent, et non dans le cadre de plusieurs ententes administratives.
-* Accroître l'implication du fédéral dans la lutte aux changements climatiques.
Rétablir le financement de Radio-Canada.
-* Revoir la Loi sur la lutte contre le terrorisme (projet de loi C-51) afin d'assurer un meilleur équilibre entre l'enjeu de la sécurité et le respect des droits et libertés.
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